Chapitre 10

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Alec me tend la carte qu'il est allé chercher. Elle représente l'ensemble d'Amnéris et je me rends compte qu'il y a des tas d'endroits que je n'ai pas visité, même si je parviens à reconnaître ceux qu'on m'a montrés la première fois. Un frisson me parcourt le dos lorsque mon regard se pose sur la plage. Alec m'explique que Marcus habite dans une sorte de manoir près des montagnes. Il me montre la forêt qui se trouve à proximité de celles-ci.
- C'est ici qu'on le trouvera, m'indique-t-il.
- Comment tu le sais ?
- Je le sais c'est tout, répond-il sèchement.
Il redevient froid comme lorsqu'on s'est rencontrés. Je pensais que c'était seulement parce qu'on ne se connaissait pas et qu'il ne voulait pas être "responsable" de moi. Et même si j'avais l'impression que ça allait mieux, il redevient comme avant. Je meurs d'envie de lui demander ce qui ne va pas, pourquoi il se sent obligé d'être aussi distant tout le temps, puis je me souviens qu'il est certainement en colère à cause du collier alors je me ravise.
- ... ce sera plus prudent, d'accord ?
Je relève la tête et le regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes. Je n'ai absolument rien entendu de ce qu'il vient de me dire. Il lève les yeux au ciel.
- Je disais qu'on va attendre un peu, la nuit ne va pas tarder à tomber. Ce sera plus prudent d'y aller dans l'obscurité.
- D'accord. Est-ce que c'est loin ?
- Il faut compter une bonne heure de marche en partant d'ici, pourquoi ?
- Peut être que le temps qu'on y aille, il fera nuit. Donc autant partir maintenant.
Il me regarde perplexe et attrape le cordon autour de son cou, la bague au bout.
- L'un de nous l'a encore que je sache.
C'est à mon tour de lever les yeux au ciel.
- Donc on va attendre et ensuite on utilisera mon bijou pour y aller.
- Tu peux aussi te téléporter avec ? Pas seulement voyager entre les deux mondes ?
- Oui.
- Wow c'est génial !
Il ne répond pas et se contente d'avancer sans me dire où l'on va.

***

    La nuit est tombée depuis un moment maintenant et Alec s'apprête à activer sa bague. Il semble hésiter, comme si l'idée de se rendre chez Marcus le terrifiait. Au moment où je pense qu'il va abandonner, il appuie sur sa bague et nous voilà transportés.

    Lorsque je rouvre les yeux, nous sommes au milieu d'une forêt. La lune dessine des ombres terrifiantes le long du chemin où nous nous trouvons et je n'ai jamais trouvé les arbres si menaçants. Derrière nous se dressent d'immenses montagnes. Nous sommes bien à l'endroit qu'Alec m'a montré plus tôt. Marcus n'est donc pas loin non plus. Nous commençons à marcher en silence et je sens que mes mains commencent à trembler mais je ne fais pas part de mon angoisse à Alec. C'est de ma faute si on en est là après tout. Lorsque je tourne la tête vers lui, je comprends que je ne suis pas la seule. Il a l'air effrayé lui aussi.

    Le manoir de Marcus apparaît entre les arbres.
- On y est ? je demande.
Il répond par un hochement de tête. Nous sortons de la forêt et nous retrouvons juste en face de l'immense bâtisse. A en juger par son état délabré, le manoir doit être horriblement ancien. Deux grandes tours se trouvant de chaque côté semblent nous surveiller comme une paire d'yeux. La partie du manoir qui les joint doit être composée de plusieurs étages à en juger par sa hauteur. Alec semble avoir un mouvement de recul lorsque le bâtiment nous apparaît dans son entièreté. Il me tire par le bras et nous partons nous cacher derrière une pile de bois qu'il doit garder pour l'hiver. D'ici, nous avons vue sur une fenêtre éclairée par laquelle je crois deviner une cuisine. Alec prend la parole.
- Bon, il est chez lui. Ça va être plus compliqué que s'il était absent mais on devrait y arriver.
- On va entrer ?
- Parce que tu crois qu'on a le choix ?
Je ne réponds rien. Il a raison, on n'a pas le choix. La lumière s'allume dans l'une des tours.
- Tu as une montre ? il me demande.
J'acquiesce.
- D'accord alors voilà ce qu'on va faire : on entre ensemble, on essaye de repérer où est Marcus puis on se sépare. Tu vas dans les tours et je fouille le reste de la maison. On se retrouve à l'extérieur précisément dix minutes après qu'on soit entrés, compris ? Il va falloir que tu sortes par toi-même, ça ira ?
- Oui, ne t'en fais pas.
- Alors on y va.
Je vois bien que quelque chose lui fait peur mais il tente d'avoir l'air déterminé alors je ne veux pas le ralentir. Nous avançons lentement vers la porte de derrière. Il essaye de l'ouvrir mais elle est bloquée avec un cadenas.
- Tu aurais une pince à cheveux, ou un truc dans ce genre ?
Je détache mes cheveux et lui tend la pince qui les tenaient en place. Il parvient à forcer le cadenas et nous entrons.

AmnérisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant