L'appel du crime || Horimiya ||

Chapitre 9 : La sincérité d'un menteur

Après la confrontation entre Yanagi, mon frère et moi-même, je n'eus plus l'occasion de leur parler. Yanagi s'efforçait de m'éviter et, compte tenu de son nombre peu étonnant de fans, je ne pouvais pas l'approcher. Elles l'encerclaient littéralement comme des mouches depuis le jour où je l'avais littéralement balayé de ses pieds. Mon frère, quant à lui, imitait le comportement de Yanagi ; il m'esquivait à chaque fois. Lorsque je rentrais à la maison, il était déjà enfermé dans sa chambre et refusait d'en sortir jusqu'à l'heure du dîné, pour finalement y retourner le reste de la soirée.

Maman m'interpella après seulement trois jours. Elle n'intervenait pas souvent pour nous laisser prendre notre indépendance, donc le fait qu'elle s'immisce était anormal dans notre petit train de vie paisible. Je me souvins clairement de ce moment ; Ses doigts calleux massaient la pâte à pizza à mettre au four plus de temps que nécessaire, ce qui m'avait mis la puce à l'oreille d'un possible tracas.

« Est-ce qu'il se passe quelque chose à l'école ? Fuyu semble... distant, ces temps-ci. »

Je me rendis au lavabo et j'ouvris l'eau. Elle détestait faire la vaisselle donc je m'en occupais, à la condition que ce serait ma seule tache ménagère obligatoire. Pendant que je grattais les restes de nourriture avec une éponge gorgée d'eau, je lui dis, le mensonge amer au bout de la langue :

« Qui sait, il ne me parle pas vraiment non plus. Mais il n'a pas l'air mal, peut-être parfois pensif, mais rien de vraiment alarmant. Il a peut-être découvert un nouveau jeu qui prend tout son temps. »

Elle se glissa à mes côtés et attrapa le bol dans mes mains pour l'essuyer avec un chiffon. Je n'osais pas la regarder, de peur de voir ses yeux habituellement aimants être comblés d'une inquiétude sans limite. Peu importe depuis combien d'années je mentais comme un arracheur de dents, maman savait toujours séparer le mensonge de la vérité.

« Tu es vraiment sûre ? Je m'inquiète pour vous deux. Vous êtes mes bébés, vous pouvez tout me dire si quelque chose vous tracasse. » Elle n'eut pas besoin de prononcer ses mots ; je parvenais à les comprendre quand elle claqua un verre contre le comptoir et me jeta un coup d'œil pensif.

« Tout va bien. Je le surveillerais. » Je la regardais avec un sourire, qu'elle me retourna après un moment d'observation supplémentaire, que je compris ainsi : « Je te fais confiance. »

Il était temps que je prenne les choses en main !

Cependant, le destin avait d'autres projets. Peut-être que si j'en avais eu un bref aperçu, j'aurais profité de ces instants de sérénité.

Les neuf prochains mois me filèrent entre les doigts. L'intimidation était un ennui ; la vie, comme à son habitude, risible. Je me suis persuadée que ce n'était pas si grave de recevoir des boules de papier recouverts de bave dans les cheveux. Que les lettres parsemés de mots insultants se révélaient être des mots d'amour. J'ai souri et les ai tenues contre ma poitrine en souriant. J'essayais de me persuader que la main réconfortante d'Iura n'était pas la cause de l'humidité dans mes yeux.

Jusqu'au dernier jour de ma première année au lycée, cette routine a continué. Alors que nous nettoyons tous les locaux avant les grandes vacances, j'avais été chargé de m'occuper de ma salle de classe avec une camarade de classe. Yuri, à qui je n'avais pas adressé la parole depuis plusieurs fois, dépoussiérait le dessus des étagères.

« Elles continuent...? »

Je suivis son regard vers mon pupitre endommagé. Mon coeur battit de joie ; bien que les insultes fusent sur toute surface du bois, des gens avaient pris de leur temps pour me les graver. 

« En effet. »

Mes harceleurs étaient les fans de Yanagi et des amis de Yuri. Mes camarades de classe étaient réticents à laisser sur la ligne de touche au début, mais au fur et à mesure tout le monde a cessé de s'en soucier. Nous ne sommes pas des héros, je l'ai lu dans leur regard désolé. L'intimidation continuera malgré l'effort de quiconque pour me soutenir et, dans le pire des cas, mon allié pourrait être pris pour cible.