Helly et Michry

[V-Repas de famille]

Bonjour aux lecteur.rice.s chevronné.e.s qui sont toujours ici. Il n'y a pas longtemps, je relisais mon histoire comme souvent et j'ai remarqué qu'on avait toujours pas vu mister Michael alors que son prénom est dans le titre. Je vais donc remédier à cela dans ce chapitre. Bonne lecture et bon voyage à vous. :)

À Harrow House,
Non loin de Birmingham
1 septembre 1925, 20h49

Ce soir-là, il y avait une réunion de famille à Harrow House, la maison de Thomas. Par conséquent, Michael avait dû quitter son travail plus tôt que d'habitude. Et ça pour qu'ils attendent pendant presque une heure que John rentre. Pour il ne savait quelle raison, Tommy voulait absolument attendre que son petit frère soit là pour commencer. Mais, quand il était rentré totalement ivre en chantant et en zigzaguant dans le couloir, il l'avait directement envoyé dormir. Du coup, ils ont attendu encore deux heures avant que John décuve.

Polly voulait absolument commencer sans lui, rien ne le concernait de toute façon. C'était juste une petite réunion de début de mois pour mettre au clair le programme et tout. Rien de bien intéressant en somme. Mais Thomas avait refusé en prétextant qu'il avait besoin du compte rendu de John.

Par conséquent, il les avait conviés à sa table pour qu'ils déjeunent tous ensemble. Sans mentir, c'était plutôt gênant avant que John veuille bien ramener son cul. Arthur parlait de tout et de rien - mais surtout de rien- pour essayer de combler le silence et personne n'avait la force de lui dire qu'ils s'en foutaient royalement. Heureusement, le retardataire était arrivé avant que Michael s'endorme dans son assiette, donnant un peu plus d'énergie à tout le monde.

- Alors, demanda Polly. Pourquoi étais-tu en retard et ivre à la réunion ?

Le sourire de John ne disparut pas mais il baissa légèrement la tête. Il avait l'air d'un enfant qui venait de faire une bêtise mais qui s'était franchement amusé et qui n'arrivait pas à le cacher.

- J'étais en mission pour Tommy, répondit-il en piochant un morceau de poulet dans son assiette.

- Et ta mission pour Tommy consistait à te bourrer la gueule, demanda-t-elle en lui lançant un regard noir.

Il baissa la tête encore plus et commença à essayer de piocher les petits pois dans son assiette sans trop y arriver. Il ressemblait vraiment à un enfant, ne put s'empêcher de penser Michael. À un gamin qui n'osait pas regarder sa mère dans les yeux parce qu'il savait qu'il avait fait quelque chose de mal.

- Du coup, lui demanda Thomas en posant ses couverts - il avait déjà fini alors que Michael en était seulement au début-. Tu as réussi à avoir ce que je t'ai demandé ?

John remonta la tête en étant un tout petit peu plus confiant. Pas besoin d'être un génie pour deviner, il avait toutes les infos. Tom parut content et lui fit un geste pour lui demander de les lui donner. Michael se releva un peu sur sa chaise, ça allait peut-être être intéressant en fin de compte.

- Franchement, si c'est vraiment cette fille qui t'inquiète, je pense que tu peux laisser tomber, rigola-t-il. Elle est ultra gentille et elle a même des gâteaux et du chocolat. Bon, si ce qui t'inquiète c'est qu'elle met de la vodka dans son chocolat, je comprends. Mais, à part ça, c'est une fille très gentille. Bizarre certes, mais sympa.

Thomas soupira et mit sa tête dans ses mains, exaspéré. Et c'était compréhensible.

- Je m'en fous qu'elle mette de la vodka dans son chocolat, souffla-t-il. Je veux juste savoir pourquoi elle est partie de son ancien job et si elle avait l'air douée, comme journaliste.

- Tu ne me l'avais pas demandé ça, fit-il remarquer par rapport au dernier critère. Mais elle m'a l'air très douée. Elle à deviner que j'étais marié et que Esme avait un sale caractère juste avec mon alliance. Vous lui dite pas que j'ai dit ça, hein, dit-il en parlant de sa femme. Elle me tuerait.

- Ne t'inquiète pas John, on ne dira rien.

