CHAPITRE 6

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« Ce qui donne un sens à la vie donne un sens à la mort. »
Antoine de Saint-Exupéry

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Isaac








— Ton père va te tuer, lâche Sofiane en faisant claquer le People Magazine de la semaine sur mon bureau.

— T'aimes les ragots à ce que je vois, je ricane en attrapant le journal. Tu aurais fait un super Dan Humphrey.

Sofiane grimace à ma remarque, ce qui me fait sourire. Ce mec n'a définitivement aucun sens de l'humour. Il est trop sérieux, tout le temps. Il aurait bien besoin de se détendre.

J'observe la première page, à moitié surpris par la présence de mon visage, caché par la semi-pénombre de la nuit, lors de la soirée du gala de samedi dernier.

« Isaac McGuire, futur directeur général de Arès, a été vu dernièrement en compagnie d'une mystérieuse inconnue. Son mariage est-il en péril ? »

Ils n'ont pas perdu de temps à ce que je vois. Il leur aura fallu d'une seule opportunité pour étaler leurs pittoresques suppositions sur la toile médiatique.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? Me demande mon ami en s'affalant sur le fauteuil en face de moi.

Absolument rien si ce n'est en profiter.
J'ai fait exprès de m'approcher d'Ambre lorsque j'ai remarqué la présence du journaliste que mon père a invité, à proximité d'elle. Je ne pouvais pas passer à côté de cette opportunité de les faire parler.

— Tu passes pour un goujat qui trompe sa fiancée, tu le sais ? Ça ne te touche pas ?

Non, parce que pour la première fois, c'était mon choix. Pas celui de mon père.

Les yeux du monde sont rivés sur moi à la recherche de la moindre erreur de ma part, et je viens de leur offrir le parfait bâton pour me faire battre. Mais je ne dois pas oublier les raisons qui m'ont poussé à agir de la sorte. Je suis prêt à accepter les insultes tant que ça me permet de mettre fin au règne de mon père.
Je n'épouserai pas Elizabeth. Il en est hors de question.

— Elizabeth saura rassurer la presse de son côté. Tout le monde sait qu'on ne s'aime pas, ce n'est une surprise pour personne. Ils en jouent simplement pour se faire de l'argent sur notre dos. Ils arrêteront de jacasser lorsqu'une autre personnalité publique fera une erreur.

Et ça ne risque pas de prendre très longtemps. À Hollywood tout va très vite, et je ne donne pas cher de celui qui sera le prochain sur la liste de ces vautours assoiffés de sang.

— Vous avez l'air bien proche sur la photo, ajoute Sofiane, l'air grave.

Il n'a pas tort.
Cependant, la photo a été prise à mon avantage. Le photographe a choisi le cliché sur lequel ma main est placée dans les cheveux d'Ambre, juste avant que je ne lui retire la lame aiguisée en forme de baguette qui retenait ses cheveux.

On a l'air... intime, ce qui est pourtant bien loin d'être le cas. C'était la première fois que je lui parlais, mais depuis, le bleu de ses yeux hante mon esprit. Comme une ecchymose sur mon cœur, la tache qu'elle a laissée a du mal à s'estomper.

— Elle n'a pas l'air très commode. Comment se fait-il qu'on n'ait aucune information à son sujet ? Si j'étais toi, je me méfierais.

Elle débarque au milieu de la foule, inconnue à une soirée où seuls quelques privilégiés sont conviés, sans rien laisser de plus qu'une impression de vide dans son passage.
Bien sûr qu'elle m'intrigue.
Et si elle est venue au bras de Andrew, bien sûr qu'elle n'est pas commode.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant