Les destins conduisent celui qui accepte et traînent celui qui refuse.
— Sénèque
L'abandon de l'espoir et de la lutte contre le désir de changer les événements passés, ainsi que la difficulté à voir un avenir proche ou lointain sont les signes que la personne se résigne.
Samedi 22 octobre 2022, 11h49.
Ayant pris du retard dans ses cours, Allan s'était levé tôt pour étudier et rattraper ses révisions. Il n'attendait pas de visiteur, mais quelqu'un venait de toquer à la porte de son petit appartement étudiant. En survêtement et débardeur, il alla ouvrir, s'attendant à rencontrer Marion ou un de ses autres amis qui lui rendaient souvent visite pour lui changer les idées.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit un homme de vingt ans aux cheveux bruns, presque noirs, avec quelques piercings sur le visage et les oreilles, se tenant debout devant lui, l'air essoufflé comme s'il avait couru sans prendre le temps de respirer. Quasiment un mois s'était écoulé sans qu'ils se voient, sans même qu'ils s'envoient un seul message. Allan ne savait pas comment accueillir celui qui avait longtemps été son meilleur ami, vu que leur dernière conversation s'était terminée à coups de poings. Aucun des deux hommes n'osaient prendre la parole le premier, redoutant la réaction de l'autre.
Finalement, ce fut Tiago qui dépassa sa fierté :
— Je sais que ce que j'ai dit et fait ne pourra jamais être effacé, je ne pourrai jamais revenir en arrière pour réparer mes erreurs. Dans cet accident, j'ai... On a perdu Jo. Tous les deux.
Des larmes commencèrent à couler doucement le long de ses joues rosées par le manque d'oxygène.
— Mais j'ai réalisé que j'ai bien failli te perdre, toi aussi, poursuivit-il.
Ni l'un ni l'autre n'aurait su dire si Tiago voulait parler d'une perte dans le sens sentimental de la chose ou s'il parlait du même genre de perte que celle d'Erika, mais tous les deux savaient que cela n'avait pas d'importance car cela revenait au même pour eux.
— Et, ça, je ne l'aurai jamais supporté. Parce que tu es mon meilleur ami, Allan.
Un moment qui sembla durer une éternité passa.
— Allez, viens ici, put simplement dire le blond, trop ému, en ouvrant ses bras.
Le brun plongea vers son ami et ils restèrent serrés l'un contre l'autre, relâchant toutes les barrières et toute la tension accumulée ces derniers temps, pleurant sans se soucier du regard des potentiels voisins qui pourraient bien passer par là.
— Nous l'avons perdue tous les deux, alors s'il te plaît ne nous perdons pas nous non plus, murmura Allan. C'est déjà assez dur comme ça.
Une fois qu'ils furent calmés et que les larmes avaient cessé, l'étudiant invita son ami à entrer et ils allèrent s'asseoir sur le canapé pour parler comme ils avaient l'habitude de le faire.
— Je suis désolé de t'avoir reproché la mort de Jo, commença Tiago.
— J'aurai fait la même chose à ta place, le rassura le blond.
— Non, tu es différent de moi. Toi, t'es un mec bien. La preuve, tu as fait croire à tout le monde, et même à la police, que c'était toi qui conduisais cette putain de bagnole. Et tout ça pour quoi ? Pour protéger un ami. T'es ce genre d'amis, Allan, le genre à se mouiller pour les autres, à donner ta chaire pour eux sans rien attendre en retour.
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La dernière nuit de septembre
Roman d'amourLa vie ne tient qu'à un fil. Ça, on le sait tous, mais on ne le réalise toujours que trop tard. On ne peut jamais réellement s'imaginer comment cela pourrait se passer, comment tout pourrait s'arrêter d'un seul claquement de doigts, d'un seul dérap...