Se relever peut importe les conséquences.

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Une nuit sans rêve de mémoire. Nous rêvons forcément. L'impression de fermer les yeux et que cinq minutes se sont écoulées. Un sentiment que je n'aime pas. J'apprécie de sentir que j'ai dormi des heures et de me réveiller rassasié du lit. Une fatigue immense est toujours présente, néanmoins cette fois-ci, j'ai dormi sans me réveiller. C'est énorme.

Anela est réveillée, je l'entends ronchonner depuis la chambre. J'enfile le sweatshirt et part la chercher. Doucement, j'entre dans la chambre qui est pour eux le temps de notre séjour. Aaron dort à poings fermés. En me voyant, la demoiselle s'arrête et me sourit.

- Bonjour toi, dis-je en la prenant avec sa grenouillère.

Ma fille est heureuse de me voir et vocalise pour me le montrer tout en souriant. Je lui souris et communique avec elle jusqu'à ce que son biberon soit prêt. L'avantage d'être maman, c'est que nous apprenons à tout faire d'une main pendant que bébé est dans l'autre. L'eau, le lait en poudre, fermeture, secouer correctement, chauffer, ré-ouvrir et ajouter trois cuillères à café de céréales infantiles à la vanille, refermer le biberon, secouer à nouveau, s'asseoir et donner à manger à une petite gloutonne impatiente. Une fois sur son biberon, il n'est plus question de sourire, ni de discuter. L'estomac est prioritaire et maman est son humaine esclave. Ce n'est pas grave, je continue à lui sourire et lui chuchoter que je l'aime.

Papa arrive tout souriant en cuisine, habillé et sur le point de partir.

- Tu es déjà debout ? Tu as l'air si épuisée, Joy. Tu ne désires pas retourner te coucher un peu après ?

- Une demoiselle avait faim. Pour une fois que je suis réveillée avant elle, autant en profiter.

Effectivement, six heures quinze. Anela tourne la tête vers la voix de Michael. Sa bouche arrête de faire des mouvements de succions, lui sourit en lâchant un peu de lait sur les coins de sa petite bouche, puis reprend son biberon en expirant de bonheur. Mon père l'embrasse sur la tête, cette fois-ci elle ne s'arrête pas et semble même le snober. Il y a un temps pour les sourires et un temps pour manger.

Ce matin, j'ai le temps de laver ma princesse, l'habiller et faire de même avec mon fils puis de les emmener avec moi. Ma fille dans la poussette et mon fils porté en écharpe jusqu'au laboratoire d'analyse.

Sage comme des images pendant que l'on me prélève du sang dans quatre tubes différents. Je m'en sors avec pour plus de quatre-vingt euros de frais. Je serre les dents, ce n'est pas grave. Je prends sur mon compte épargne de manière à ne demander aucune aide à personne. Ce compte est prévu pour les grosses emmerdes et les études de Lena et également ceux des jumeaux.

Huit heures trente quand je sors du laboratoire. Mes pieds me portent jusqu'à l'ancienne école de Luciole, où une pointe au cœur se fait ressentir. Alors oui ma fille est dans une école superbe en Amérique, mais rien n'est comparable à celle-ci. Elle est unique. Celle où ma fille a fait sa première rentrée et celle que je rêve pour mes jumeaux. Celle où ils iront, je l'espère.

Mes yeux tombent sur ceux d'Aurélie qui amène Marie à l'école. La grande section. Mon Dieu, que cette petite a changé en si peu de temps. Mon amie n'a pas changé et est toujours aussi souriante.

- Pas si vite, mademoiselle ! dis-je en m'amusant de la voir courir derrière sa fille.

Mon amie se stoppe à ma voix, mais semble avoir du mal à me reconnaître physiquement. Ses yeux s'arrondissent.

- Johanna... oh là là là... comment tu as changé !

Aurélie se rapproche de moi et me prend dans ses bras tout en regardant les deux petits qui sont avec moi.

Sombre TulipeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant