une vie sans difficultés est une vie sans suspens

146 13 3
                                    

  En montant dans l'avion, je n'avais qu'une hantise, Rose ne soit pas à l'aise, que ses oreilles lui fassent mal et qu'elle pleure pendant tout le voyage. Un ange, cette petite ! Ma princesse n'a pas dormi pendant tout le vol, mais est restée calme contre moi, ou jouant avec sa girafe et son anneau de dentition qu'elle n'arrête pas de mordiller.

Elle s'adapte bien à ses lunettes de correction qu'elle a eues il y a une semaine. Les enfants s'adaptent plus facilement que nous. La peur qu'elle refuse et cherche à les retirer, les abîmes, non rien. Avec sa prématurité, on se doutait qu'elle allait avoir des lunettes suite à une infection qui avait touché ses yeux les premières semaines, finalement, c'est dû à un petit strabisme, ce n'est pas grave et ce n'est que temporaire, le temps que son œil droit se coordonne correctement. D'après l'optométriste, dans quelques mois, elle n'en aura plus besoin. Au moment du choix de la monture, j'avoue avoir hésité un moment sur la couleur, puis finalement j'ai opté pour un rose très clair.

En sortant de l'aéroport, un sentiment proche de celui de la tristesse me prend à la gorge. Comme ce que j'avais tout quitté l'année dernière, me revient en pleine face. Des milliers de frissons me parcourent, faut que j'avance et trouve un taxi. Je n'ai prévenu personne de mon arrivée, pour créer la surprise. C'est la raison officielle. La non officielle est que j'ai besoin de me retrouver un peu seul, de déposer mes affaires, me reposer un peu avant d'aller rejoindre ma sœur et Maxime dans les locaux de Bianca. Luc est parti avec les malles comportant les pièces pour le défilé, et deux employés de Bianca pour se charger de la sécurité des fruits de nos efforts de dix-huit mois.

Juste trois jours et Nikolaï me rejoint. Trois jours à tenir et je serai rassurée. D'un geste de main, j'arrête un taxi. Le taximan met mes affaires dans le coffre et monte dans la voiture, gardant la petite dans bras, n'ayant pas de siège auto à disposition.

- Le Westin New York Grand Central, s'il vous plaît.

Le même hôtel où avec Charlie nous avons séjourné une nuit, il y a quasiment deux ans. Hôtel payé par Bianca pour trois jours avant d'aller chez Nik pour la fin du séjour, puis nous rentrerons ensemble.

Doucement, je pose Rose endormie au milieu du grand lit, et par sécurité, pose tous les coussins à disposition pour lui créer une rambarde de sécurité le temps que je me douche. Cette douche dont je rêve pour me détendre en plus de me sentir propre. Parfois se laver peut revigorer un corps endormi, dans mon cas, à cet instant, c'est plutôt l'effet inverse. Sentant que lutter va être un combat, je préfère déclarer forfait et m'allonger auprès de ma fille et dormir le peu de temps qu'elle m'accordera.

*** *** ***

Un premier arrêt dans un supermarché et prendre en dépannage des petits pots ainsi que des yaourts et des céréales infantiles pour Rose. Je ne suis pas une adepte du tout faite, mais pour trois jours avec le travail et l'hôtel, je préfère ne pas me compliquer la vie et faire au plus simple. Promis, ma princesse, je me rattraperai une fois chez Niko.

"Comment se passe ton arrivée, pas trop fatiguée par le décalage horaire ? Comment te sens-tu psychologiquement ? Rose a été calme dans l'avion ? Ya tebya liubliu Tulipia."

Le bout de mon pouce caresse doucement l'écran de mon cellulaire où est écrit je t'aime en russe. Nik me manque tellement, sans lui je me sens vide d'une certaine manière. Jamais, je n'aurais songé être aussi dépendante d'un homme un jour. J'ai toujours cru que je n'aurais besoin de personne pour avancer sans compter mes enfants, ils sont ma force. Nikolaï est mon guide et mon compagnon de route, une perspective que je n'aurais jamais pu imaginer dans un futur proche ou loin.

Un amour est né sans m'y attendre, surtout à notre première rencontre. J'étais à moitié nue pour une séance shooting, pendant que Luc de ses mains enduisait mon corps avec de la peinture ambrée/cuivrée, pour une séance sexy afin d'être un brin provocateur et attirer le regard sur Bianca. Ce jour-là, c'est le russe qui a été attiré en premier, et c'était loin d'être réciproque. Nikolaï, maladroit ou habitué qu'on ne lui résiste pas à jouer la carte vanité et homme riche pour essayer de me faire craquer. Ce sont les râteaux qu'il a collectionnés. Au fond, c'était sa manière de se protéger de son premier amour qui l'a trahi. Un homme sensible qui s'est caché derrière un masque. L'amour m'est tombée dessus sans le voir venir. Il m'apporte une sérénité que je n'aurais jamais cru retrouver. Nous nous complétons et ne formons qu'un.

Sombre TulipeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant