Confrontation finale

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Cela fait une semaine que je me tape des fous rires en entendant chaque visiteur faire une misère à Dazai lorsque celui-ci les recale.

Ryuunosuke à mit au courant sa soeur (et collègue) de ma génialissime idée et elle s'est faite un plaisir pour se fendre la poire face à « ces enfantillages de vieux frustrés ».

De mauvaises foie, je n'ai plus rien dit à ceux que je considérais encore comme mes amis, persuadés qu'ils sont du côté adverse.

Je suis en train de rentrer chez moi après une longue journée. Je n'ai qu'une seule envie : me doucher et dormir.

Devant mon appartement, je croise un homme assez âgé, plutôt louche. C'est assez étrange de croiser du monde dans un étage où il y a seulement deux appartements.

En m'avançant, l'homme devient plus nerveux et me fixe de manière insistante.

Il m'énerve.

⁃ Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Crachai-je, fatigué de me faire fixer si impoliment.
⁃ Euuh, je... je cherche Chuuya... nous avions un... rendez-vous... Bégaye le vieil homme, tout en suant de panique.

C'est comme si instinctivement je savais que je ne devais pas confirmer mon identité à cet individu grotesque. Je fais mine de prendre mes clés et d'aller sur le palier d'en face, priant pour que Dazai ne soit pas présent.

⁃ Quel genre de rendez-vous avez-vous avec mon voisin ?! L'agressai-je.
⁃ Je ne...
⁃ Quel GENRE ! Le coupai-je en criant.
⁃ Je... vous... vous devez savoir si c'est... votre voisin... enfin...

L'homme se sent complètement paniqué, tentant de fuir mon regard haineux.

⁃ Tu vas la cracher ta pastille ?!
⁃ Le genre... relation bénéfique quoi... Vous voyez... ? Contre un peu d'arg...
⁃ DÉGAGEZ AVANT QUE JE N'APPELLE LES FLICS ! Hurlai-je hors de moi.

L'homme prit ses jambes à son cou et j'ai pu rentrer chez moi, m'enfermant à double tour.

⎯⎯ ❖ ⎯⎯

Dans la même soirée, ainsi que tout mon jour de repos, j'ai reçu d'autre visite d'homme tous plus indécent les uns des autres.

J'ai immédiatement su.

J'ai su que c'était le revers de mon coup pour la mise en vente de son appartement. Il m'a simplement renvoyé l'appareil en mettant en vente mon corps, ce connard.

J'ai trouvé le site en question, après avoir menacé un des nombreux hommes venu sonner, et fait une réclamation pour signaler une usurpation d'identité.

J'ai évidemment mis au courant Gin, Ryuunosuke et Atsushi de cet incident et ils se sont foutus de ma gueule avant de me conseiller d'arrêter de renchérir comme le dernier des abrutis.

Mais il en est hors de question !

Ne pas répliquer implique la perte de cette guerre de voisinage.

C'est donc têtu comme une mule que je me dirige vers sa jolie moto avec de la peinture, des étiquettes collantes, de la colle, des plumes, des feutres indélébiles...

Je n'ai pas besoin de préciser qu'il aura une sacrée surprise en découvrant son bolide dans un état des plus déplorables. :)

C'est lorsque j'étais en train de bosser sur un dernier dossier de dernière heure, que ma sonnette retentit.

J'ouvre la porte et me retrouve face à Dazai, complètement fatigué.

Je suis surpris, m'attendant plus à le voir hors de lui.

⁃ Écoute Chuuya, je m'avoue vaincu et je suis assez fatigué de cette guerre qu'on se fait depuis plusieurs semaines. Commence Dazai, la voix douce.
⁃ Je...
⁃ Non ! S'il te plaît écoute moi. Me coupe Dazai.

Je hoche la tête, résolu à lui obéir pour une fois.

⁃ Je trouvais ça très drôle au début. Pour moi, tu étais juste un petit voisin grognon, qui venait taper à ma porte, car tu étais frustré que toi-même tu ne puisses pas avoir de relation charnelle.

Je vois rouge, je n'ai jamais été jaloux de ses coups d'un soir, mais ne dis rien.

⁃ Je dois avouer que quand je t'ai vue plus en détails, le soir où je suis venue sonner chez toi complètement ivre. Je n'ai pas pu me défaire de toi, de la beauté qui émanait d'un même homme. Si tu n'avais pas été si agaçant je pense que j'aurais pu essayer avec toi.

Je rougis brusquement et fuis son regard brillant.

⁃ Cette nuit-là, tu m'as aidé tout de même, et le lendemain je voulais m'excuser... mais après avoir vu la poubelle sur le sol... je me suis lancé dans cette guerre.

Je triture mes doigts ensembles. Ça ressemble beaucoup plus à une confession qu'à des excuses.

⁃ Je te déclare officiellement vainqueur et te présente mes excuses. J'aimerais bien être ami avec toi à vrai dire. Comme on dit « Qui aime bien, châtie bien ».

Il termine sa tirade en souriant. Je sens mon estomac se retourner dans tous les sens. Ce qu'il peut être agaçant à être aussi beau...

⁃ Je dois avouer que certaines choses étaient assez bonne guerre... et que tu es le seul à m'avoir fait autant réagir depuis longtemps... Admettais-je avec hésitation.

Il me sourit franchement, tendant sa main droite en gage d'armistice.

J'hésite à la prendre quelques secondes, me demandant ce qui va se passer dorénavant.

Je décide de serrer sa main, mettant définitivement fin à cette guerre de voisinage.

Nous nous regardons dans les yeux, plongeons ensemble dans les iris de l'un et l'autre.

Il ajoute une dernière phrase dans un murmure.

⁃ Il est temps d'enterrer le passé et de commencer à construire l'avenir. Ensemble.

Ne dit-on pas que l'amour commence par la guerre ?

Fin.

Neighbor's WarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant