Chapitre 14

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Nous nous dirigeons vers le même entrepôt désaffecté que les fois précédentes. Depuis la première fois que nous sommes venus ici, beaucoup de choses ont changé. L'endroit m'est devenu plutôt familier et j'ai fait beaucoup de progrès. Je parviens à rester sur mes jambes lorsqu'Alec tente de m'atteindre et je réussis parfois à l'attaquer, même s'il ne veut pas que je le fasse. Il me répète sans cesse que le plus important, c'est que je puisse me défendre. Pour attaquer, il y a les autres.

Nous continuons à nous battre, quand Alec s'écarte de moi, insatisfait.

- Quoi ? je demande.

- Ça ne va pas.

- J'ai progressé ! J'esquive la plupart de tes coups.

- Ta technique est moyenne, mais ce n'est pas ce qui me dérange. Le problème vient de là.

Il désigne son front avec son index.

- Je ne comprends pas, je dis.

- Tu es capable de te défendre. Tu sais comment éviter mes coups et contrer certaines de mes attaques. L'ennui, c'est que tu y arrives parce que c'est moi.

- C'est-à-dire ?

- Je ne représente aucun danger parce que je ne suis pas assez dur. Tu n'es pas la première personne que j'entraîne, j'ai enseigné à Kay la majorité de ce qu'il sait. Et, quand je le faisais, je n'hésitais pas à frapper fort, à être imprévisible et brutal. Là, je limite la puissance des chocs parce que c'est toi.

Je sens le rouge me monter aux joues et je baisse les yeux pour cacher le sourire qui se dessine sur mes lèvres. Je relève la tête fièrement.

- Eh bien, vas-y. Fais comme tu ferais avec Kay.

Il semble avoir un moment d'hésitation, comme s'il considérait ma proposition, puis finit par déclarer :

- Non, je pense que ça ne changerait rien. Tu n'as pas peur de moi. Mais, quand tu te retrouves face à Marcus, tu es tétanisée, tu n'arrives plus à bouger.

- Je suis certaine que je pourrais...

- Iris, me coupe-t-il. Sur la plage ? Lorsque tu es montée avec Harper ? Lorsque tu t'es retrouvée seule face à lui ?

- Cette fois-là j'avais réussi à me défendre, je rétorque dans un murmure.

- Oui, en lui lançant des objets au visage. Tu n'as rien utilisé de ce que je t'ai appris, la peur t'empêche de réfléchir. Tu ne parviens pas à garder ton sang-froid et il s'en est probablement rendu compte. Il risque de jouer là-dessus la prochaine fois et c'est dangereux pour toi. On a tous nos faiblesses, Iris. Le truc, c'est que personne ne doit les connaître, au risque de les utiliser contre toi.

- Quelles sont tes faiblesses, à toi ?

Il plonge son regard dans le mien, mais ne laisse rien transparaître. Il se contente de répéter ce qu'il vient de me dire.

- Je t'ai dis que personne ne doit connaître tes faiblesses, au risque de les utiliser contre toi.

- Donc tu ne me fais pas confiance ?

- Je ne fais confiance à personne.

Je fronce les sourcils tandis qu'il change de sujet.

- Je sais comment t'entraîner à gérer ta peur, mais il faut que tu le veuilles vraiment.

- Qu'est-ce que je dois faire ?

Il laisse paraître un petit sourire en coin.

- Me faire confiance.

AmnérisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant