𝟾 | 𝙷𝙰𝚁𝙳𝙴𝙻𝙴𝚈

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« À force de ressentir les émotions des autres, on finit par oublier de les ressentir pour soi. »




𝙷̷𝚊̷𝚛̷𝚍̷𝚎̷𝚕̷𝚎̷𝚢̷





Ai-je avoué clairement que mon oncle est un salaud ?

Assise sur cette chaise luxueuse, les mains agrippées aux accoudoirs, ma peau blanchit sous la force que j'exerce. J'essaie de ne pas assassiner Mike du regard. Même si je meurs d'envie de voir des éclairs jaillirent de mes yeux pour qu'ils transpercent son âme aussi noir qu'une nuit hivernale.

Cela fait dix minutes que je poireaute dans un silence frigorifiant. Mon oncle est penché sur son bureau, le nez plongé dans un dossier qui a l'air aussi barbant que ma présence dans cette pièce.

Je le dévisage sans me cacher.

La mâchoire serrée, je me tiens bien droite, l'air fier peu importe le jugement qu'il va porter. Mon ventre me joue encore des tours et j'ai beau prendre de grandes inspirations pour calmer mon besoin de tout éjecter, je ne parviens pas à faire passer cette bile qui remonte le long de ma gorge.

Et quand je manque d'avaler de travers, le corps stoïque de mon oncle bouge enfin. Il appuie sur un petit bouton près du téléphone afin d'appeler sa secrétaire.

Il ne m'a même pas adressé un seul regard.  

Une grande brune débarque la seconde qui suit, le souffle court, son chignon déstructuré. D'un sourire maladroit, elle demande aussitôt à Mike :

– Je peux vous être utile, monsieur ?

Il prend une grande inspiration et croise doigts contre son ventre. L'air détendu, le directeur s'adosse contre le dossier de son siège massif et plonge ses yeux perçants dans les miens.

Un rictus malicieux s'incurve sur ses lèvres pleines.

– Soyez gentille et apportez-nous deux boissons chaudes.

Susan se redresse et hoche la tête par mécanisme.

– Euh... Je vous prépare la même chose que d'habitude.

Mais quand elle s'apprête à nous tourner le dos, Mike lève l'index afin de l'arrêter.

– Tout compte fait, commence-t-il tout sourire. Hardeley prendra un chocolat chaud.

Je grimace et mon ventre produit un son de protestation qui ne passe pas inaperçu auprès de mon oncle. Je ne supporte pas l'odeur du lait... Ce salaud semble ravi de ma réaction tandis que je durcis mon regard.

– Je n'ai jamais dit que je voulais en avoir un, protesté-je, la voix pleine de rancœur envers lui.

Mike se contente de hausser les épaules, l'air de s'en moquer puis renvoie Susan d'un geste las de la main. Je gigote sur ma chaise, mal à l'aise de me retrouver seule avec lui. Mon pied trépigne inlassablement contre le sol, comblant le vide grâce au bruissement de ma semelle en caoutchouc.

Mon pouls, autrefois paisible, se déchaîne à la seconde où il lance une pile de feuilles juste sous mon nez. Je coupe ma respiration et jette un œil par curiosité aux différentes photos étalées sous mes yeux.

Elles ont toutes été prises par une caméra le soir de mon infraction à la patinoire. Et même si mon anxiété grandit, je persiste à garder un ton de petite peste qui, j'en suis persuadée, attise sa colère.

Je penche légèrement la tête et mords ma lippe.

– C'est à ça, que je ressemble de dos ? m'étonné-je, un peu déçue.

FAVOR THE MURPHY LAW (SPIN OFF)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant