Ancré en moi, Partie 2 : Domination (TERMINEE)

Partie 2 - Chapitre 5-1

Monsieur S

J'ai beau me triturer la cervelle, je n'arrive pas à savoir ce que je fous ici, en plein cœur de Paris. Je n'avais pas besoin de m'y rendre en personne et pourtant me voilà, errant dans les rues de ma ville.

Je n'avais aucune envie de revenir, Gina avait quelques soucis fonctionnels au manoir, mais Thomas était totalement en capacité de gérer la situation. J'ai prétexté avoir des rendez-vous avec mon avocat pour justifier ma venue, alors que tout était faisable à distance.

C'est plus fort que toi. Tout te ramène toujours ici.

Une notification sur mon téléphone me sort de mes pensées et dévie mon attention sur ce qui m'entoure. Je souffle en reconnaissant le mail de mon avocat qui me prévient que le dossier de plainte, pour détournement de fonds, est prêt. Un directeur de l'un de mes magasins alimentaires, « Verdier's market », m'a volé de l'argent.

Un acte inacceptable !

Cela a foutu la pagaille dans mes affaires. Je ne fais plus confiance à aucun de mes employés. C'est un sentiment très difficilement acquis par ceux qui m'entourent, notamment dans le travail. Par la faute de cet imbécile, j'ai décidé de régenter la totalité de mes effectifs.

Ma dose de travail a donc considérablement augmenté. J'ai tout de même gardé quelques-uns de me plus anciens subordonnés, qui n'ont jamais fait un écart, et qui ont bien compris qu'en faire un serait désastreux pour eux.

Ils m'aident donc à trouver de nouveaux directeurs pour mes différents magasins. Grâce à Henry, mon détective, j'ai pu avoir connaissance des quelques casseroles que se traînent la plupart de mes employés. Jeux d'argent, plaintes pour harcèlement, violences conjugales... Autant de problèmes qu'ils n'avaient pas lorsque je les ai embauchés. À croire que le bon salaire que je leur verse leur font croire qu'ils sont au-dessus des lois.

De nombreux CV doivent être passés en revue, de nombreux entretiens sont passés dans chacune de mes enseignes. Mon détective est, de ce fait, très sollicité pour déterrer les cadavres de ceux que j'envisage d'embaucher.

Le plus épineux reste les plaintes pour harcèlements sexuels, que ces mêmes subordonnés pensaient pouvoir gérer sans m'inquiéter. Cela commence à faire du bruit dans les médias, et je ne veux pas être associé à ce genre de chose, encore moins le nom de ma mère. Tuer le problème dans l'œuf est ce que je sais faire de mieux. Un peu d'argent règle toujours mes plus gros tracas, que ce soit vis-à-vis des victimes ou des journaux.

Aucune mauvaise publicité n'est envisageable !

Mais tout cela est gérable depuis ta baraque en Italie.

Effectivement... Pourtant, je bois un troisième verre de rhum à la terrasse d'un café parisien, mon taux d'intoxication étant déjà bien entamé depuis plusieurs heures.

Revenir est toujours angoissant pour moi. Cela fait presque six ans que j'évite cette ville, n'y venant que pour quelques occasions. Je ne saurais dire si elle me manque ou si Elle me manque.

La souffrance dans ta poitrine devrait en être un bon indicateur.

Ma conscience se porte à cet endroit et j'ai, immédiatement, la sensation d'étouffer, comme si un incendie était en train de dévorer mes organes et que je suffoquais avec la fumée qui s'en dégageait. Je souffre chaque fois que je me remémore nos moments à deux. Je souffre chaque fois que je l'imagine dans les bras d'un autre. Je souffre en pensant qu'elle pourrait finir par définitivement m'oublier, passer à autre chose après tout ce temps loin de moi. Je souffre chaque fois que je dépose les yeux sur la ville qui m'a vu naître, sachant que Sa silhouette pourrait apparaître à chaque croisement de rue.