La peur domine le destin.

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Cette nuit encore fut mouvementée. Sauf que cette fois-ci, ce sont mes propres cris et sanglots qui m'ont réveillé. Je vois encore papa essayer de me calmer et maman qui m'observe depuis l'encadrement de la porte de la chambre totalement déboussolée, ne sachant pas comment agir. Qu'est-ce que je peux m'en vouloir de leur infliger ça.

Lenny était là, il s'est jeté sur le Tachisme à mains nues pour me sauver. Un combat a commencé entre les deux hommes et le tueur n'avait aucune chance de s'en sortir face à la fureur du père de ma fille s'il n'avait pas son arme blanche pour se défendre. Le geste fut rapide, un coup directement dans le cou, et le couteau lui a glissé des mains. Lenny se tient la gorge pour faire une compression et m'ordonne de fuir en voulant toujours combattre tout en titubant. Sans réfléchir, j'attrape le couteau que le tueur allait reprendre et vise à plusieurs reprises son ventre. Je suis présente physiquement, néanmoins absente psychologiquement. Je vois la scène comme lorsque l'on regarde dans des jumelles de l'autre côté. Tout est loin. Je frappe encore et encore jusqu'à ce qu'il tombe à la renverse.

J'ai les mains tachées de sang pour ce crime, mais je n'avais pas le choix pour notre survie. C'était lui ou nous. Un médecin légiste belge disait que tout le monde était capable de tuer, même les personnes les plus gentilles au monde. Il s'agissait d'être au mauvais endroit au mauvais moment dans de mauvaises conditions pour basculer de l'autre côté. C'est peut-être une légitime défense, mais j'ai quand même ôté une vie alors que je suis incapable de tuer une fourmi.

Une énième nuit courte au compteur. L'humeur n'est pas au rendez-vous. Toujours plus de questions envahissent ma tête sans trouver de réponse. Est-ce vraiment des réponses introuvables ou est-ce que je les bloque inconsciemment dans mon esprit pour ne pas avoir à me justifier ou avoir peur ? Pire, ne pas y faire face ?

- Tu devrais peut-être penser à demander au médecin qui te suit de te prescrire un comprimé qui puisse te relaxer et te faire dormir. commente maman.

- C'est une psychologue, elle n'est pas autorisée à délivrer des ordonnances contrairement au psychiatre. Puis je refuse de toucher à tout ça. Dormir n'est pas le problème, les cauchemars le sont. Ça va bien finir par passer, ne t'inquiète pas.

Encore un mensonge. Je serais capable de prendre n'importe quoi pour ne plus rêver, toutefois même si je ne désire pas le petit être en moi que je désire sûrement le perdre, le faire souffrir inutilement avant n'est pas tolérable. Et le tuer pour ne pas assumer une connerie faite dans une voiture à la va-vite, ce n'est pas une bêtise peut-être ? Souffle ma conscience.

Mon téléphone vibre.

"Bonjour, Joy, cela te dit de dîner ensemble ce soir ? Nous devons parler. Ekemona s'inquiète de ne pas avoir de tes nouvelles. Hier, tu lui aurais dit que tu devais lui parler. Que se passe-t-il ?"

Je surélève un sourcil, blasé de tout ce cinéma. Je tape rapidement un message.

"Bonjour Christopher, ça ne va pas être possible. Non rien de grave, j'ai eu ma réponse par Eireann avant d'avoir besoin de lui parler. Cela concernait seulement Luciole. Bonne journée. "

Un nouveau mensonge de ma part, mais que pouvais-je lui dire ? Effectivement, je devais lui parler du kinder surprise qui se développe dans mon ventre et ce que nous allons décider et faire ? Même pas en rêve. Continuez à vous amuser et laissez-moi vivre de mon côté tranquillement, s'il vous plaît.

"Pourquoi ce n'est pas possible ? Un dîner de prévu avec le russe ?"

Je ne réponds pas à son message, ça n'en vaut pas la peine. Comment peut-il me demander ça après avoir sauté trois femmes ou trois fois le gigot ? Honnêtement, je préférais trois femmes différentes voir cent femmes différentes plutôt que Cheryl, ça voudrait dire qu'il a toujours eu des pensés pour elle. Cette réflexion mentale me broie de l'intérieur.

Sombre TulipeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant