Nous souhaitons la vérité, et ne trouvons en nous qu'incertitude.
— Blaise Pascal
La colère est souvent accompagnée d'une sensation d'injustice, de haine envers soi et envers les autres, ainsi que le souhait de remonter le temps pour changer les événements.
Mardi 27 septembre 2022, 21h01.
Tiago était rentré chez Erika après sa rencontre avec Mallone. Ne s'autorisant toujours pas à dormir dans son lit, il n'avait cessé de faire des cauchemars de l'accident, le vivant à travers les yeux d'Erika, d'Allan et de toutes les autres personnes présentes à ce moment-là. Le salon de l'appartement étudiant ne lui avait jamais paru aussi petit, il se sentait étouffé chaque nuit.
Il avait donné rendez-vous à Allan qui avait repris les cours malgré les douleurs que son corps lui infligeait encore. Heureusement, les coupures sur ses mains n'étaient plus que de petites cicatrices, sa bosse ne paraissait plus et il arrivait de nouveau à marcher correctement, mais sa plaie au bras mettait bien plus de temps à cicatriser, idem pour celle au genou ; quant à son doigt fêlé, il le faisait toujours souffrir. Mais le pire restait sa tête : il n'était plus capable de supporter le bruit ambiant, se retrouver dans une foule d'étudiants l'angoissait et le stress provoquait en lui d'étranges sensations, comme s'il n'était plus capable de respirer, que son cœur battait à un rythme effréné et qu'il se mettait à saliver de manière excessive ; parfois il lui arrivait même de ressentir des picotements dans les membres ou de sentir ses muscles se contracter sans pouvoir les contrôler. Allan minimisait toujours ses symptômes pour ne pas inquiéter son entourage, il n'en avait d'ailleurs parlé à personne.
Les deux meilleurs amis s'étaient retrouvés dans un parc. Si tard en pleine semaine, il n'y avait personne d'autre qu'eux. Tiago était en train de fumer quand Allan était arrivé ; ce dernier s'était intérieurement fait remarquer qu'il n'avait jamais vu son ami fumer autant auparavant, mais il savait qu'il n'avait pas à le lui reprocher, vu ce qu'il vivait.
Assis sur un banc, le brun aborda rapidement le sujet de l'accident, racontant au blond qu'il avait rencontré Mallone qui lui avait expliqué comment cela s'était déroulé. Allan semblait mal à l'aise, se craquant les doigts un à un, ce qui pouvait se comprendre vu que le 4x4 lui appartenait, mais Tiago savait qu'il était courant que son ami prête sa voiture.
— J'aimerais savoir qui est responsable, dit soudainement le fumeur après avoir pris une taffe.
— À quoi ça t'avancerait de le savoir ?
— Je veux savoir, Allan. Je veux tout lui prendre, comme il m'a pris Jo. Je veux le tuer comme il a tué Jo.
Il avait dit cela avec un certain détachement qui perturbait son ami. Le fait que Tiago soit si froid et distant était tout aussi effrayant que s'il avait hurlé ces paroles. Allan, qui était resté debout face à son ami, avait l'impression que l'air lui manquait.
— Mais c'était un problème technique, Tiago. Ça a été prouvé, j'ai les papiers officiels, si tu veux. Ce n'était la faute de personne. Peu importe qui conduisait, ça n'aurait rien changé.
— Pour moi, c'est important. Mallone n'a pas voulu me donner l'identité de ce connard. Dis-moi à qui tu as prêté ta voiture, cette fois, s'il te plaît, Allan.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour toi de le savoir...
— Tu peux bien faire ça pour moi, je suis ton meilleur ami, quand même.
VOUS LISEZ
La dernière nuit de septembre
RomanceLa vie ne tient qu'à un fil. Ça, on le sait tous, mais on ne le réalise toujours que trop tard. On ne peut jamais réellement s'imaginer comment cela pourrait se passer, comment tout pourrait s'arrêter d'un seul claquement de doigts, d'un seul dérap...