FAVOR THE MURPHY LAW (SPIN OFF)

𝟷 | 𝙷𝙰𝚁𝙳𝙴𝙻𝙴𝚈

꧁• ✩ 𝙷̷𝚊̷𝚛̷𝚍̷𝚎̷𝚕̷𝚎̷𝚢̷ ✩ •꧂

Brise l'une de tes jambes plutôt que l'organe qui te serre de cœur.

Le mois d'octobre est toujours aussi frais dans cette ville. Assez pour gélifier mon âme tout entière et les sentiments qui persistent à vouloir éclore sous cette épaisse couche de glace. Je garde ce dicton précieusement dans un coin de ma tête, histoire de me le recracher au visage dès qu'un écart surgirait.

Heureusement, je suis parfaitement capable de me retenir d'exprimer quoi que ce soit de trop flagrant. La froideur qui règne dans mon cœur représente parfaitement mon expression morose de ce soir.

Peu de gens osent m'adresser la parole. Selon eux, je suis peut-être un chouilla trop garce à leur goût.

Quelle ironie. J'en rirais bien s'ils osaient me le révéler en face à face au lieu d'en discuter dans mon dos. Leurs propos sont blessants, certes, mais bizarrement ils ne me rendent pas plus triste que je ne le suis déjà intérieurement.

Cependant, ce qui me titille c'est qu'ils ne savent pas faire la subtile une différence entre être une véritable salope et se trouver à côté d'une honnête personne. La vérité balancée au visage ne plaît pas à tout le monde, c'est une réalité.

Mais pour autant, rien n'est plus horripilant à regarder que des gens qui ont tendance à banaliser l'hypocrisie afin de faire bonne impression. Je ne cherche ni la compassion et encore moins le respect de quelqu'un.

C'est pourquoi, je termine ma figure artistique en beauté sous les regards curieux de l'équipe de Hockey qui comme par hasard, décide de venir chaque vendredi soir en avance pour leur entraînement. Ce n'est pas dérangeant. Au contraire, je m'en moque pas mal de leurs présences.

Mais cela ne m'empêche pas d'être amusée en les voyant suivre les moindres de mes faits et gestes. Je glisse parfaitement sur la piste, et profite de leur attention particulière pour leur jeter de la poudre aux yeux.

La lame de mes patins décolle de la glace dès qu'ils opèrent un arrêt sec et calculé. Ma queue de cheval voltige sur mon épaule et quelques mèches brunes se faufilent dans la commissure de mes lèvres humides.

Essoufflée, je les retire en essayant de reprendre ma respiration après ces deux heures d'entraînements intensifs.

Sur la patinoire, le monde extérieur n'existe plus.

Mais à l'instant où je m'arrête...

– Fait chier ! On va encore patiner sur une glace de... Hé !

Le cognement sourd d'une main qui claque un casque de hockey résonne dans tout l'espace vidé de son public habituel. Ennuyée par leurs remarques puériles, je me retiens de lever les yeux au ciel quand un grand gaillard et par la même occasion, suiveur officiel de mon satané frangin, fait taire d'un geste agacé son coéquipier trop bavard.

Krew Mitchel croise ses bras imposants contre son torse et plisse les paupières pour reluquer le joueur de sa hauteur vertigineuse. J'ai entendu entre deux conversations au country club, qu'il était l'un des plus imposants de l'équipe d'Astor.

Selon mon frère, Krew fait terriblement peur à leurs adversaires sur la glace. De quoi ravir les groupies dans les gradins durant les quatre heures de match...

– Garde ta salive pour la partie de tout à l'heure et arrête de faire l'imbécile.

Ce dernier grogne, mécontent mais se redresse vite dès que mon frère débarque à son tour. Un muscle de ma mâchoire tique. Glissant un peu sur la piste, je me sens soudainement de trop ici.