« C'est fini. »
Ces quelques mots,ces simples mots, avaient sonné comme la lame courbée de la hache d'un bourreau invisible, cruel et où rayonne l'absence d'empathie, mais pourtant bel et bien réel, qui lance son bras, son corps tout entier jusqu'à son prolongement qu'est son arme, dans le but de desceller deux parties d'un corps qui n'en devrait compter qu'une.
Ces quelques mots étaient sortis de la bouche de cet homme sans visage et sans nom qui en avait pourtant un quelques minutes avant. Cet homme en était un sans vraiment l'être. Qui peut l'être dans ces situations ? Qui peut l'être dans cette vie, cet enchaînement de situations existant pour nous faire souffrir ou nous réjouir ? Cet homme sans visage en avait pourtant bel et bien un, comme toutes les autres personnes présentes dans cette pièce, dans ce bâtiment, dans ce pays, dans cet univers, mais ils ne pouvaient pas en avoir, en tous cas pas pour moi. Je voyais ces ombres, invisibles et immobiles, qui bougeaient dans ma vision périphérique tout en restant de ma vu. La lumière atteignait mes yeux, ils transmettaient toutes les informations, comme il le fallait, dans mon système nerveux jusqu'à mon cerveau qui lui ne répondait plus de rien. Mon problème n'était physique mais bel et bien mental et influait sur mes réactions, celles de mon corps, celles que devrait ordonné ma tête. Lorsque le sous-officier d'un bataillon est porté manquant, les soldats continuent de suivre les ordres, soit ceux de leurs supérieurs s'ils sont toujours d'actualité, soit ceux de leur instinct, reflex primaire héritier d'une époque où l'être humain n'en était pas un et où le danger faisait loi, où la compassion était une hérésie.
Ces quelques mots prononcés par un esclave d'une société l'ayant asservies sans l'avouer par mépris de la vie d'autrui qu'il sauvait pourtant du mieux et au plus qu'il pouvait. Un vieillard par son esprit, tout juste sortit d'une école qui lui avait enlevé l'espoir et la vie, l'espoir de la vie, qui l'avait désensitivé au point de m'annoncer cette nouvelle horrible, destructive, mortel, atroce, subjective, soulageante, acalmante et étant pourtant celle que je venais d'entendre sans vraiment complètement le faire.
« Un mort, deux vies perdus. »
Cette pensée s'était arrêtée au milieu de l'autoroute qu'était alors mon esprit, gênant le flot de voitures que représentaient mes idées, bougeant tout en restant immobiles. Mon crane était remplie d'autant de mots qu'il en existe. Mon crane était vide de toute lettre sauf celle composant cette simple phrase au sens si compliqué que même son auteur ne comprends toujours pas même en l'écrivant. Ce compositeur de texte sans talents qui en trouve pourtant au fond d'un esprit qui n'en était alors plus un, qui ne l'est peut être pas non plus aujourd'hui et qui ne l'a sans doutes jamais été. Ce mauvais poète écrivant sans but et sans sens. Ce mauvais romancier qui aligne les lettres presque aléatoirement, comme son esprit, qui n'en sera jamais un, lui dicte, lui ordonne, de le faire. Cet imbécile ne comprenant rien de ce qui l'entoure mais faisant pourtant comme si, comme tout le monde, comme on lui avait enseigné lors de tant d'année dans une salle de classe pleine de gens mais trop souvent vide d'esprit, de pensés, de vie. Cet imbécile ne comprenant même pas la moitié des mots que sont instinct lui invente, puisant dans les lettres de grands hommes et femmes ayant seulement créé l'Histoire en écrivant les leurs.Cette pensée était juste moralement mais fausse scientifiquement. La morale est science des hommes et la science est morale de la nature. Le sens n'en a pas, mes mots n'en on pas. Vous comprenez des mots inexistant, n'étant à la fois écrits dans mon esprit mais pas dans la réalité, pas dans votre réalité, ni dans celle des grands artistes les ayant imaginés sans les connaitre.
Cette pensée ne pouvait être accepté de la faucheuse qui ne voulait pas n'emmener avec celle qui tenait tant à ma vie. Elle était secrètement parti loin de moi pour ne pas que je la suive. Elle avait demandé à l'homme qui n'en était pas un de m'annoncer cette nouvelle.
« L'amour est la mort. »
Ces sons était sortis de ma bouche comme le souffle d'agonie d'un chat refusant de mourir suite au coup d'une voiture indifférente d'un chauffard ivre ou inconscient ou les deux à la fois.Ces sons avaient choqués les visages retrouvés de tous ceux qui pouvaient m'entendre. Je ne les ai pas prononcés, ni même pensés. Ma bouche avait suivi l'ordre de son instinct comme tout bon soldat sans sous-officier.
Ces sons avaient raisonnés en moi comme dans tous ceux ayant la capacité de les déchiffrer. Ils m'avaient arraché la triste vérité que j'aurai pourtant voulu inexistante, minuscule ou bien même juste au minimum secrète.
« Il signe la fin du réel. »
Cette phrase n'était pas la mienne, à l'avenir ne l'a jamais été et dans le passé ne le sera jamais, pour la simple raison qu'elle était celle de l'homme qui n'en était d'abord pas un et qui l'était redevenu, l'infirmier ayant prononcé les quelques mots insensé faisant sens depuis le début dans ma tête.La mort d'un être sonna grave à mon oreille et insignifiante, banale, à celle du travailleur.
Les quelques mots débutant ce texte n'en sont pas et ne font sûrement pas de moi l'intellectuel que je pourrai prétendre à être. Mon esprit qui n'en est pas un a-t-il inventé cette histoire ou l'a-t-il bien vécu ? Je ne sais pas, le sait-il lui même ? La méditation n'a jamais ébréché la muraille l'entourant, alors je ne vous inviterai pas à le faire sur ce texte, ces phrases, ces mots ou encore ces lettres qui n'ont de sens que pour les fous qui comprennent le monde, ces personnes ne se vantant pas de l'être mais étant pourtant les seules comprenant le sens du sens. Ce texte est comme tous les autres, il ne sert à rien sauf à construire l'esprit futur d'une humanité qui ne le lira car elle ne le comprendra pas. Qui peut comprendre les mots d'un fou imbécile qui ne le fait pas lui-même ?