Chapitre 4

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Sherry

    L'attitude orgueilleuse de Jungkook devient de plus en plus calme mais toujours aussi sûre.

« Avez-vous connu de grandes tragédies dans votre vie, Sherry ? »

    Lorsqu'il prononce mon prénom, ses yeux glissent sur mon corps me rendant autant mal à l'aise qu'intriguée.

« Ma mère est morte et je viens de vivre une fusillade. C'est déjà assez tragique, non ? »

    Il pousse un petit rire.

« Vous vous placez comme une victime alors que vous n'êtes pas morte. Votre père ne l'est pas non plus ni même votre fiancé, votre beau-père et votre meilleure amie. Des gens sont morts dans cette fusillade. Pas vous ! Et vous vous comportez comme la malheureuse de l'histoire. Pensez aux familles qui, elles, ont perdu un fils, une fille, un père ou bien même une épouse. Vous devriez apprendre à interagir avec les gens qui sont connectés à la vraie vie. Vous passez votre temps à être surprotégée alors que la politique de votre père est de protéger les citoyens. Qu'a-t-il fait pour les citoyens dans la salle ? Rien ! Il a pris la fuite comme un lâche. Et ce lâche compte se présenter en tant que président ! Laissez-moi rire ! »

    Je n'aime pas sa façon de juger mon père. Il ne le connaît pas. Mon père a toujours essayé de faire les meilleures choses pour les gens. Il me surprotège, c'est vrai mais vivre une fusillade et faire un discours n'a rien à voir.

« Je ne vous connais pas et je ne me suis pas permise de vous insulter. Vous avez insulté Daryl et mon père dans la même matinée ! Votre supérieur à la guerre n'a sûrement pas dû vous apprendre à respecter les autres. J'irai toucher un mot à mon père de votre comportement déplacé !

— Allez-y ! En attendant, retournez dans votre chambre et restez-y jusqu'à ce qu'il rentre. »

    Il me bouscule et ferme la porte de ma chambre.

« Laissez-moi sortir ! »

    Je tape du poing contre le battant mais il s'en fiche royalement alors je tente de l'ouvrir mais il tient de toute évidence la poignée. Je ne sais pas combien de temps je lutte avant d'abandonner et de retourner sur mon lit. J'essaie d'appeler mon père mais il ne décroche pas. Je passe tout le reste de la matinée dans mon lit à bosser sur mes cours mais je suis délivrée quand la porte s'ouvre dans un geste brusque.

« Vous devez manger. »

    Je me lève de mon bureau et sors de ma chambre. Jungkook me suit de près jusqu'à ce que nous arrivions dans la salle à manger. La table est mise uniquement pour moi.

« Daryl et mon père ne mangent-ils pas ici ? » j'interroge la cuisinière.

    Mon père a engagé une cuisinière pour l'heure du midi et pour le petit déjeuner. Le soir, mon père est en rendez-vous d'affaires alors je me prépare quelque chose de rapide à manger.

« Non, mademoiselle. Votre père a tenu à aller voir les personnes blessées lors de la fusillade, à l'hôpital. »

    Daryl a sûrement dû l'accompagner. J'aime bien Daryl mais il est vraiment le petit chien de mon père. Il ne le contredit jamais. Il le complimente toujours. Je ne l'ai jamais vu se rebeller une seule fois face à mon père.

« Bon, très bien... »

   Je m'assois à ma place habituelle et commence à manger. Namjoon parle avec Jungkook et un autre homme à l'entrée de la pièce mais je n'entends pas ce qu'ils se disent alors j'allume la télé et la première chaîne qui s'anime est un programme d'informations quotidiennes. Il diffuse des images de la fusillade. J'arrête de manger et reste les yeux rivés sur l'écran. Mon cœur bat de nouveau la chamade et cette peur affreuse revient en moi. L'écran de la télé devient tout à coup noire. Je regarde Jungkook reposer la télécommande sur la table, calmement.

Under the eye of the devilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant