Nous finîmes par être entraînés vers un ensemble de bâtiments au coin gauche du campus, où la large pancarte immaculée indiquant "Faction Erkaïn" nous souriait. Le responsable nous conduisit jusqu'au bâtiment des cours, et nous pénétrâmes dans un humble hall aux murs délicatement tapissés d'un papier peint rouge bordeaux. Le parquet brun verni brillait sous la pâle lumière blanche provenant des imposantes fenêtres placées sur tout le pourtour de la pièce. Quelques sofas avaient été placés sur les coins, agrémentés de buissons en pots pour la décoration. Juste en face, de grands escaliers vêtus de velours rouges grimpaient vers les étages supérieurs. Juste à droite, un bureau d'accueil était tenu par une vieille Ecureuil au poil lustré.
Cependant, notre guide nous arrêta au centre du hall et réclama le silence d'un sec claquement de doigts :
— S'il vous plaît, s'il vous plaît !
Le brouhaha des créatures impatientes finit par cesser, et sa mine se fit plus joviale :
— Nous allons vous appeler chacun votre tour, et vous vous dirigerez vers cette porte pour vous mettre en file indienne.
Il pointa du doigt une porte masquée dans l'ombre au coin gauche, dont je n'avais jusqu'ici pas remarqué la présence.
— Vous passerez brièvement le test et serez ensuite répartis dans votre classe, poursuivit-il en promenant un regard grave sur chacune de nos truffes.
Il semblait avoir l'habitude des manques d'organisation chez de nouvelles promotions, et ne souhaitait visiblement pas devoir à nouveau gérer cela. J'eus un sourire ironique : peut-être se trompait-il sur les véritables coupables de la zizanie.
— Bien, nous allons commencer.
Les noms furent annoncés à tire d'aile, d'un ton sec et impatient. Sans surprise, les brouhaha reprirent de plus belle et il fut bientôt impossible pour les responsables de se faire entendre. Je tombai quant à moi assis sur l'un des sofa du hall, en retrait de la foule. Mes muscles tendus trahissaient mon anxiété sociale : en effet, je n'appréciais guère les attroupements comme ceux-ci, et encore moins dans une pièce confinée. Les bruits et rires faisaient écho contre les murs, ricochaient sur les parois de mon crâne et me rendaient terriblement nerveux. Comme si je ne l'étais pas déjà suffisamment.
— Kenfu des Panda-Roux ! héla une voix bourrue, visiblement à court de patience.
Je quittai mon siège et me frayai tant bien que mal un passage parmi la mer d'élèves pour me poster nonchalamment devant le Gorille patibulaire qui venait d'énoncer mon nom. Je plissai les yeux : je ne l'avais encore jamais vu.
Il m'indiqua la porte et j'obéis sans broncher, las. Je patientais alors, le poil hérissé, derrière les autres Erkaïns qui semblaient tout aussi nerveux que moi. Heureusement, l'attente ne fut pas très longue, et on finit par crier mon nom dans la pièce.
Je poussai la porte, les muscles bandés et les pattes légèrement tremblantes. Je tournai la poignée derrière moi, et le silence se fit. Je me retournai sans me presser, tentant vainement de calmer ma queue qui s'agitait dans mon dos. Je balayai alors l'endroit d'un regard méfiant, comme craignant la nature du test. Hors, il n'y avait là qu'un bureau et quelques armoires débordantes de paperasses et de dossiers. Un vieil homme à la peau sombre, assis en chaise roulante derrière un ordinateur, me fit signe d'avancer. J'obtempérai sans discuter et ramenai ma queue sur mes pattes, histoire de la maintenir en place.
— Alors... souffla l'homme, les yeux plissés.
Il lâcha une toux rauque avant de reprendre :
— Kenfu des Panda-Roux, c'est bien ça ?
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Les Mondes d'Enohr ; Le Monstre de Jade -tome 1 Cycle 1- / Terminée /
Fantasy⚠️En attente de résultats de maisons d'éditions⚠️ Une Prophétie est née. Une Guerre a éclaté. Le Panda-Roux pourra-t-il tous les sauver ? Huit Mondes séparés par la magie. Parmi les Huit, le plus insignifiant voit naître la plus grande Prophétie q...