Chapitre 5 - Dernier hommage

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De retour dans le centre-ville de la méta-cité, Cassiel se gare devant l'entrée principale du Bureau Asiatique. De jour la structure prend encore plus d'ampleur par sa forme et son gigantisme. Lors de son arrivée, hier soir, malgré l'éclairage des luminaires et des hologrammes, il lui a paru moins massif. En pleine journée, l'anthracite du bâtiment principal jurait avec les autres buildings alentour moins imposants et plus colorés pour certains. Qui plus est, il observe aussi que les tours sont moins élancées que le suggèrent les néons qui illuminent leurs arêtes. La rue perd son charme nocturne au profit de nuances de gris plus ternes et de blanc trop lumineux. Quelques îlots de couleurs et de verdure égayent toutefois le quartier. Il grimpe sans grande conviction les marches qui le mènent à l'accueil du bâtiment. Cassiel note la présence de plusieurs individus dont Esther et Batu en pleine conversation. Il s'approche du petit groupe et les salue hâtivement.

— Bonjour.

— Bonjour, Cassiel, lui répond avec douceur Esther de sa voix chaude. Comment s'est passée votre première nuit en Panasie ?

Étonnamment, Cassiel se surprend à penser que le timbre de voix d'Esther inspire la confiance et le personnage en lui-même par la même occasion. Dommage que son comportement de la veille ait conduit à plus de suspicion de la part de l'écossais. Il comprend qu'elle ait obtenu le poste de directrice de la branche asiatique de la Guilde. Toutefois, il lui semble qu'ils sont partis du mauvais pied tous les deux.

— Mauvaise. Mais ça ne change pas vraiment des autres nuits. Sans compter que j'ai eu le temps de réfléchir aux derniers évènements.

Tandis qu'ils entament leur discussion, le reste du groupe s'écarte légèrement afin de poursuivre la leur sans déranger et être dérangé.

— Et qu'avez-vous retenu de cette réflexion nocturne ? La nuit vous a-t-elle porté conseil ?

— Je vais vous aider sur l'affaire de mon père. Mais à ma manière et selon mes conditions. Il est hors de question que je subisse le même sort que lui. On en reparlera après la cérémonie.

— Je vois... répond Esther songeuse. Effectivement, nous avons à discuter. Venez, je vais vous introduire auprès des autres.

Elle se tourne vers les autres membres du Bureau légèrement en retrait et fait signe à Cassiel de s'approcher. Le jeune homme note, en plus de Batu, cinq personnes qui, au vu de leur allure, sont des conjureurs, même s'ils revêtent tous des tenues pour la cérémonie. Deux couples dont un d'origines africaines à voir la couleur sombre de leur carnation et l'autre asiatique. Il reste une femme seule, d'origine incertaine, européenne ou nord-américaine, mais rien de précis. Tous portent néanmoins les deux armes de service. Un revolver standard de chez KTA contre les humains, ainsi qu'un pistolet à impulsion du même fabricant spécialement conçu pour percer le blindage des cyborgs ou de certains augmentés. S'ajoute à cela un éventail de gadgets pour suppléer à leurs besoins sur le terrain. Et pour la plupart, une troisième arme spécialement conçue pour lutter contre les créatures spirituelles. Cet équipement peut être n'importe quoi, tant qu'il est enchanté et créé dans l'alliage spécial d'argent et d'acier en provenance du monde des esprits, l'atræsite.

Cassiel observe ses acolytes et tous ont cet air grave, sinistre presque gravé sur le visage. La mort de Karl leur pèse plus que ne le pense son fils. D'un côté, il ne connaît pas vraiment les relations de son père en dehors de la sphère leurossienne* des conjureurs. Il a sans doute collaboré avec eux sur divers contrats. Néanmoins, ils montrent tous un profond respect pour son lui lorsque Esther le présente.

— Je vous présente notre nouvelle recrue. Voici Cassiel Steward, le fils de Karl, commence-t-elle d'une voix neutre. Cassiel, voici, Sékou et Imani Kone, qui nous viennent tout droit de la Côte d'Ivoire.

ConjureurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant