CHAPITRE I

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Cinq ans plus tard.

Melly marchait aux côtés de son frère, affamée et épuisée. Ils étaient sur le point d'entrer dans une ville. Elle se rendait compte qu'en cinq ans, rien n'avait changé. Rien. Ils n'avaient pas trouvé d'endroits à eux. Du moins aucun n'avait été stable. Aucun n'était sécurisant. Certains avaient flambé. Avaient été noyé par les balles. Warren avait continué à chercher mais n'avait pas retrouvé leurs parents. C'était comme s'ils étaient morts et que le monde continuait de tourner. Melly se faufila à travers une grille et entra dans le bâtiment désaffecté dans le silence. Warren l'observa, ne reconnaissant plus l'enfant de la chute. Elle avait tant changé. Il était face à quelqu'un de nouveau, de terrible parfois. Elle était devenue dure et vaillante. Brutale.

Ils marchèrent à travers les débris jusqu'à entendre les sons agonisant des claqueurs. Melly poignarda le premier claqueur tandis que son frère prit le second. Les claqueurs tombèrent sur le sol et ils continuèrent leur route afin de trouver des vivres.

— On serait bien ici. Il suffit juste de réparer la grille, de déblayer les pièces.

— L'immeuble peut s'effondrer à tout moment, Warren.

— On le réparera.

Ils s'observèrent longtemps puis Melly prit les conserves et les bouteilles d'eau. Il observa par la fenêtre et vit un ruisseau. Ils seraient bien ici. En sécurité.

— On reste ici, annonça-t-il.

Melly se retourna vers lui, figée. Elle ne comprenait pas. Pour elle, le fait de courir, ne jamais trouver d'endroits pour longtemps étaient meilleur que cela. Que d'être dans quelque chose que les gens finiraient par vouloir. Elle avait peur de tout perdre et ne voulait pas construire.

— Il y a un ruisseau, des chambres, un garde-manger rempli. Pas tant de claqueurs. Melly...

Elle partit dans un couloir, ne voulant plus entendre son frère mais il continua à lui parler, lui disant qu'ils arriveraient à réparer cet endroit, que personne ne les attaquerait.

— Ceux qui nous ont attaqués quelque jours après la chute, ne reviendront pas nous prendre cet endroit, Melly !

Sa sœur se retourna pour l'observer de haut en bas. Elle ne pouvait pas croire qu'il soit si idéaliste. Pourquoi cela ne lui suffisait pas ? Pourquoi elle ne lui suffisait pas ?

— On fera quoi après ?! On cherchera nos parents ?! On accueillera des gens ? Comme à la ferme ou le stade ? Ces endroits sont tous morts, Warren !

— Pourquoi tu ne veux pas croire qu'on peut construire quelque chose, pourqu...

— Parce qu'on nous le prendra !

Ils s'observèrent, figés, presque choqués. Warren se recula, déconcerté. Melly culpabilisa mais prit conscience qu'elle n'aurait pu le laisser dans un tel déni. Ils entendirent tout deux des claqueurs au loin. Il se tournèrent, à vif, effrayés. Lorsque Melly tourna la tête, elle vit des dizaines de claqueurs derrière Warren. Elle lui hurla de s'enfuir et il partit dans un couloir à l'opposé d'elle en lui criant de partir. Elle courut, le cœur sortant de sa poitrine, le sang explosant, cherchant son frère, n'entendant que le bruit sanglant des claqueurs. Elle s'arrêta grâce au mur et vit des claqueurs dévorer quelque chose.

Elle comprit...

Des sanglots lui vinrent et elle courut le plus loin qu'elle le pouvait. Ses larmes se mêlaient au bruit de ses pas. Pendant des heures et des heures elle n'avait cessé de courir. Elle ne pouvait rien faire d'autre. Désormais, elle n'avait plus rien. Rien d'autre que le néant.

Elle s'arrêta aux abords de la forêt et s'assit contre un arbre. Melly n'arrivait pas à le croire. Elle ne le pouvait. Ce n'était pas possible. Elle n'était pas seule. Elle ne pouvait être seule.

Elle sentait le vent hurler contre sa peau.

Elle entendait l'eau lui murmurait.

Elle entendait les feuilles parler.

Tous lui annonçaient la mort de son frère. 

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