Trop beau pour être vrai.

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 L'ambiance dans la voiture est presque glaciale. Assise à l'arrière pour tenir la petite dans mes bras faute de siège auto, j'ai du mal à toiser son géniteur lorsque celui-ci me parle. Je reste froide et distante par sécurité. J'embrasse rose sur la tête pour nous rassurer toutes les deux, même si honnêtement, elle n'a aucun souci.

- Jessie est au courant de ta venue ?

- Non.

- Tu devrais peut-être la prévenir, elle a peut-être envie de voir la petite.

- Je ne le désire pas, Ekemona. Néanmoins, cela ne te concerne plus ma situation avec elle.

- Un peu tout de même avec les filles.

Finalement, je l'observe droit dans les yeux au travers du rétroviseur. Mon sang pulse aussi vite que j'ai envie de lui faire ravaler ses paroles, cependant pas avec Rose à mes côtés. Aucun mot ne sort, mais mon regard s'est chargé de faire passer le message. Comprenant que ces mots étaient de trop, Eke se reconcentre sur la route. Vivement ce soir !

- Tu nous emmènes où ? demandè-je en le voyant s'engouffrer dans un parking souterrain de résidence.

- À la maison. Nos parents sont là.

Chez eux, ne m'enchante guère. L'idée d'être chez eux me dérange, heureusement que leurs parents seront là.

C'est presque à reculons que je pénètre dans l'ascenseur. Leur domicile est au premier étage, je le suis en serrant ma progéniture comme pour la protéger d'un mal invisible. Les voix retentissent dans deux directions dans l'appartement. Une fois le pas de la porte passée, je n'ai aucune idée de ce que je dois faire, comment me comporter. Mon courage, déjà pas très élevé, semble se décharger bien plus vite en ce lieu. Mais qu'est-ce que je fous ici ? ! Je pouvais dire non ! Je pouvais résister, non j'ai été faible.

- Joy.

Je le retourne vers la voix d'Alexandre qui se dirige vers moi et à la plus grande stupéfaction, cherchant à m'embrasser sur la joue. Je ne peux pas et rejette son geste en lui tendant la main. C'est le seul geste, le seul touché que je suis capable de lui donner pour le moment. L'homme métissé se stoppe et se bloque avant d'accepter ma main par défauts.

- Joy ! m'appelle Michelle

Michelle vient directement m'embrasser la joue, puis sa petite fille en mettant sa main sur son cœur en répétant que sa petite fille est magnifique et qu'elle a les yeux de son père. Charles fait son entrée et vient à son tour me serrer contre lui et tend une main à sa petite-fille. Si Rose n'avait rien dit avec Michelle et l'observait, il en est tout autre avec Charles, elle hurle et se cache le visage contre ma poitrine. Mes mains se posent contre sa tête et son corps, je la berce pour la calmer, puis vient le tour d'Hanna d'arriver. Une nouvelle fois, on me fait une accolade et on essaie d'attirer l'attention de la petite, cependant celle-ci se cache. Hanna tente de la prendre, en la retirant de l'écharpe, mais celle-ci s'accroche à moi avec force.

- Alors ma puce, qu'est-ce qui se passe ? Tu ne veux pas venir avec mamie ? demande Hanna en ne cherchant plus à la prendre dans ses bras.

La petite rousse l'observe avec sa bouche en cul de poule et cherche à savoir qui elle est.

- Je crois qu'elle a eu peur de moi, explique Charles en souriant.

Au son de la voix, Rose se retourne vers Charles.

- Coucou, ma puce ! dit-il avec un petit signe de main doux.

Rose repart dans une crise de pleurs incontrôlables. Je suis embarrassée par la situation, mais ne peux m'empêcher de sourire au fait que Rose a peur de son grand-père par sa couleur de peau.

Sombre TulipeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant