La floraison. Le début d'un tout qui sera la fin d'un autre temps, une période de quelques mois qui nous glissent facilement entre les doigts. Et, une fois un couple de mois passés, le cycle recommencerait. J'assistais en permanence à de nombreuses floraisons de toutes sortes ; des amitiés, une année scolaire ou encore les petits pots de plantes près de ma fenêtre.
Pourtant, au risque de paraître exagérée - dans une époque où la sincérité ne recevrait jamais la moindre bonté, je pouvais affirmer que je périssais un peu plus chaque année.
« Aoi, tu veux bien m'aider à porter tout ça ? »
La voix que j'entendis était maladroite, hésitante mais j'écoutais attentivement chacun de ses timbres. Parfois, je me retrouvais à envier la vie de la personne qui dirait cela ; à imaginer quelles autres actions elle entreprendrait pour autrui.
« Ta mère t'a fait des bras, non ? »
Loupé, encore une fois. Ce serait peut-être trop cash, voire même méchant.
« Hé pauv' folle ! Bouge ton cul de la salle de bain, t'es pas toute seule ! »
Les coups à la porte et la voix ô si éloquente de mon frère me sortirent de ma rêverie. A ce moment-là, j'avais ressenti un certain agacement contre lui, car il connaissait très bien ma routine matinale. Alors je l'ignorais et continuais, avec l'espoir qu'il puisse imaginer mon doigt d'honneur métaphorique.
Pense... Remi, pourquoi pas.
« Bye bye Aoi ! »
Je l'imitais. Rémi était une fille que je croisais souvent mais à qui je n'ai jamais réussi à adresser un seul mot. Mais je la regardais. A l'intérieur de masque, je pouvais voir chaque coup de brosse à cheveux, le moindre petit coup de pinceau pour se maquiller à la perfection, jusqu'à la façon de boutonner son chemisier.
Alors que je m'apprêtais à imiter sa pose mignonne de signature - une main sur la hanche et le dos légèrement incliné, un grand coup m'arrêta dans mon élan et mon frère passa la porte. En me retournant, je pus constater que le verrou était encore cassé.
Nous restâmes un moment sur place, nous défiant quasiment du regard, jusqu'à ce qu'il place une main sur sa hanche et courbe excessivement le dos.
« Bye bye Fuyu ! C'est comme ça qu'elle fait. Maintenant bouge ton cul, j'ai eu entraînement de basket aujourd'hui. »
Mon frère était comme moi ; un spectateur. Mais il avait arrêté, lors de sa rentrée au lycée, pour se mettre en avant sur les pistes de différents clubs sportifs jusqu'à trouver le bon. À présent en deuxième année, il demeurait ni le meilleur ni le pire, mais il avait su se faire sa petite place dans le cœur des fangirls en plus de se faire une bonne bande d'amis. Je le surprenais souvent à faire son propre rituel et imiter les autres le matin, devant le miroir du salon.
Tout bien réfléchi, on trouverait beaucoup plus flippant de voir un mec imiter et stalker les autres qu'une fille comme moi.
« Bonne matinée alors, Fuyu. »
Il grommela en réponse et claqua la porte derrière mon dos. Une fois mon sac sur les épaules, je pris une profonde inspiration devant la fenêtre - contemplant mon reflet - et j'espérais que la journée ne serait pas trop difficile.
Le lycée Katagiri. Un établissement scolaire mixte et public qui ne sortait pas de l'ordinaire et dont je faisais partie depuis trois mois. Comme tout shojo, toute histoire lambda, ma vie se limitait à aller à l'école et rentrer chez moi. Mais il n'y avait jamais eu aucun bouleversement, ni même de gens avec qui je pouvais me sentir à l'aise. Nous restions formels, rien de plus et pas moins que rien.
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L'appel du crime || Horimiya ||
Fanfiction「Ce jour-là, nous étions huit.」 Un groupe de lycéens décide de partir en campagne pour leurs dernières vacances ensemble. Cependant, l'un d'entre eux est retrouvé mort. Plusieurs années précédant cela, Aoi Haru reçoit une lettre de Yanagi Akane, sig...