CHAPITRE 14

43 7 13
                                    

« Essentiellement étranger au monde, l'amour ne peut que mentir et se pervertir lorsqu'on l'emploie à des fins politiques. »
Hannah Arendt

♛♛♛





Isaac








Ambre n'a pas dit un mot de la soirée.

Elle s'est contentée de rester statique et d'offrir des sourires factices aux invités qui nous ont félicités. Elle était irritée à l'idée de ne pas pouvoir boire d'alcool. Son mensonge lors de notre rendez-vous avec mon paternel lui est retombé dessus bien plus vite qu'elle ne l'imaginait.

— Je n'aurais jamais dû lui dire que j'étais enceinte, avait-elle déclaré lorsque je lui ai retiré le verre de champagne qu'elle s'apprêtait à ingurgiter. Je vais devenir dingue si je reste sobre pendant cette soirée.

Alors j'ai fait couler l'absinthe pour nous deux. Je suis désormais assez éméché pour avoir envie de me pencher pour goûter à ses lèvres si tentantes, mais pas assez bourré pour vraiment essayer.

Pourtant, le carmin de sa bouche m'attire malgré moi. Je suis persuadé qu'elle est aussi délicieuse qu'insupportable.

Mon père ne croit pas à notre amour, et pour cause, aucun de nous n'a essayé de le convaincre ce soir.

La réalité de notre situation nous a frappé, lorsqu'on a dû rester collé l'un à l'autre pendant si longtemps, que j'ai réussi à compter l'entièreté des grains de beauté qui couvre son visage.

Elle en a trente deux pour être exacte.

— Tu vas finir par vomir, j'informe Ambre, tandis qu'elle avale une énième coupe de champagne dans la limousine qui nous raccompagne.

Elle me dévisage avec dédain, avant de me tendre son majeur.
Très élégant.

— Je me suis retenue toute la soirée, j'ai bien le droit de décompresser, pas vrai ? Avec un peu de chance, j'aurai assez bu avant qu'on arrive pour pouvoir tout oublier d'ici demain matin.

— Tu devrais faire attention tout de même, je la préviens.

—Ne fais pas semblant de t'inquiéter pour moi, dit-elle en collant sa joue à la vitre pour se rafraîchir, nous sommes seuls, inutile de jouer la comédie. Le rideau est tiré.

—Il va falloir te ressaisir, si tu veux réussir à convaincre mon père.

Elle lâche un rire rauque, avant de poser ses yeux azur sur moi. Son regard a la couleur d'une mer déchaînée, si tourmentée, qu'il vous suffirait d'une simple seconde d'inattention pour vous y noyer.
Impossible de savoir ce qu'elle a dans la tête, son esprit est un mur blindé.

—C'est trop tard maintenant de toute façon. Nous sommes mariés.

Elle soulève son annulaire pour donner du poids à ses propos.

En effet, c'est trop tard, mais si elle pense que c'est une raison valable pour être aussi détestable, elle va finir par regretter cette union.

—Justement, tu es ma femme désormais, alors je te prie de bien vouloir te comporter comme telle. Tes actions ont maintenant des conséquences, Ambre, tu représentes les Mcguire à partir d'aujourd'hui.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant