FAVOR THE MURPHY LAW (SPIN OFF)

𝟼 | 𝙷𝙰𝚁𝙳𝙴𝙻𝙴𝚈

⚝"Rien ni personne ne peut arrêter la loi de Murphy. Elle est comme un éclair qui jaillit dans le ciel et s'écrase sur la Terre, brutal et imprévisible."⚝

꧁• ✩ 𝙷̷𝚊̷𝚛̷𝚍̷𝚎̷𝚕̷𝚎̷𝚢̷ ✩ •꧂

    Je pénètre la patinoire. Mes semelles écrasent les débris de verre qui jonchent le sol carrelé. Les craquements provoquent un écho profond dans cet immense espace vidé de ses supporters habituels. L'endroit où règne l'euphorie et un parfum de victoire est entièrement silencieux.

Et intégralement pour moi.

Je secoue le blouson de Liam et l'enfile à nouveau histoire de ne pas mourir congeler.

    Une bouffée d'énergie se répand dans mon corps et me motive à avancer davantage. Le courant d'air glacial qui pénètre par le trou de l'entrée me fait frissonner. Mais cela m'est égal, car à l'instant où je me retrouve face à l'immense patinoire, le monde extérieur n'existe plus. La glace est lisse et brillante.

Absolument parfaite.

C'est assez étrange, à chaque fois que je me retrouve ici, que mes pieds foulent cette épaisse couche transparente, j'ai l'impression de me sentir à la maison. M'éloigner de ma famille est certainement la meilleure initiative que je puisse entreprendre. Et quand je m'autorise à m'évader un peu, à échapper à cette vie, tout prend un sens.

    Je m'avance, le cœur battant à tout rompre dès que mon mocassin frôle la patinoire. Liam m'a tant interdit de venir ici... Pour lui, c'est le meilleur moyen de mettre en colère oncle Mike et notre père. Mais pour moi, bordel, c'est ma raison d'exister ! Cette exaltation qui s'imprègne dans ma chair quand je fais glisser mon pied est merveilleuse à vivre. C'est comme si je portais des patins pour me laisser guider jusqu'au centre de la patinoire.

Soudain, mes yeux me picotent.

Je retiens ma respiration et chasse ces vilaines larmes qui souhaitent s'écouler.

    Je lève la tête vers le plafond. Les poutres en bois sont exactement comme dans mes souvenirs. Même les petites lumières n'ont pas changé. Un sourire nostalgique s'incurve sur mes lippes. Autrefois, Liam m'amenait ici en cachette. On courait main dans la main, nos rires emplissaient cet espace de par notre joie.

Notre insouciance me manque cruellement.

Néanmoins, un jour, tout a basculé.

    Et là, j'ai chuté.

En revanche, cette fois, ce n'était pas la douleur physique que je ressentais.

Mais bel et bien celle qui rongeait une âme.

    Je baisse le menton vers mes pieds. Je donnerais tout pour fouler ce sol avec des patins, comme avant. Je meurs d'envie que ma mère me sourit dans les gradins, qu'on hurle mon nom, que je ris en sentant dans les bras de mon aîné enveloppé mon corps après une victoire. Je veux... Je ne veux plus avoir cette sensation atroce qui grignote ma poitrine et me donne l'impression de mourir chaque instant davantage.

    La vie était si belle dans le passé.

Pourquoi devons-nous grandir et affronter l'extérieur ?

    Je renifle et essuie le coin de mes yeux de la manche en coton de mon uniforme. Dans l'obscurité, je parviens à discerner la trace violette de mon maquillage et les paillettes blanches qui se sont accrochées au tissu. Un soupir m'échappe lorsque je me rends compte que j'ai osé montrer mes larmes à cet imbécile de hockeyeur.