- Et du coup, elle a quitté son job parce que, apparemment, y avait que des machos dans son ancien journal et qu'ils lui volaient ses articles. C'est vraiment des batards, jura-t-il en avalant son poulet en une seule bouchée. Elle m'a aussi parlé d'un autre truc comme quoi elle avait eu une dispute ou un truc du genre avec son ancien patron et qu'elle a décidé de démissionner. Mais j'ai pas trop compris cette partie-là. Bref, pourquoi tu voulais savoir tout ça ?

Tout le monde à la table se tourna vers Thomas. Ils se posaient tous la même question que John. Normalement, il aurait dû trouver toutes ces infos tout seul. Mais, à la place il avait demandé à John. C'était étrange.

- Il se trouve que je cherche un ou une journaliste compétente pour qu'elle écrive un article avantageux sur moi et aussi pour l'avoir de mon côté, expliqua-t-il. C'est toujours avantageux d'avoir la presse avec soi et j'ai une bonne intuition pour ce nouveau journal. Je pense qu'il va aller loin. De plus, j'ai lu les articles de cette fille, ceux qu'on lui à voler, et c'est du très bon travail. Je voulais juste des informations sur elle avant d'aller la voir et ça ne pouvait pas être moi vu qu'elle m'aurait reconnu.

Toutes les personnes présentes à la table hochèrent la tête, même Poly. C'était une bonne idée et il avait l'approbation de tout le monde. Bref, c'était parfait.

- Je tiens à te prévenir que je lui ai dit mon nom, précisa John. Et il n'y a pas dix milles familles Shelby à Birmingham. Donc elle va deviner que tu es mon frère et que c'est toi qui m'y as envoyé.

- Il se trouve que j'y ai réfléchi, mais Michael s'est obstiné à me dire qu'il devait vérifier de nouveau les comptes, tonna Thomas. Et il semblait tellement passionné par ses chiffres que je n'ai pas osé le déranger davantage.

- Super, soupira le concerné pendant que ces cousins se moquaient de lui. Merci de m'afficher Thomas.

- Et comment s'appelle cette journaliste, demanda Poly en coupant tout le monde.

- Hel Darling, répondit John en ne se défaisant pas de son sourire. Et elle à la meilleure vodka que j'ai goûté de toute ma vie.

Et ils repartirent dans un rire sans remarquer que Michael était devenu blanc comme un linge.

Hel Darling. C'était elle ? Non, sûrement pas. Il y avait à coup sûr des centaines de fille qui s'appelait Hel Darling sur Terre. Mais il n'y en avait qu'une qu'il connaissait et qui avait l'habitude de mettre de la vodka dans tout ce qu'elle mangeait ou buvait. Même la dernière fois qu'il l'avait vu, elle avait à peine quatorze ans, elle avait déjà cette habitude. Elle disait que tout était meilleur comme ça. Non, ce n'était pas possible ? Hel ne pouvait pas être à Birmingham.

- Et elle était rousse, demanda-t-il.

- Euh, ouais, répondit John un peu perdu.

- Es ce qu'elle avait les yeux verts, continua-t-il.

- Oui, aussi. Tu la connais ?

- Et est-ce qu'elle avait une cicatrice sur la paume de sa main droite ?

- Oula, j'ai pas regarder ça Michael, dit John qui était perdu - un peu comme toutes les personnes présentes d'ailleurs -. Je sais pas.

Michael se leva alors et sortit de la salle sans prononcer un seul mot. Ce n'était pas possible. Hel ne devait pas revenir ici. Il ne devait pas la revoir. Il l'avait promis. Sous la contrainte certes, mais il l'avait promis quand même. Qu'allait-il lui arriver ?

Il avait besoin de sortir de cette maison où toute sa famille se demandait ce qu'il avait. Il ne voulait pas leur parler de ça. Il ne pouvait pas. Il alla dehors et rentra dans sa voiture. Partir. Il devait partir. Mais un mot était posé sur son volant. En tremblant légèrement, il le prit et le déplia.

« Je l'ai laissé revenir ici, tu n'as pas à t'en faire. En tout cas, pas pour le moment. Mais je t'interdis de tenter de la revoir. Sinon tu sais ce qu'il t'arrivera. Pan, pan. Je te surveille :) »

Ce fut seulement après l'avoir lu que Michael s'autorisa à respirer. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait retenu sa respiration. Pour l'instant, tout allait bien. Il devait juste l'éviter. Ça allait être simple. Birmingham est une grande ville et elle ne savait même pas qu'il était ici. Pas de quoi s'inquiéter.