Evan & April - Réécriture

33 - April

Je suis assise dans mon lit, sans savoir comment j'y suis arrivé. Je me rappelle du coup de fil de Cassie ensuite elle est arrivée elle m'a parlé et maintenant, je suis sur mon lit.

Je ne pleure même pas. Je crois que toutes les larmes de mon corps ne suffiraient pas à apaiser la douleur que je ressens actuellement. Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Pourtant, à chaque fois que mes yeux retombent sur la vidéo qu'a postée Kriss, mon estomac proteste.

Sur la vidéo, je porte ma mère qui vient de me vomir dessus, des larmes silencieuses dévalent mon visage d'adolescente alors que j'essaie tant bien que mal de lui faire remonter l'allée de notre maison. Elle m'insulte, et même sans la vidéo, j'entends sa voix cassée et sèche me cracher des insultes :

" Sale pute ! Heureusement que ton père est mort, il aurait eu honte de toi !"

Je repense à la personne qui m'a filmé. C'était un garçon qui était dans ma classe. Cory. Je me rappelle du sentiment d'impuissance qui ma saisit. Ma mère m'insultait et j'étais couverte de vomis et lui, il a préféré sortir son téléphone et filmer ma détresse plutôt que de me venir en aide.

- April ? Je sursaute et ma respiration s'accélère. Je comprends que je ne suis pas seule dans ma chambre. Cassie est là dans un coin des larmes dévalant ses joues. J'aimerais lui demander d'arrêter de pleurer, mais ma voix ne fonctionne pas. Samson est devant moi accroupi. Il m'offre un sourire le même qu'il m'offrait quand sa mère bourrée s'effondrait sur le sol et que je venais l'aider à la mettre au lit. Parce que tous les deux, on s'est toujours compris, on s'est toujours aidé. Mais là, je ne sais pas s'il va pouvoir faire quelque chose pour moi.

~~

J'ai passé une journée entière dans mon lit dans un flou total. Je sais que Sam ne m'a pas quitté un instant, hormis ça, je n'ai aucune idée de ce qui s'est passée. Mon cœur me fait souffrir à chacun de ses battements, je me bats contre mes souvenirs, j'essaie de toutes mes forces de ne pas sombrer.

Ce qui fait le plus mal ce n'est pas de savoir que mon secret a éclaté à la vue de tous. Non. Ce qui fait mal à en mourir, c'est de voir avec quelle facilité l'espoir que j'avais nourri a été pulvérisé et réduit en miettes là, juste sous mes yeux sans que je ne puisse rien y faire. Je m'en veux.

J'ai été une idiote de penser qu'Evan et moi ça allait aboutir à quelque chose, j'ai eu tort de m'imaginer ailleurs qu'avec ma mère. J'ai été stupide d'oublier le devoir que j'ai face à ma mère et à sa maladie.

La chute fait mal, atrocement mal. Mais je ne peux plus m'apitoyer sur mon sort. La sororité attend une réponse de ma part, tout comme la fac entière. Aux yeux de tous, je suis la reine de la fête et tout le monde pense me connaître et ils pensent tous que je leur dois des comptes. Je déglutis et pars dans la salle de bain. Je me maquille, je me coiffe, je cache mes cernes, je cache ma tristesse, je cache ma peur, je me cache. J'enfile un sweat à l'effigie de la fac, un de mes jeans taille haute. Je sors de ma chambre en prenant soin de ne pas réveiller Sam qui dort dans mon lit. J'attrape mon portable et découvre une bonne centaine de notifications. Presque toutes sont d'Evan. Mon cœur se tord et je m'évertue à ne pas penser à lui. L'une de ces notifications est de Livia et j'ai du mal à respirer quand je comprends que même elle a pu voir cette vidéo. J'envoie un message sur le groupe de la sororité. J'efface les messages d'Evan et de Livia. Je n'ai pas le temps pour ça... À vrai dire, je ne l'ai jamais eue. Quelle conne j'ai été d'avoir cru pouvoir créer quelque chose.

Une trentaine de minutes plus tard, toutes les filles sont rassemblées dans le salon et toute me regarde comme si elle me découvrait. J'appelle au silence et me lance dans un discours. Très vite, certaines filles sortent leur portable et me filment... Ça aussi tout le monde le verra sur les réseaux.