Prologue

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J’étais de ces hommes qui pensent qu’on ne peut trouver le bonheur que lorsqu’on atteint un certain stade d’accomplissement et de maturité.

J’étais convaincu que toutes les petites phases de félicité n’étaient que des carottes pour faire avancer l’âne que j’étais. Cette croyance valait aussi pour le domaine de l’amour. Elle était même décuplée et frôlait parfois la superstition.

Encore une fois, je m’étais trompé.

Il ne s’agit pas seulement d’une rencontre, mais aussi d’une formidable collision. Une collision avec moi-même.

C’est ce dont j’aimerais pouvoir parler ici, sans fard. Oh, tout ça n’a rien d’un conte de fées ou d’une série romantique ! Quoique, j’en suis certain, notre histoire finira bien par terminer dans un drama ou un bouquin mal écrit…

Toute la beauté de la chose se situe dans le fait que je me suis perdu, et que malgré cela, il s’est trouvé des personnes - elles aussi imparfaites et, quelquefois, tout aussi fracassées que moi - pour me comprendre, me soutenir et m’aimer quand moi-même je ne le faisais plus.

Petit, je m’endormais avec mon dictionnaire. C’était LE livre. Il me semblait qu’il contenait tous les mots et je m’étais donné le défi de tous les lire et les apprendre. J’avais le sentiment que, chaque fois que j’apprenais un nouveau mot, je l’entendais ensuite absolument partout. Comme si ma découverte déclenchait un phénomène fantastique. Cela provoquait des ondes de plaisir jusqu’au bout de mes doigts ! D’autant plus que j’étais persuadé que mon monde s’agrandissait à mesure que mon vocabulaire s’enrichissait.

Le dictionnaire était mon monde et contenait le monde.

Aujourd’hui, je comprends ce pouvoir fantastique des mots mais j’accepte, uniquement maintenant, que le seul livre qui contienne toutes les réponses et tous les émerveillements est le monde lui-même. Il faut s’y frotter, faire ses expériences, et rencontrer des personnes, le cœur sincère.

C’est lorsque mon monde s’est effondré, et que les mots m’ont fuit, que le chemin m’est apparu clairement.

Et, sur ce chemin, il y avait lui. Lui qui m’a confronté avec une douce violence, une violente douceur.

Unveil meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant