①②

42 5 11
                                    

Les larmes coulaient sur les joues de Daichi alors qu'il observait la photo qu'il tenait dans les mains. Il n'avait pas un seul instant connu l'existence de cette image mais pourtant il savait exactement quand est-ce qu'elle avait été prise. 

Sur cette dite photo, on pouvait distinctement voir le capitaine de Karasuno enlacé par Kuroo. Un sourire radieux éclairait leur visage. Elle datait de quelques mois avant qu'ils ne découvrent que leurs parents se fréquentaient. Daichi était venu passer un week-end à Tokyo et Tetsurou avait absolument tenu à ce qu'ils aillent chez Kenma. Le passeur de Nekoma n'avait pas pu refuser sous l'insistance de son meilleur ami mais en avait profité pour bombarder de photos les deux amoureux. 

À l'instant précis où la photo avait été prise, le capitaine de Karasuno ne semblait voir que celui de Nekoma et rien d'autre ne pouvait compter à ses yeux. C'est ce qui avait poussé Kuroo à précieusement garder cette image près de lui. Contempler le regard aimant de celui qui faisait battre son cœur était le meilleur des remèdes comme la plus terrible des douleurs. 

Alors que les larmes se déversaient sur les joues de Daichi, Tetsurou brava l'interdit qu'il s'était imposé et le prit dans ses bras. Il ne tenait plus. Il n'arrivait plus à faire semblant. Il ne pouvait plus dire que rien ne le touchait alors qu'il était profondément attaché à celui avec qui il allait partager sa chambre pendant cette semaine de vacances. 

Pendant quelques instants, Sawamura ne bougea pas. Il profitait de l'étreinte de celui qu'il aimait. Il ne voulait pas que cet instant s'arrête. Il souhaitait qu'il dure toute une vie ; mais comme la vie, tout s'arrête un jour et leur étreinte était destinée au même sort. 

Le plus jeune se détacha de celui qui le serrait dans ses bras. Il sécha ses larmes mais ses yeux conservèrent leur teinte rougeâtre. 

- Je suis désolé, murmura Kuroo. 

Daichi secoua la tête. Il ne tenait pas à entendre de nouveau les excuses de son amour. Malgré sa difficulté à déglutir à cause d'une certaine appréhension, le capitaine de Karasuno ouvrit la bouche. 

- Depuis quand tu as cette photo ? 

- Depuis que Kenma l'a fait imprimé pour me remonter le moral. 

Le corbeau prit cette information comme un coup à la tête. Même s'il savait que Kuroo n'était pas au meilleur de sa forme, il ne se doutait pas qu'il allait mal au point que son meilleur ami doive le réconforter. 

- Je sais que je me suis comporté comme un connard et tu as totalement le droit de m'en vouloir pour ça. Je sais que tu ne voulais pas qu'on en parle quand je suis venu te voir mais je tiens sincèrement à m'excuser pour tout. Je n'aurais clairement pas dû utiliser Kenma pour te rendre jaloux même si je suppose que ça a marché vu que tu m'en veux vraiment. 

Daichi fusilla Tetsurou du regard. 

- Au moins tu n'es pas indifférent à ma personne et ça me va. Il n'empêche que j'étais vraiment déprimé quand tu m'as dit que tu ne voulais pas qu'on sorte ensemble à cause de nos parents parce que pour moi on était plus que des amis. On était presque un couple et il n'y a pas de raison qu'on ne le devienne pas. J'ai super mal agi ça c'est certain. Je t'ai traité un peu comme de la merde... 

- Pas qu'un peu. 

- Ok. J'ai été un vrai connard surtout quand on devait passer la journée ensemble et que je t'ai lâché, quand je t'ai évité pendant une semaine par texto pour que tu fasses un pas vers moi et quand j'ai ramené Kenma. Mais ça n'empêche pas que je suis toujours aussi amoureux de toi. 

Les joues du corbeau devinrent écarlates. Les larmes n'étaient plus la seule source de ses rougissements. 

- Certes on ne pourra pas sortir ensemble comme un vrai couple à cause de nos parents mais c'est pas comme si on pouvait le faire à fond dans tous les cas. Et dans tous les cas, me dis pas que je me répète s'te plait, je ferai tout pour qu'on soit ensemble, quitte à me brouiller avec ma mère pour toi. 

Daichi détourna le regard. Il ne voulait pas affronter ses sentiments à cet instant précis. Il savait pertinemment que Kuroo ferait ce qu'il disait. Il était certain que ses mots n'étaient pas des paroles en l'air. Quand Tetsurou disait quelque chose avec autant d'assurance dans la voix, rien ne pouvait le détourner de son objectif. 

- Donc je m'en fiche que ma mère me trouve immoral, insensé ou tout ce que tu veux, je sais que rien ne m'empêchera d'être avec toi si tu le veux bien. 

Sa main caressant son bras, le corbeau ne savait que dire. Tout ce que le chat avait dit, tous les mots qu'il avait prononcé résonnaient encore à l'intérieur de son corps, de sa tête. Il ne voulait pas répondre. Il ne souhaitait pas répondre. Il n'osait pas répondre. 

Sentant le malaise s'installer, Kuroo craint le pire. Ne pas savoir ce que Daichi pensait lui laissait le choix de tous les possibles et c'était terrifiant. 

- T'es pas obligé de me répondre hein. Je voulais juste que tu le saches. Je sais que tu tiens toujours à être moral et réglo alors je comprendrais si tu trouvais que sortir avec le fils de ta belle-mère même si tu as failli sortir avec lui est dérangeant. Et je suis désolé de t'avoir embêté avec ça. 

Prenant la photo des mains de Sawamura, Tetsurou la replaça dans son livre et s'avança vers la porte de la chambre. La main sur la poignée, il l'ouvrit et elle se referma d'un seul coup. 

- T'as pas le droit de partir après avoir balancé une telle bombe sur moi. T'as compris ? déclara Daichi en fixant Kuroo du regard. C'est pas parce que j'ai rien dit que j'en pense pas moins. 

Je ne veux pas de toi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant