Mercredi 14 septembre 2022, 17h19.
Après les derniers hommages, le cercueil avait été placé dans le caveau et les personnes faisant partie du cercle intime de la défunte furent invitées à déposer une fleur sur le cercueil fermé. Bien que rien n'officialisait leur relation aux yeux de la loi, Tiago avait été touché d'être appelé avec les parents et les frères d'Erika. Cependant, au moment de se lever, il réalisa qu'il n'avait pas amené de fleur, trop préoccupé par tout le reste. Sa mère intervint alors en lui tendant une rose blanche aux extrémités rouges. Tiago la remercia d'un petit sourire crispé et s'avança auprès de la famille Jolina. Avec précaution, ils lancèrent chacun leur tour une fleur, créant un magnifique bouquet de fleurs blanches, mélangeant un chrysanthème, un œillet, un lys, un glaïeul et une rose. L'amour d'un père, la pureté d'une mère, l'espoir d'un grand-frère, l'innocence du benjamin, les retrouvailles d'un amant.
Le caveau avait été refermé et un moment de silence avait suivi, accompagné par les larmes de la famille proche et de quelques autres personnes qui avaient bien connu Erika, comme certains de ses amis de lycée et d'université.
Pendant que la majorité des invités avait quitté les lieux, Tiago et Allan, eux, s'étaient assis l'un à côté de l'autre dans un coin du cimetière, à l'écart, se remémorant des souvenirs communs avec leur amie décédée, un verre de champagne à la main.
— Tu te souviens quand tu avais rasé tes cheveux en Seconde ?
— Oh, oui, quelle histoire ! s'exclama Tiago avec un sourire nostalgique. Elle n'avait vraiment pas aimé que je me rase la tête. Pourtant je l'avais prévenue.
— Elle aimait trop tes boucles, confirma Allan en prenant une gorgée de champagne, faisant une entorse aux recommandations des médecins.
— Quand elle m'a pris la tête, je lui ai dit que c'était mon corps et que j'en faisais ce que je voulais. Et, elle, elle a retourné ces paroles contre moi.
— Je me souviens quand elle a débarqué au lycée le lendemain et qu'elle a enlevé son bonnet. On était tous choqués qu'elle l'ait vraiment fait, racontait Allan à voix haute en revoyant clairement la scène dans sa tête. Tu te souviens ce qu'elle avait dit ?
— « Ce n'est que des cheveux, ça repoussera. »
— Je crois qu'elle a mis plus d'un an et demi pour retrouver la longueur qu'elle avait de base.
— Elle était comme ça, Jo, et c'est pour ça qu'on l'aimait tant, répondit simplement le volleyeur en se concentrant pour ne pas que sa voix se brise.
Un frisson étrange parcourut le corps de Tiago qui, par réflexe, leva la tête pour regarder face à lui, cherchant du regard les yeux verts qu'il avait l'habitude de toujours trouver sans difficulté. Le monde s'était comme mis sur pause ; autour de lui, plus rien ne semblait bouger, même la voix d'Allan n'était plus qu'un bruit de fond. Tiago aurait mis sa main à couper qu'il avait senti une présence et il espérait qu'il s'agissait d'Erika. Elle s'asseyait toujours face à Allan et lui pour les écouter parler et participer à la conversation en souriant et en rigolant.
Mais Tiago dut se rendre à l'évidence que ce n'était que le fruit de son imagination et qu'il n'avait pas encore complètement réalisé qu'elle n'était plus là et qu'elle ne le serait plus jamais.
Comprenant qu'il n'écoutait plus son meilleur ami, il tenta de se concentrer de nouveau sur ce qu'Allan était en train de raconter, mais le blond connaissait bien son ami.
— Ça va ?
— Oui, oui, désolé, j'étais... ailleurs. Tu peux répéter, s'il te plaît ?
— J'étais en train de dire qu'Erika était insouciante, reprit gentiment le blond.
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La dernière nuit de septembre
RomanceLa vie ne tient qu'à un fil. Ça, on le sait tous, mais on ne le réalise toujours que trop tard. On ne peut jamais réellement s'imaginer comment cela pourrait se passer, comment tout pourrait s'arrêter d'un seul claquement de doigts, d'un seul dérap...