Malgré tout

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Vendredi 12 septembre 2025

Les lumières tamisées du pub baignaient la pièce d'une atmosphère chaleureuse, et le bourdonnement des conversations animées emplissait l'air.

Il y avait bien longtemps que je n'avais pas passé la porte d'un tel lieu. Je ressentais un mélange d'excitation et d'inquiétude.

Trois bras se levèrent pour me faire signe de m'approcher, accompagnés de "Namjoon-ah ! On est là !".

Oui, ils étaient là. Presque tous.

Je m'assis à la table réservée par Hoseok, un sentiment de gratitude me submergeant alors que je contemplais les visages souriants qui m'entouraient. On m'attrapa par la manche de ma veste en cuir pour me faire asseoir avec un enthousiasme un peu brusque sur la banquette de cuir vert. Une demi-douzaine de joyeux compagnons d'un soir m'attendaient.

Me tortillant, je parvins à me débarrasser de mon vêtement sans bousculer mes voisins. Hoseok ne lâchait pas sa chope et je m'imaginais déjà en train d'éponger la table à grands renforts de serviettes en papier. Quant à Jungkook... et bien je ne souhaitais pas entrer de nouveau en contact avec lui en commençant par lui donner un coup dans les côtes.

Timidement, je picorais une frite ici, intervenais dans une conversation animée là. Je mesurais intérieurement le long chemin parcouru durant l'été.

— Joyeux anniversaire, frérot ! s'époumona Hoseok déjà passablement éméché quand un gâteau surmonté d'une unique bougie arriva.

Il posa une main sur mon épaule, m'incitant à souffler la bougie. Les rires joyeux et les acclamations fusèrent, et même si mes yeux s'embuèrent de larmes, ce fut un geste de reconnaissance plutôt que de tristesse. Mon corps, après des mois de lutte, guérissait enfin, et cette soirée était une célébration de cette victoire silencieuse.

Ma sœur, à mes côtés, me lança un sourire encourageant avant de s'atteler à sa tâche de photographe amateur. À travers les flashs de son appareil, je sentais son soutien inconditionnel, sa présence rassurante.

J'échangeais des plaisanteries avec mes amis, retrouvant peu à peu le plaisir des interactions sociales. Mes joues, devenues creuses et livides, reprenaient des couleurs, et mon appétit revenait lentement mais sûrement. Chaque éclat de rire, chaque étreinte, chaque moment partagé était une bulle d'oxygène collectée en prévision de moments plus durs.

Pourtant, même dans ce moment de réjouissance, des ombres planaient au-dessus de moi.

Yoongi étaient aux abonnés absents.

Mais, surtout, Jungkook, assis à ma droite, serrait sa chope de bière un peu trop fort, ses yeux évitant les miens. J'avais esquivé ce face-à-face tout l'été. Je sentais la tension palpable entre nous, comme une corde raide sur le point de se rompre. Il était temps de lui parler, ce que j'avais si longtemps évité.

Mon corps guérissait, c'était indéniable. Les douleurs s'atténuaient, mon énergie revenait, et les signes de ma lutte passée s'effaçaient lentement. Plus de manifestation de manque non plus. Des souvenirs me revenaient, dans le désordre, décousus. Comme une promesse de quelque chose de plus grand et plus satisfaisant. La véritable guérison, je le réalisais maintenant, était plus qu'une simple question de rétablissement physique. C'était aussi une question d'acceptation, de réconciliation et de courage.

Sur la petite scène du pub, à quelques pas, un garçon à peine plus jeune que nous s'installa sur un tabouret et dégaina sa guitare. Chang-seun et Lee-hoon, mes copains que j'avais délaissés, se retournèrent vers la scène comme un seul homme. Kyung-min fronça son petit nez et me jeta un regard complice. Jungkook se mordit la lèvre inférieure et pianota sur la table. Da-mi, la petite amie de Hoseok, se pencha pour se rapprocher de lui.

Unveil meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant