TOUJOURS - TOM I

1

AUSTIN MILLERS

Je suis au salon, depuis plus de deux heures maintenant. Il est neuf heures et je ne parviens pas à me concentrer. C'est la première fois de ma vie, que ça m'arrive depuis que je travaille ici. L'angoisse de la page blanche ... Je ne fais que me remémorer les paroles de ma meilleure amie.

Ça tourne encore et encore dans ma tête, je ne parviens pas à passer à autre chose :

Au milieu de sa chambre, face à elle, le regard écarquillé j'essaie de réaliser ou plutôt de comprendre ce qu'elle vient de me demander : Je veux que tu sois le premier.

Le premier de quoi ? Je dois avoir compris de travers ou avoir des idées déplacées. Aucune autre option n'entre dans mon cerveau. Je ne disais rien, j'attendais de voir si elle allait me le redemander ou si c'était uniquement moi qui déraillais.

Elle à claquer ses doigts sous mes yeux pour me faire ré atterrir : Non, je n'ai pas rêvé.

- Tu es avec moi ? M'a-t-elle demandé, d'un air inquiet.

- J'ai mal compris Ellie, ais-je dis en joignant mes mains. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

- Je veux que tu sois le premier ...

Non, j'ai bien compris. J'écarquille à nouveau les yeux et lui fais dos pour quitter sa chambre.

- Non mais tu es malade ? Certainement pas !

- Oh attend ! Elle m'a ordonné en retenant mon bras. Pourquoi ?

- Ellie, tu viens de me demander de te dépuceler ! Tu t'en rends compte ou tu as fumé quelque chose qui t'a fait oublier la réalité de notre monde ?

- Non, je suis très sérieuse ! C'est si inimaginable que ça ?

- Inimaginable oui ! C'est le mot ! Ais-je dis en la regardant dans les yeux. Ellie je t'ai vu grandir, je te respecte beaucoup trop !

- Justement ! Tu es mon meilleur ami Austin, personne de me respectera aussi bien que toi cette nuit-là !

J'ai ris, nerveusement certes, mais j'ai ris. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle me demande, notre relation n'a rien de charnelle, rien de sentimentale. C'est simplement et purement fraternel et amical et avant aujourd'hui, je n'en avais jamais douté.

Mon état de nerfs était au maximum, il fallait que je lui explique pour qu'elle comprenne à quel point sa demande est absurde :

- Attend, on va remettre les choses dans leur contexte bébé. On a sept ans d'écart, ton père est comme mon père qui soit dit en passant est mon patron, et ... tu es ma meilleure amie. Je ne peux pas ...C'est physique, je n'y arriverais pas !

- Bien ! A-t-elle dit furieuse. Alors je vais sortir dans la rue et demander au premier gars qui passe s'il veut bien de moi, vu que mon meilleur ami n'en est même pas capable !

J'ai levé les yeux au ciel et j'ai quitté la maison sur ma moto. J'ai roulé vite, beaucoup trop vite. Si j'avais croisé des flics, je me serais fait arrêter et sûrement passé au contrôle d'alcoolémie.

Je ne savais pas si c'était une folie dû à sa crise d'adolescence ou simplement un béguin passager mais je ne voulais pas la perdre.

Ellie est la plus belle chose qui me soit arrivé, je ne supporterais pas de la perdre, je ne prendrais pas le risque de détruire les huit dernières années de notre vie juste pour une nuit de baise.