PARTIE I
Emma, second semestre 2001Une journée typique d'adolescente dans la Capitale, un samedi comme les autres. Je me balade dans les galeries marchandes, flânant dans les diverses boutiques dans lesquelles j'adore aller. Le but de ces moments est de me détendre, pas forcément dépenser l'argent que je n'ai pas à disposition sur mon compte en banque. Je ne suis qu'une étudiante sur Paris, et la vie est suffisamment chère comparée à la province, alors je fais des économies au maximum. Attention, je ne dis pas que je vis dans des conditions de pauvreté, cependant l'éducation que j'ai reçue de mes parents est de ne pas commettre d'excès. Ils sont tous les deux restaurateurs dans la région lyonnaise, ils ont travaillé à la sueur de leur front toute leur vie pour que je puisse effectuer des études dignes de ce nom. C'est comme cela que je suis arrivée ici, à Paris. A peine la majorité en poche, j'ai choisi l'école de commerce qui m'offrait le plus d'opportunités pour mon futur. Être prise dans cette école prestigieuse, m'a fait quitter ma campagne lyonnaise, au plus grand malheur de mes géniteurs. Les débuts ont été difficiles, j'ai été habitué à les voir tous les jours. Il a fallu apprendre mes parents à la technologie moderne, Skype, les SMS, et autres dérivés afin de communiquer plus facilement.
Perdue dans mes pensées, je ne remarque pas de suite une femme qui m'observe fixement. Cette dernière me fait un peu peur. Afin de me soustraire à son regard, j'entreprend d'entrer dans la première boutique dans mon chemin. Une fois engagée dans le commerce, je déambule dans les rayons de manière à perdre du temps. Hélas, je me rends compte que ma manœuvre n'est pas efficace. Cette personne ne me lâche pas une seule seconde, elle me suis de loin certe, mais elle est toujours dans mon champ de vision. J'inspire un grand coup, prends mon courage à deux mains et me dirige à sa rencontre. Une fois devant elle, je lui indique clairement mes pensées.
— Vous savez que cela ne se fait pas de suivre les gens dans les magasins ? attaquè-je sans préambule.
— Oui, pardon. Je m'appelle Cindy Spark, je suis agent de célébrité. Votre profil m'intéresse fortement, me répond-t-elle dans un langage clair et précis.
— Merci mais non merci. Je ne suis pas intéressé, répliquè-je en me retournant pour partir.
— Attendez ! Ce n'est pas une blague. Prenez ma carte. Il y a toutes les informations nécessaires si vous le souhaitez.
Joignant le geste et la parole, elle me glisse une carte de visite dans ma main. Puis elle s'en va rapidement, me laissant seule dans le rayon lingerie de nuit du magasin. Je reste figée pendant quelques secondes, étonnée par cette proposition. Rapidement, je range le document dans ma poche, sans grande conviction.
Il y a tellement d'arnaques de nos jours, qu'il faut mieux être prudent.
Quelques jours plus tard.
Je suis sur le retour de mon école, après une journée plus que catastrophique. En ce moment, ses épisodes de désastres s'enchaînent en continu. Des notes en chute libre, je m'endors dans la salle de classe, j'ai été convoqué par la direction à cause d'un impayée pour ce semestre. Je n'ai pas encore osé aller regarder l'état de mes finances de peur de déprimer encore. Une fois devant ma porte, je la déverrouille, entre dans ce logement silencieux, dépose les clés sur la commode à l'entrée, et me dirige vers mon frigo. Ce dernier est désespérément vide, je prends la seule bouteille d'eau qui reste dedans, le referme non sans laisser échapper un soupir de fatigue et de frustration. Je rejoins mon clic-clac installé à quelques pas de mon espace cuisine. Je loue une chambre d'étudiante, pas bien plus grande qu'un salon standard dans la province. Vingt mètres carrés, à prix d'or. Mon dieu, que ma vie en région lyonnaise me manque dans ces moments de déprime. Mes yeux se posent sur la carte de visite de l'agent rencontré auparavant. Prise d'une soudaine envie d'en savoir plus sur ce qu'elle voulait me proposer. Que dois-je faire ? Le choix est cornélien. Entre mes notes qui ne font que chuter et les pannes de métro, je n'en peux plus. Je n'arrive plus à suivre le rythme effréné des cours. J'en suis à me demander actuellement, si j'ai fait le bon choix de cursus scolaire. Avant d'emménager ici, à Paris, je n'avais pas à me soucier de beaucoup de choses. Les tâches ménagères étaient effectuées par ma mère, quand je rentrais le soir après une journée d'école. Je m'installais dans un coin du restaurant dans un calme relatif à ce type d'établissement. Une assiette copieuse arrivait afin de me nourrir convenablement. Une fois le repas englouti, je me rendais dans ma chambre d'enfant. Rien ne venait m'empêcher de penser a mes études. Aujourd'hui, je dois concilier études, diverses nécessité de survivre dans la vie d'adulte : tel que l'intendance du linge, les courses et la confessions des mes différents repas de la journée. Le soir, je suis tellement fatiguée que je ne n'arrive plus à suivre mon cursus. Dans cette situation, je commence à me demander si j'ai les épaules assez solides pour tenir le coup plus longtemps. Mon regard se dépose sur le mur devant moi, il est aussi terne que mon moral. Mes yeux naviguent dans mon pseudo salon, je me rends compte que je n'ai même pas la télévision chez moi... Déprimant. Je tire le plaid plié sur le canapé, afin de m'enrouler dedans. La carte de visite est toujours sur la table basse, mes prunelles n'arrivent pas à quitter les mots inscrits dessus.
"Cindy SPARK. Agente de célébrité 06...."
De toute façon, qu'est-ce que j'ai à perdre de l'appeler ? Rien. Je ramasse mon mobile qui se trouve à côté de ce petit carton. Je compose le numéro et attends plusieurs secondes qu'elle décroche.
— Allo, répond une voix ensommeillée.
— Bonjour, je m'excuse de vous réveiller, je ..., commencè-je.
— Ce n'est rien, ne vous inquiétez pas, c'est le décalage horaire.
— Je vous rappellerai plus tard, je m'excuse...
— Non ! Tu es la jeune fille de la galerie marchande ? me demande-t-elle.
— Oui. Vous étiez sérieuse l'autre jour ?
— Je ne plaisante jamais avec le travail. Je serai sur Paris la semaine prochaine. Tu veux qu'on se rencontre ?
— Hum, ça serait bien oui... je crois, bafouillé-je.
— Prends confiance en toi ...
— Emma Clark, complétè-je.
— Prends confiance en toi, Emma. Tu as tout pour être sur le devant de la scène. Je consulte mon planning et je t'envoie mes disponibilités. À toi de choisir celui qui te conviendra le mieux, d'accord ?
— Oui, merci et encore désolée de vous avoir réveillé.
Je raccroche en regardant mon téléphone bêtement. En me demandant bien ce que je viens d'entreprendre sur un coup de tête.
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Illusions et désillusions
Non-FictionLa vie d'Emma Clark n'est que désillusion durant une grande partie de son existence. Entre mensonge et trahison. Jusqu'au jours elle le rencontre. Un contrat, un projet aux Etats-Unis. Si cette opportunité avec cet homme n'était que le début d'une n...