Le cœur du Roi

Cʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 12

𝑅𝐻𝑚𝑖

C'était un matin d'automne. La fraicheur du mois d'Octobre se faisait ressentir dans la petite ville. Le temps avait, pour la première fois depuis des années été clément et on n'assistait pas à des pluies diluviennes.

Ecclésia frémit en se frottant les bras pour créer de la chaleur.

— Il gèle déjà alors que nous ne sommes pas encore en hiver !

La jeune fille sourit en entendant la voix plaintive de sa sœur.

— Soyons reconnaissantes. Pour une fois qu'il n'y a pas de tempêtes et donc pas d'innondations ni de fuites d'eau, c'est une très belle fin d'année, relativisait Ecclésia.

Sa sœur prit une pause pour l'observer. Elle était impressionnée par cette capacité qu'avait sa cadette de voir le bon côté des choses sans jamais proférer de plaintes. C'était parfois en abus, mais elle l'admirait pour ce cœur simple.

— Continue d'être aussi optimiste. Le Dieu d'Aravna aura peut-être compassion de nous et nous sortira de cette misère, dit-elle avec sarcasme.

— Qu'il en soit ainsi !

— Mais en attendant nous devons trouver du bois pour allumer le feu, reprit-elle. Quelle ironie. Dans une société aussi modernisée, une ville entière se trouve dans l'incapacité de faire fonctionner le chauffage car l'électricité coûte la vie d'un homme. Je me demande à quoi sert ces souverains qui prêtent serment de protéger le peuple et de travailler à son bien-être.

— Alethéa fais attention à ton langage ! S'exclama Ecclésia.

Elle n'ajouta rien dans l'optique d'éviter une dispute. Elles portèrent leurs doudounes puis quittèrent l'appartement. Comme la majorité de la population de cette ville, elles vivaient dans l'une des cinquante tours construites il y a plus de vingt ans.

Les cinquante tours de Costa Aguà avaient été le plus grand projet de la région. Les dommages collatéraux occasionnés par les tempêtes fréquentes et les débordement de la mer avaient poussé le roi vacant à déplacer toutes les populations qui jusque là vivaient en bord de mer. Ces tours avaient été construites puis emménagées en un mois afin d'accueillir toutes les familles sinistrées. Elles étaient chaque année rénovée mais la corruption des dirigeants de la ville qui détournaient l'argent déversé par le gouvernement entraînait la dégradation de ces infrastructures. Les populations vivaient donc dans des situations déplorables.

Même l'achat du bois se faisait de plus en plus difficile. Les plages étant chaque jour achetées par les personnes influentes dans la société, ils fournissaient le bois des cocotiers à des prix exorbitants, obligeant les marchands à les revendre encore plus chers. Tandis que la vie dans les autres provinces s'amélioraient, la situation de Costa Aguà se détériorait.

Alethéa n'hésitait pas à montrer son mécontentement face à la denrée élevée des marchandises.

— Cinq milraviques (environ 100$) pour des branches d'arbres aussi frêles ? Vous croyez que l'argent tombe avec les gouttes de pluie sur l'île ? S'énervait-elle.

— Vous pouvez aller directement en prendre sur les plages si cela vous chante ! S'exclama également le vendeur.

Elle était prête à répliquer mais Ecclésia la stoppa rapidement et s'excusa auprès du vendeur. Elle prit le petit tas qu'il lui vendait et tira sa sœur pour s'en aller.

— En plus d'être étranges vous êtes également irrespectueuses, faisant allusion à leur physique différent, que je ne vous voye plus à mon comptoir m'acheter des bûches ! Vociférait le vendeur en colère alors qu'elles s'en allèrent.