Si tu devais refaire ta vie avec moi...

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Prompt : un fragment de ton cœur

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Tu me demandais souvent, si tu devais refaire ta vie avec quelqu'un d'autre, quel choix tu ferais. Tu n'es qu'un idiot, bien sûr que je te choisirais toi à chaque fois. À chaque putain de fois. C'était plutôt à moi de douter, aurais-tu changé d'avis, préféré quelqu'un de plus calme, de plus tendre ?

— Bien sûr que non Kacchan, souriais-tu, tu es le seul.

Et c'était tant mieux parce que s'il y en avait eu d'autres, j'aurais vraiment eu mal. Je me serais sans doute retrouvé tout seul comme une merde, avec ma fierté pour seule compagne.

Mais tu m'avais aimé moi et personne d'autre.

Quelle chance j'ai eue, parce que vivre avec toi c'était mieux, mieux que les manèges, que d'être millionnaire, mieux que tout.

Tu n'as jamais eu aucune idée d'à quel point je suis fou amoureux de toi.

Et maintenant que ton esprit prend la fuite, tu as tendance à oublier que je t'aime, tout court. À m'oublier tout entier.

C'est venu comme ça, sans prévenir. Après combien d'années de mariage ? Combien d'années à vivre au même endroit, toi et moi ? Tu t'es perdu sur le chemin de la maison, je t'ai surpris en train de ranger les clés de la maison dans le frigo, et tu perdais tes affaires. Au début on en riait. Ben alors Izuku, on perd la tête ?

Putain.

Pourquoi est-ce qu'on avait raison ?

Les choses ont empiré doucement, et un jour on s'est retrouvé dans la salle d'attente du médecin, parce que je t'avais retrouvé en train de pleurer à deux pas de la maison.

— Je ne sais plus où j'habite, je ne trouve plus.

On savait tous les deux qu'on n'obtiendrait pas de bonnes nouvelles, on le sentait jusqu'au tréfonds de nos âmes et pourtant je serrais ta main de toutes mes forces et te jurais que ça allait aller. Que ce n'était sans doute pas grand-chose, qu'il n'y avait pas de quoi s'en faire. Je me demande si j'essayais de te rassurer toi ou moi.

Le verdict est tombé comme un couperet.

Alzheimer.

On pouvait être un super héros depuis des années et des années, la maladie, elle, s'infiltrait quand même sans qu'on ne puisse rien y faire. Et celle-là, on ne pouvait pas la combattre, on pouvait juste faire de notre mieux. On était vieux maintenant, et cette connasse pernicieuse attaquait ton cerveau.

Au début c'était encore facile, tu oubliais des petites choses, tu n'arrivais plus à lire un bouquin en entier, mais tu suivais les conversations. Tu me regardais toujours avec amour et tu me reconnaissais. Quand tu devais sortir, je t'accompagnais pour que tu ne te perdes pas, et parfois, sur le chemin, tu oubliais pourquoi on était dehors. Mais ce n'était rien. Je m'occupais de toi, j'étais là, à tes côtés.

Mais bien sûr tout a empiré.

Petit à petit, c'est devenu plus dur pour toi. Tu posais une question, tu oubliais la réponse, et parfois même tu oubliais la question. Tu regardais la télé et tu voulais remettre au début parce que tu ne comprenais pas pourquoi on commençait un film par le milieu. Tu commençais à cuisiner quelque chose et comme tu ne te rappelais plus quoi tu finissais par faire un mélange de trucs. Tu as commencé à oublier que tu oubliais.

Trente baisers BakuDekuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant