Chapitre 19

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Lorsque nous sommes arrivés chez Emelyn ce soir-là, je n'ai pas réussi à la regarder dans les yeux. Je suis partie m'asseoir dans la bibliothèque en espérant que quelqu'un lui annonce ce qu'il s'est passé, car je m'en sens incapable.

- Est-ce que tout va bien ?

Je relève la tête et aperçois Emelyn dans l'encadrement de la porte. Ses yeux rouges m'indiquent qu'elle a pleuré.

- Je suis tellement désolée Emelyn, si tu savais...

- Tu n'as rien à te reprocher, me rassure-t-elle en s'asseyant à côté de moi.

Elle soulève mon débardeur pour désinfecter la plaie qui dominait mon estomac.

- J'aurais pu tuer Marcus. J'en ai eu l'opportunité mais j'ai préféré me défouler sur lui pour déverser ma colère. Je m'en veux tellement...

- Ta colère ?

- Il m'a dit pour ma grand-mère.

- Oh...

Elle applique un bandage, puis désinfecte les blessures que j'ai au visage. Je ne peux m'empêcher de me rappeler de la première fois qu'Alec m'avait soigné lui-même mes blessures, dans ma chambre. Ils ont la même façon de faire, délicatement avec des doigts habiles. Je réprime un sourire en imaginant que c'est certainement elle qui lui a appris comment s'y prendre.

- Tu étais au courant de cette histoire ? je lui demande.

Elle acquiesce.

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit ? Pourquoi m'as-tu laissé me demander pourquoi j'avais ce collier ?

- Je ne sais pas. Je ne savais pas comment aborder le sujet sans que tu en veuilles à Gabriella alors que tu étais encore en train de faire ton deuil.

- Alec voulait faire passer un message à chacun d'entre vous.

Elle referme la bouteille et plonge son regard dans le mien.

- J'ai déjà discuté avec Kay, Hayat et Harper, donc il ne reste que toi. Il voulait que tu saches à quel point il était reconnaissant pour toutes ces années à le traiter comme ton propre fils. Il m'avait parlé de ce qu'il s'est passé. Il t'aimait tellement...

- Merci Iris.

Je ne parviens plus à retenir mes larmes plus longtemps. Emelyn me prend dans ses bras et me caresse les cheveux comme Alec le faisait.

- J'ai quelque chose pour toi aussi, viens.

Elle me guide jusqu'à la chambre d'Alec. En entrant, elle cherche quelque chose dans son armoire et me tend une boîte rouge avec un ruban doré. Je n'arrive pas à entrer. Je reste simplement là, à regarder sa chambre le regard vide.

- Il voulait te donner ça. Ouvre le quand tu seras chez toi, d'accord ?

- D'accord.

- Il commence à être tard, tu devrais rentrer te reposer.

Je hoche la tête et descend au rez-de-chaussée prendre une dernière fois tout le monde dans mes bras en les remerciant pour tout, avant d'activer mon collier sans savoir si je reviendrai un jour.

***

En arrivant chez moi, je trouve un mot de mes parents sur la table du salon m'indiquant qu'ils sont sortis dîner et de ne pas les attendre ce soir. Être seule m'arrange bien, car je n'ai aucune envie de leur expliquer d'où viennent mes blessures et je ne pense pas réussir à ouvrir la bouche sans pleurer. Je monte dans ma chambre et m'assois sur mon lit tandis que mon regard balaye la pièce. Je me remémore les fois où il est passé par ma fenêtre pour ne pas se faire remarquer par mes parents, la fois où il a dormi sur le sol afin que je ne sois pas seule. Mon esprit divague jusqu'à notre premier baiser près du lac, celui sur la plage, la sensation de sa main dans la mienne. Je me souviens de mes doigts entortillés dans ses cheveux dorés, de ses mains se baladant délicatement sur mon dos. Je revois ses yeux, je revois ses lèvres, je revois son sourire et la façon qu'il avait de me regarder.

AmnérisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant