Jumaaanji!!!

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La mug bleue avec pour motif un contour de tête de chat et écrit juste à côté en doré "Change your life", fumant d'un breuvage ambré dans mes mains. Trop chaud pour être bu en cette fin de mois d'août, mais besoin de me relaxer naturellement avec de la verveine.

Bientôt minuit, et toujours pas au lit. Non, j'ai besoin d'un petit moment à moi, au calme avant d'aller rejoindre Morphée. Assise sur une chaise de jardin, l'air devient frais à cette heure-ci. Le ciel est chargé de nuages qui tourne à l'orage et un petit vent est levé depuis une trentaine de minutes. J'aime ressentir les caresses des petites rafales sur mon corps qui commencent à s'alourdir doucement.

La princesse doit, elle aussi, aimer que je me relaxe ainsi et en profite pour se dégourdir les membres. Oui, j'attends encore une fille et suis actuellement à vingt-six semaines de grossesse soit le sixième mois. Ma main se pose sur mon ventre pour sentir son petit corps lorsqu'elle tend ma peau. De mes souvenirs, elle est bien plus calme que Lena et les jumeaux qui passaient leur temps à refaire la décoration intérieure.

Son père est heureux, mais était certain que je portais son fils. Il n'a toujours pas eu de congés accordés et finalement va les poser pour décembre. Alexander ne sera pas de la partie a priori, mais je m'en fiche, nous avons totalement coupé le dialogue lorsqu'il m'a posé un ultimatum, revenir à la maison ou ne plus faire partie de sa vie. Au moment où il m'a demandé de choisir, j'ai su que notre relation était rompue à jamais.

Des éclairs commencent à apparaître au loin dans le ciel. Un signe pour ranger les documents et des notes écrites concernant la prochaine collection automne hiver de Bianca que nous allons présenter d'ici à trois semaines.

La maison est si calme, tout le monde dort à l'intérieur. Je devrais peut-être en faire autant si je ne désire pas ressembler à un hibou demain matin. Ekemona apparaît sur l'écran de mon cellulaire. Je décroche, nos appels sont les seuls moments où je ne doute pas de son implication pour le bébé. Comme toujours nous allons bien, je lui lis le compte rendu de ma dernière consultation pour le bébé, puis comment vont les enfants, le travail.

- Et toi, comment va ton moral ? Les tensions s'apaisent ?

- Ne te préoccupe pas pour moi, princesse. Tout va parfaitement bien. J'ai la santé, un toit, un travail et des enfants formidables, que demander de plus ?

- Je ne te demande pas ce que tu n'as pas, mais la vérité sur ton état psychique, Eke. Ne me mens pas, s'il te plaît.

Un long soupir puis survient un moment interrompu de toute voix. Une sélection naturelle de ce qui veut dire ou non est en train de se faire pour ne pas m'inquiéter et stresser le bébé.

- C'est complexe. Avoue-t-il en français. On ne communique quasiment plus sinon ça part vite dans les reproches. Reprend-il dans notre langue maternelle. Je rentre à la maison avec la hantise d'une nouvelle dispute.

Forcément que je suis coupable, pas à cent pour cent mais en partie. Je ne pleurais pas, mais la culpabilité s'empare de mon âme, et pourtant je ne flancherais pas.

- Tu sais, si tu désires conserver ton mariage, peut-être que tu devrais, nous devrions nous éloigner un peu plus. Je ne parle pas géographiquement, mais...

- Ne me fais pas chier non plus, Joy ! Pas toi, s'il te plaît. Tu es tout ce qui me donne la force de continuer. Entre Alex qui fait sa crise de la quarantaine en retard, Joshua qui va être père et ne désire pas du bébé, car il ne se sent pas près et Eireann qui est remontée comme un chien enragé sur nous trois... pas toi s'il te plaît. Je sais où sont mes priorités et tu en fais partie. Je te promets d'être là fin novembre, début décembre pour vous. Ma mère va venir en octobre t'aider à tout préparer, Charles et Hanna viendront après Thanksgiving. Nous sommes avec toi, et n'ai aucune crainte, je gère tout. Concentre toi sur le bébé, les enfants et ton travail, le reste, on s'en fiche.

Sombre TulipeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant