①①

33 5 10
                                    

Valise en main, Daichi avança vers les portes automatiques de l'entrée de l'aéroport. Deuxième semaine de vacances et donc semaine avec son père, sa belle-mère et Kuroo. L'idée de voir ce dernier crispait le jeune homme. Il n'arrivait pas à digérer ce qu'il se passait entre eux. Les excuses du chat avaient certes résonner au creux du corbeau mais elles n'avaient pas réparer ce que le capitaine de Nekoma avait ouvert. Il se questionnait encore sur sa réaction par rapport aux annonces de celui qu'il aimait. Avait-il réagi correctement ? 

Dans tous les cas, même si les deux lycéens n'avaient pas échangé de message, d'appel ou quoique ce soit d'autre, ils se croiseraient inévitablement aujourd'hui, dans l'avion jusqu'à l'île d'Okinawa. En plus de ça, Hiroya et Tamako avaient pris l'initiative de prendre deux places sur une rangée pour eux et une place sur la rangée adjacente pour leurs fils. Ainsi, en plus de passer une semaine de vacances avec le garçon qui lui retournait le cerveau, Daichi devrait passer tout le voyage à ses côtés. 

Le capitaine de Karasuno fut tiré de ses pensées par une main qui se posa sur son épaule. 

- En forme fiston ? questionna Hiroya un grand sourire sur le visage. 

Le père et le fils n'étaient pas arrivés en même temps. Daichi arrivait tout juste de chez sa mère et Hiroya venait de sortir du taxi qui l'avait emmené jusqu'ici avec Tamako qui attendait encore dehors que son fils arrive. 

- Très bien papa. mentit le corbeau. 

L'homme ne remarque par le mensonge de son fils, semblant être sur un nuage. Les Sawamura s'installèrent dans le coin d'attente et le plus jeune sortit un livre, espérant s'enfermer dans sa bulle. Hiroya ne dit rien, sachant que son fils aimait rester un peu tranquille avant les départs en vacances, même si en ce moment, ce n'était pas pour ça qu'il voulait trouver du calme. 

Au bout d'une heure, Tamako et Kuroo entrèrent dans l'aéroport. Le plus jeune avait perdu quelques-unes de ses affaires et appelé sa mère à la rescousse. Daichi ne dit rien et Hiroya tenta une blague pour détendre l'atmosphère qu'il sentait emplie de mauvais sentiments. Ça ne marcha pas, à son plus grand désespoir. 

Les Kuroo et les Sawamura se dirigèrent alors jusqu'à l'accueil, histoire de faire contrôler leurs bagages, puis ils montèrent jusqu'à la porte d'embarquement. Une quarantaine de minutes après avoir quitté le hall de l'aéroport, ils se retrouvèrent dans l'avion. 

Le moment que Daichi redoutait était enfin là. Trois heures sans bouger à côté de l'homme avec qui il s'entendait le moins en ce moment, celui avec qui sa relation se dégradait presque à chaque instant. Et ça commençait maintenant. 

Le corbeau était installé dans la rangée du milieu, sur le siège du milieu, les mains sur les genoux, soucieux de ne pas toucher les accoudoirs de ses voisins. À côté de lui, Tetsurou soupirait plus ou moins discrètement devant l'attitude de son voisin. Il voulait dire quelque chose mais ne voulait pas empirer la situation. 

Tout cela dura trois heures. Ils n'échangèrent pas un mot, à peine un regard. Leur main se frôla une seule fois et des frissons parcoururent leur corps à tous les deux. Cette sensation serra le cœur de Daichi comme elle fit battre celui de Kuroo. 

Dans la rangée proche du chat, Tamako et Hiroya batifolaient presque comme des adolescents. Ils n'avaient pas remarqué le climat de tension constant qui subsistait entre leur fils respectif. Une tension qui pouvait se faire révélatrice plus que les deux concernés ne l'imaginait, n'en déplaise à l'hôtesse de l'air qui eut l'occasion à mainte reprise de se poser des questions. 

Quand l'avion atterrit, le capitaine de Karasuno ne put s'empêcher d'exprimer son soulagement en un soupir. À côté de lui, Tetsurou faillit mal interpréter ce souffle qui, pour une fois, n'avait rien à voir avec lui. Daichi avait juste une envie certaine de sortir de cet appareil volant qu'il trouvait étouffant. 

Le corbeau fut le premier à descendre les marches de sortie de l'avion, le premier à récupérer sa valise et le premier à sortir de l'aéroport. Il respira un grand coup. Même s'il craignait ce qui allait se passer pendant cette semaine de vacances, il ne pouvait ignorer que ce cadre était clairement idyllique. 

Son père se posta à côté de lui et lui glissa quelques mots. 

- Je suis fier de toi mon fils et j'ai hâte qu'on passe ses vacances ensemble avec Tamako et Tetsurou. 

Daichi sourit doucement. Il savait que son père était sincère mais il appréhendait ce séjour. Ils attendirent à la sortie de l'aéroport pour prendre un taxi qui les mena directement à leur hôtel. Un petit tour à l'accueil de l'établissement et ils montèrent dans les étages, leurs badges de chambre. 

Deux chambres, un avec un lit double, un avec deux lits simples. 

Valise en main, badge dans l'autre, Kuroo et Daichi pénétrèrent dans leur chambre pendant que Tamako et Hiroya s'enfermaient dans la leur. Ils n'en sortiraient pas avant le repas du soir alors les deux lycéens se retrouveraient seuls pendant encore quelques heures. 

Une fois la porte fermée, le capitaine de Karasuno s'autorisa à ouvrir les yeux qu'il avait tenu fermés pour ne pas voir celui qu'il aimait au milieu de ce lieu on ne peut plus paradisiaque. La baie vitrée donnée sur la mer et chacun des lits semblaient moelleux au possible. Ils avaient même une salle de bain grande comme une chambre universitaire et Daichi ne put retenir un soupir ravi. 

Kuroo, quant à lui, ne s'était pas attardé sur la chambre et ses équipements. Il ne savait pas comment se comporter en présence de celui qui aurait dû devenir son petit ami. Le chat se contenta simplement défaire sa valise et de tout ranger dans l'un des placards disposés à cet effet dans la pièce. Ses affaires complètement vidées de son bagage, il ouvrit un carnet qu'il avait amené et une photo en tomba. 

Tellement légère qu'elle était, la photo vola quelques instants dans les airs et se posa aux pieds de Daichi qui la ramassa avant que Tetsurou n'ait pu se précipiter pour l'intercepter. 

En la voyant, les yeux du corbeau se remplirent de larmes. Ces larmes qu'il s'était forcé à contenir pendant tout le voyage et depuis que Kuroo était venu le voir chez sa mère. 

Je ne veux pas de toi...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant