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"Je ne veux pas de toi comme petit ami." C'est ce que venait d'annoncer Daichi Sawamura à celui qu'il aimait, Tetsurou Kuroo. 

Quelques heures plus tôt, Daichi était dans la cuisine de sa maison avec son père, autour d'un verre d'eau. Ils discutaient tranquillement jusqu'à ce que Hiroya Sawamura prenne un visage grave et annonce la nouvelle. 

- Mon fils, j'ai rencontré une femme, il y a déjà plusieurs mois de ça. Nous avons convenu ensemble d'emménager dans la même maison d'ici la fin du mois. Je tenais à te l'annoncer moi-même et avant le déménagement.

- Tu es toujours très direct papa. 

- Je.. c'est ce que ta mère me reprochait trop souvent et c'est peut-être en partie pour ça que nous avons divorcé. Mais je sais que ça ne te dérange pas que je sois comme ça puisque tu l'es aussi. 

Daichi hocha la tête. 

- Le déménagement est prévu pour quand ? 

- D'ici deux semaines, nous irons visiter la maison avec elle et son fils demain. 

- Ok. J'aurais donc un demi-frère. 

- On peut dire ça. Il a ton âge et il se peut que tu le connaisses : c'est le capitaine de l'équipe de volley de Nekoma. 

Tout d'un coup, le semblant de sourire qu'affichait le brun s'effaça. Tetsurou Kuroo allait devenir son demi-frère dans deux semaines alors qu'ils se tournaient autour depuis des mois. Pour Daichi, le choc fut intense. Il ne s'attendait pas à ce que son père sorte avec la mère de Kuroo. Rien ne l'avait préparé à ça mais il devait reprendre ses esprits sinon son père se rendrait compte du problème. 

- Ça tombe bien, il est plutôt sympa. 

"Même très sympa." pensa-t-il alors qu'il remontait dans sa chambre, assimiler la nouvelle. Il était heureux pour son père qui avait mal vécu le divorce avec sa mère mais ne pouvait pas supporter de devoir se séparer de Kuroo. Certes ils ne sortaient pas encore ensemble mais c'était principalement parce qu'ils n'étaient pas dans le même lycée ni dans la même ville. Sinon, cela ferait un moment qu'ils formeraient un couple. 

Son téléphone en main, il appela celui qu'il aime. Ses doigts tremblaient pendant que la sonnerie retentissait. Soudain, il décrocha. Sa voix grave fit tressaillir Daichi qui faisait tout pour que la sienne ne craque pas. 

- Salut babe. J'attendais ton appel. J'ai quelque chose de très important à te dire. commença Kuroo. 

Sawamura se racla la gorge. 

- Je.. je préfère commencer. 

- Je t'en prie, prends tout ton temps babe. 

- Je ne veux pas de toi comme petit ami. 

Le silence se fit entre les deux amants. Tetsurou choqué par la nouvelle, Daichi choqué de l'avoir dit. 

- Co.. comment ça tu ne veux pas de moi comme petit ami ? Je.. je croyais que tu voulais qu'on sorte ensemble une fois à la fac. 

- Ce.. c'était le cas mais je ne peux plus. 

- Comment ça tu ne peux plus ? Ne me dis pas que c'est à cause de nos parents. 

- Je ne peux pas être ton frère et ton petit ami. 

- Mais tu n'es pas mon frère. 

- Ce sera tout comme. On va vivre ensemble parce que nos parents sont en couple. 

- Moi qui me faisait une joie de vivre avec toi et de te voir du matin au soir, je suppose que c'est loupé. Surtout si tu ne veux plus de moi.

- Je suis désolé, Tetsurou. 

La mention de son prénom lui arracha un sourire blessé. Daichi ne l'appelait presque jamais comme ça et il fallait que l'une des seules fois soit certainement la dernière. 

- On se voit demain de toute façon. Je ne te lâcherai pas je te préviens. Même si tu essayes de me semer, je te collerai jusqu'à la fin. 

- Ça ne servira à rien. J'ai pris ma décision. Je préfère sacrifier mon bonheur pour que mon père soit heureux. 

- Et mon bonheur à moi ? Tu disais toujours que c'était une de tes priorités. 

- Tu trouveras quelqu'un qui le fera, mais ça ne peut pas être moi. 

Kuroo retenait ses sanglots et Sawamura menaçait de s'effondrer à tout moment. Mais chacun à un bout du fil, ils faisaient semblant de rien. 

- Au revoir, Tetsurou. 

Cette fois, ce fut trop. Le chat raccrocha et fondit en larmes en serrant un oreiller contre lui. Il ne voulait pas penser à la fin mais il ne pouvait pas imaginer autre chose. Il savait que si Daichi avait décidé ça, c'est qu'il y avait réfléchi un moment avant. Son cœur se serrait à l'idée que le futur qu'il s'était construit avec lui soit aussi fragile qu'un château de cartes. 

Kuroo voulut sécher ses larmes mais rien n'y fit : elles se déversaient sans arrêt. Ce n'est que lorsque sa mère l'appela pour le dîner qu'il essuya ses pleurs avec un bon paquet de mouchoirs. Au final, il n'avait pas pu dire à Daichi qu'il voulait l'inviter à Tokyo pour qu'ils y passent quelques jours avant le déménagement. Histoire d'être juste tous les deux. Il avait déjà prévu tout un programme et chaque détail était calculé au millimètre près. Il ne voulait pas décevoir le capitaine de Karasuno. Mais maintenant, son idée tombait à l'eau. Il allait devoir trouver quelqu'un pour remplacer celui qu'il aimait, ou du moins, trouver quelqu'un qui accepte de venir avec lui à un concert de musique classique donc Daichi lui avait parlé plusieurs fois. 

Ses larmes sèches, il marcha jusqu'à la cuisine et s'assit en face de sa mère. 

- Ça va mon chéri ? le questionna-t-elle. Tu as les yeux rouges. 

- Oh oui ne t'inquiète pas. Rien de bien grave, j'étais au téléphone avec un ami et il m'a fait pleurer de rire. 

Il savait bien qu'elle n'en croyait pas un traître mot mais elle ne posa pas de question parce qu'elle se doutait qu'il ne voulait pas en parler. 

- C'est l'ami qui doit passer quelques jours ici avant qu'on déménage ? 

- Oui c'est ça mais finalement il ne pourra pas venir, il part en week-end avec sa famille. 

- Oh c'est dommage. Tu avais prévu un superbe programme. 

- Je demanderai à quelqu'un d'autre, ne t'inquiète pas maman. 

- Pourquoi ne pas demander au fils de Hiroya ? 

- On ne se connait pas trop, mentit-il. 

- Ah bon ? Alors ça serait l'occasion. Après tout vous allez vivre ensemble une grande partie du temps. 

- Ouais, je préfère demander à quelqu'un d'autre. 

- Comme tu veux. 

Ils continuèrent de discuter du déménagement et d'où habiterait Tetsurou, la semaine, quand il serait seul à Tokyo pour le lycée. 

Quand le repas fut finit, le chat partit dans sa chambre et se coucha, le visage de son corbeau en tête. 

Je ne veux pas de toi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant