CHAPITRE 8

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« L'existence est une douleur constante, tantôt lamentable et tantôt terrible. »
Arthur Schopenhauer

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Ambre









Lorsque je rentre à la maison, la première chose que je remarque, c'est le bazar qui fait rage dans le salon. Tous les meubles ont été retournés et le vase préféré de maman est étalé en un millier de petits morceaux sur le sol humide.

Un frisson parcourt mon échine tandis que des centaines d'hypothèses se forment dans mon esprit.
Est-ce qu'on a essayé de faire du mal à papa ?
Est-ce que les intrus sont encore là ?

Des bruits de pas précipités s'élèvent dans le silence de la maison. Mon sang ne fait qu'un tour dans mes veines, et dans un élan de survie, je cours vers le canapé pour me cacher derrière.

— Ne prend que le nécessaire, dit une voix que je reconnais être celle de mon père. On s'en va quand les enfants reviennent de l'école.

Rassurée, je pique une tête par dessus le canapé.

Mes parents sont complètement effrayés. Leurs traits sont déformés par une expression qui mélange peur et colère.
J'ai un mauvais pressentiment.

Je ne les ai pas vu aussi effrayés depuis longtemps. La dernière fois que c'est arrivé, on avait dû déménager.

— Qu'est-ce que vous faites ? Je demande en sortant de ma cachette.

Ma mère sursaute en entendant ma voix. Mon père réagit au quart de tour en pointant son arme de service dans ma direction.

Ils sont vraiment sur les nerfs aujourd'hui. Et cela ne veut dire qu'une chose : on va encore devoir partir.

Quand papa me reconnaît, il se décompose en voyant le canon pointé directement sur ma tête.

— Putain Ambre, qu'est-ce que tu faisais caché !

Il me hurle dessus en rangeant son flingue, les mains tremblantes.

— J'aurais pu te tuer !

Je n'arrive plus à bouger.
Et en voyant la valise étalée sur le sol près de la table à manger, mon intuition se renfonce davantage.

Pourquoi est-ce qu'ils sont aussi terrifiés ?
Pourquoi est-ce qu'on doit partir ?
Je n'ai pas envie de quitter mes amis, encore, alors que c'est ma dernière année au collège.

On a tenu trois ans cette fois. Deux de plus que d'habitude. Papa avait enfin trouvé un job dans lequel il n'avait pas besoin d'être mutée tous les ans. Et j'ai cru que pour une fois, on aurait enfin une vie normale... mais je m'étais trompée. Je n'aurais pas dû me bercer d'illusion.

Maman remarque certainement le teint blafard de mon visage, car elle se rapproche de moi doucement et vient m'enlacer dans ses bras protecteurs. L'odeur de la vanille vient chatouiller mes narines lorsqu'elle me serre contre son cœur.

— Ça va aller Ambre, on ne savait pas que tu étais rentrée. Qu'est-ce que tu fais ici ? Me demande-t-elle en caressant mes cheveux avec délicatesse, comme elle le fait à chaque fois qu'elle s'inquiète trop pour moi.

— Je... mon cours de math a été annulé, je déclare la voix faible, alors je suis rentrée plus tôt que prévue.

Elle hoche la tête, l'air triste.

NémésisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant