Lorsque Kaveh ouvrit les yeux le lendemain matin, il eut la surprise de constater qu'il était seul dans son lit. Il sentit aussitôt son estomac se nouer. Est-ce qu'Alhaitham était de nouveau assailli par les doutes, après une simple nuit à dormir ensemble ? Il soupira. S'il revivait un début de journée similaire à celui de la veille, il s'enfuirait de cette maison, quitte à finir empoisonné par des fongus.
Il se redressa dans son lit en position assise et passa une main dans ses cheveux emmêlés pour les ramener en arrière. Il hésitait à sortir de sa chambre. Il redoutait de voir Alhaitham et de constater qu'il était de nouveau froid et distant. Avant qu'il ne puisse prendre une décision, il vit la porte de sa chambre s'entrouvrir et une bonne odeur de nourriture lui parvint immédiatement. Quelques instants plus tard, la porte fut poussée et Alhaitham apparut dans son encadrement avec un plateau dans les mains. Kaveh le fixa d'un air hébété.
- Oh, tu es réveillé, constata Alhaitham avec un petit sourire. J'espère que tu as faim.
Il s'approcha pour poser le plateau sur le lit. Kaveh en observa le contenu, les fruits coupés, le jus, le café et des sortes de crêpes qu'il ne connaissait pas. Il releva la tête vers Alhaitham, interdit. Entre sa prévenance et son visage souriant et apaisé, il avait l'impression d'être face à un inconnu.
- ... Tu m'as amené le petit-déjeuner au lit ? dit-il finalement d'une voix rauque.
- Oui, j'ai trouvé que c'était une bonne idée. On est pas du genre à traîner au lit toi et moi mais là, on est confinés alors autant en profiter. Et j'ai fait des pancakes.
- Des pancakes ?
- Oui, c'est une spécialité de Mondstadt. Ça faisait un moment que j'avais envie d'essayer, alors je me suis dit que c'était l'occasion. Je sais pas tellement si mes pancakes ont le goût qu'ils ont censé avoir, mais je les trouve plutôt bons. J'en ai goûté un pour être sûr de ne pas te servir un truc infâme.Alhaitham avait parlé d'un ton enjoué en s'asseyant sur le lit, en face de Kaveh. Celui-ci, toujours sous le choc, fixait son colocataire d'un air incrédule. Le sourire, le bavardage, la bonne humeur, les petites attentions... C'était tellement étonnant de voir Alhaitham réunir toutes ces choses que Kaveh se demanda s'il n'était pas en train de rêver.
- Quoi ? Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ? demanda le scribe en fronçant les sourcils.
- Rien de particulier, je me demande juste qui a pris possession de ton corps.
- Ce qui veut dire... ?
- C'est juste bizarre de te voir aussi... gentil et... mignon. C'est pas les mots qui me viennent en premier à l'esprit pour te définir d'habitude, alors je suis un peu surpris, c'est tout.Alhaitham haussa les épaules avant de balayer la remarque d'un geste de la main.
- J'avais envie de faire ça, c'est tout. N'en fais pas un truc sérieux.
Kaveh se demanda si sa culpabilité le poussait à agir ainsi, mais ne posa pas la question. Il préférait profiter de ce joli moment sans trop y réfléchir. Après tout, c'est l'engagement qu'ils avaient tous deux pris la veille au soir.
- Merci pour ce petit-déjeuner Haitham, dit-il plutôt en souriant. Ça a l'air super bon.
Alhaitham lui rendit son sourire et ils partagèrent ensemble un moment particulièrement doux. Kaveh se délecta de la nourriture et la conversation fut aussi légère que spontanée. Il apprécia particulièrement voir Alhaitham de cette manière, si détendu, si souriant, à des années-lumière de ses tracas du quotidien. S'il l'avait toujours trouvé beau, il lui trouvait quelque chose de spécial avec ce visage lumineux et apaisé. Il aimait également ses cheveux gris plus en bataille que d'habitude et ses yeux encore légèrement gonflés.
Cela aurait pu être un moment presque banal, puisqu'il ne s'agissait que de partager un repas, mais ce petit-déjeuner emplit le cœur de Kaveh d'une chaleur agréable. Il n'y avait pas la moindre tension. Il n'était question que de profiter de la compagnie de l'autre. Tout était si fluide et naturel. Il était déconnecté du monde, dans une petite bulle de bonheur. Il était tout simplement bien. C'était l'un de ces moments où l'on se sent reconnaissants d'être en vie pour pouvoir le vivre, l'un de ces moments où l'on se sent particulièrement chanceux, heureux d'être lié à d'autres êtres humains. C'était l'un de ces moments simples où pendant quelques secondes, le temps s'arrête pour que l'on puisse savourer cet instant de partage.
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Une semaine en suspens
RomanceC'est la panique dans la capitale de Sumeru ! En proie à une situation inédite, la ville subit sans crier gare un confinement d'urgence à durée indéterminée. Pour Alhaitham et Kaveh, deux coloc accros au travail qui ont du mal à se supporter, c'est...