Chapitre 4

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J'avance à pas lents dans le couloir, le parquet craque sous chacun de mes pas

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J'avance à pas lents dans le couloir, le parquet craque sous chacun de mes pas. Le papier peint qui tapisse les murs me donne envie de vomir, toujours aussi abimé, toujours aussi déprimant.

Alistair n'a pas insisté, tant mieux, je n'aurais pas eu le courage de lui mentir encore une fois. Parfois, j'ai l'impression que c'est la seule chose que je sais faire, mentir. Pourtant, il ne me semble pas être né menteur. A quelques occasions, j'arrive à me persuader que le mensonge est normal, qu'il fait parti de la vie, mais cet état de distance ne dure jamais bien longtemps.

Je finis par m'arrêter devant une porte en bois que j'observe quelques instants avant de reprendre mon chemin. Un code, une clé, un parquet rossignol, impossible de la passer sans alerter la moitié des résidents.

Un code à six chiffres, une clé à variure, et certainement un plancher rossignol en plus de l'autre côté. Comment je suis censé m'en sortir avec tout ce bordel ?

Des grincements résonnent de l'autre côté de la porte, que j'entends s'ouvrir brusquement.

— Jacob ? fait une voix que je reconnais aussitôt.

Je m'arrête, prends une grande inspiration et me retourne rapidement pour croiser le regard glacé de l'homme, dont la main reste posée sur la poignée.

— Monsieur, avez-vous besoin de quelque chose ?

— Monsieur ? Il ne me semble pas que nous ayons une grande différence d'âge, tutoies moi je t'en supplie. Tu étais en réunion avec le patron, qu'est-ce qu'il vous a dit ?

— Seulement qu'il fallait continuer à interroger la fille. Le client s'impatiente.

— Tu t'en charges je présume ?

Je hoche la tête, et mes yeux dérivent discrètement vers l'intérieur de la pièce, une faible lueur parvient jusqu'à mes pupilles, mais elle ne me parait pas être naturelle. Après tout, ce n'est peut-être pas une sortie...

Brice n'ajoute rien, et acquiesce tranquillement comme pour clore la conversation. Il claque la porte, et fait volte-face pour s'enfoncer dans le corridor.

Brice m'a toujours dérangé. Lorsqu'il regarde quelqu'un, on a l'impression qu'il perce tous ses secrets. Ses yeux glacés deviennent des armes qui immobilisent, et qui font régner le malaise chez tout le monde. Pourtant, j'ai toujours cru que le bleu symbolisait la pureté, la beauté angélique. Il ressemble à un ange, c'est vrai. Avec ses boucles dorées, ses grands yeux, ses mains qui semblent vierges de toute violence. Quel mensonge... C'est lui qui torture, c'est lui qui détruit des vies.

C'est son regard qui a hanté mes nuits pendant près de dix ans...

Et c'est moi, qu'on prend pour un monstre.

Je reprends rapidement mes esprits, et desserre mes poings. Tout autours de moi, le couloir me paraît encore plus sombre qu'il y a quelques instants.

Je me remet finalement en marche, pressé, il ne doit pas me rester beaucoup de temps à présent. Au premier croisement, je vire à gauche, puis à droite. Le décor change, tout est très sombre, les ampoules sont certainement mortes bien avant mon arrivée.

Aura Mortelle [En Pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant