Chapitre 8 : La faille

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Ava m'emmène jusqu'au centre de la ville par voileture où, elle me montre une sorte de cicatrice dans le sol, qui passe par des arbres, des habitations, des bâtiments publiques... Elle recouvre la moitié du centre de la ville, elle est immense ! Ava m'explique que les dégâts causés par celle-ci avaient été nombreux. Qu'à part les dégradations subies par les habitations et autres bâtiments les pertes humaines ont été nombreuses, "50 personnes, pour être précise" si je reprends ses mots. Tout ça en gardant un ton neutre et détaché comme si ça ne l'atteignait pas. Je suis perplexe qu'elle ne se soucie pas plus que ça de sa propre ville et surtout de sa population sachant qu'elle est une des leaders. Elle reprend la parole, cette fois d'une voix presque éteinte et dit :

-J'ai perdu mes grand-parents lors de cet accident. Je compris alors pourquoi les bâtiments et autres personnes avaient une importance moindre à ses yeux. 

-Toutes mes condoléances. Déclaré-je presqu'en chuchotant de peur de rompre ce silence qu'on aurait pu croire en leur hommage. Nous sommes restées longtemps ainsi à regarder l'horizon en pensant, elle, à ses grand-parents disparus, et moi, à ma famille et à la douleur que me causerais leur perte. Cela devait être très difficile pour elle. Elle ne devait pas être beaucoup plus âgée que moi, elle semblait avoir une vingtaine d'années. Une telle disparition devait laisser un vide immense dans son cœur. Elle reprit alors la parole aussi sèchement que la dernière fois et redevint inaccessible :

-Tu connais désormais l'histoire de notre monde, de notre ville, de l'incident et de la prophétie. Il ne te manque plus qu'à rencontrer ceux qui vont te former pendant les prochains mois.

-Non mais je ne compte pas rester ici pendant des mois à la limite une journée maximum et encore ! M'écrié-je avec effarement.

-Sais-tu que le temps ici marche différemment que dans votre monde ? Elle ne me laisse pas le temps de lui répondre, elle poursuit. Nous viendrons te chercher tous les soirs à la même heure, tu pourras nous rejoindre durant peut-être 9 heures et ici ça feras 9 jours donc tes parents  ne se rendront pas compte de ton absence mais tu pourras t'entrainer durant 9 jours de suite dans notre monde.

-Heu ok mais comment ça m'entraîner ?

-Je vais te présenter des personnes qui t'enseigneront l'histoire de notre monde, les arts martiaux et tout ce dont tu auras besoins pour accomplir ta quête.

-Ok ça fait beaucoup de choses à digérer d'un coup. Vous voulez bien me ramener à ma sœur parce que si j'ai bien compris elle n'est pas concernée par cette histoire elle peut donc rentrer ? Et je reviendrais dès que je pourrais.

-Normalement, tu es censé rencontrer tes tuteurs avant mais pour ma part je pense que tu as raison. Plus vite ta sœur rentrera, plus il sera facile de lui faire oublier ce qu'elle a vu.

-Comment ça oublier ? M'esclaffé-je

-Nous allons lui effacer de la mémoire tous ses souvenirs concernant notre planète pour ne pas qu'elle puisse révéler son existence aux humains, comme tous ceux qui sont venus ici avant elle. Mais ne t'inquiètes pas il n'y a aucun danger. Enfin, si nous le faisons maintenant. Or, plus nous attendons plus le risque de lui retirer un ou plusieurs autres souvenirs augmente. Il faut donc la ramener le plus vite possible.

-Mais alors qu'attendez-vous ? Pourquoi m'avez-vous fait visiter calmement alors que si je ne la ramène pas assez vite il y a un risque ? Allons-y tout de suite ! M'écrié-je.

-Calme toi Kally. Pour l'instant ta sœur est en sécurité... Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que je la coupe pour la presser :

-Mais vous êtes folle à me dire de me calmez ! Allons-y maintenant ! Elle repris cette fois plus vite pour ne pas que je la coupe :

-Kally ta sœur ne risque rien du tout avant 4 heures passées ici. Hors voilà un peu plus de 3 heures qu'elle est ici. En regardant sa montre elle ajouta :

Il nous reste 30 minutes. En route ! Suis-moi. Je presse le pas sans rien dire car ça nous aurait retardé. Nous rejoignons la voileture assez rapidement. Je regarde une dernière fois ce magnifique décor, que je ne reverrais peut-être plus, malgré la déchirure qu'il avait subi il respire de vie, étincelle de couleurs et éblouie de splendeur tant sa végétation est dense et ses habitations harmonisées avec elle. Il m'émerveille...

Puis ma sœur revient dans mon esprit. Je me dépêche alors de monter dans notre véhicule. Elle est en danger et reste ma priorité. Très vite nous arrivons au quartier d'enseignement. Ici aussi la végétation est luxuriante mais les bâtiments, toujours en osmose avec elle, sont tournés vers la culture. Certains en forme de livres, d'autres plutôt ressemblent à des crayons tandis que les derniers semblent appartenir à la catégorie des règles, gomme ou encore correcteurs. Décidément, ici les quartiers portent bien leurs noms ! Ava m'invite à descendre puis me montre la direction du collège. Nous y entrons par la grande porte centrale qui semble être en verre. Les murs quant-à-eux rappellent le papier des vieux livres mais avec une odeurs de neufs. Ava appelle une grande femme d'une soixantaine d'année, qui a les cheveux grisonnants et les yeux noisettes. Elle se prénomme Honora. Elle a une allure presque princière avec sa robe bouffante turquoise et ses talons hauts. Elle s'avance vers nous et annonce avec un grand sourire :

-Bonjour Kally, enchantée de te rencontrer. Bienvenue au collège de New Yorko. C'est un honneur pour nous te recevoir ici. Bonjour Ava, je suis heureuse de te revoir ça faisait longtemps. En se retournant vers moi, elle ajoute :

-Nos élèves ont hâte de faire ta connaissance. Ta sœur t'attends avec eux.

-Bonjour Madame... Ma sœur ! Montrez la moi s'il vous plaît. Supplié-je, désespérée de la revoir enfin et surtout de la sauver du malheureux destin qui sera le sien si nous ne nous dépêchons pas.

-Oui bien sûr je t'y emmène. Suis-moi. Répond-elle avec un calme olympien. Bien qu'elle a l'air très gentille, j'ai vraiment très envie de la faire pousser pour qu'elle avance beaucoup plus vite ! Je tache de garder une façade neutre malgré mon inquiétude grandissante. 

-Elle se trouve derrière cette porte. C'est la bibliothèque de notre établissement je vous demanderais de bien vouloir chuchoter une fois la porte passée, nos élèves ont besoin de concentration dans cet espace. Après toi ma chère Riley. Elle tend son bras devant elle et me désigne la poignée de la magnifique porte en bois. Elle comporte des dessins sublimes : fleurs, plantes en tout genres, formes géométriques diverses tel des triangles ou encore des octogones. Je la saisis avec prudence, j'ai l'impression d'être dans un film, ceux ou le personnage a une porte à ouvrir et où une fois sur deux elle explose lorsqu'il la tire. Mais nous ne sommes pas dans un film ! J'ouvre donc la porte.

Derrière celle-ci, j'aperçois effectivement une bibliothèque mais sa taille est 10 fois supérieure à celle de notre bibliothèque nationale. Elle fait la hauteur d'un immeuble de vingt étages et nous ne voyons pas le plafond tellement il semble loin, les étagères recouvrent les murs, leurs livres sont tous d'une beauté à couper le souffle, alors que je n'en perçois que la tranche. Les tables disposées à tous les étages semblent être faites avec un mélange de verre et d'or tandis que les chaises paraissent sortir tout droit d'un rêve de nuage sombre.

Je suis tellement émerveillée à ce moment, que  je me dis que je me suis sûrement endormis sur le canapé en rentrant. Que je rêve de tout ceci, ça ne peut pas exister. Depuis toujours, je veux vivre dans un lieu identique. Je me pince donc la joue mais le monde sous mes yeux reste tel qu'il est. Mon regard change de direction et j'aperçois une paire d'yeux noisettes reconnaissable entre mille.

L'enfer et la joieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant