Kenya

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Mary, la cheffe de la tribu, nous attend, avec un sourire radieux. Je m'approche et elle m'enlace chaleureusement tout en me souhaitant la bienvenue en anglais. Soudain, une vague de familiarité m'envahit.

Elle enlace aussi Hichem et le prévient que lorsqu'il verra les femmes, il ne pourra les saluer qu'avec un signe de tête, il acquiesce sans broncher.

Habillée de vêtements traditionnels, je suis obnubilée par les couleurs vives qu'elle porte.
Nous montons dans son 4x4 et nous nous dirigeons vers le village, je suis émerveillée par la lueur douce de la lune.

Mary commence à avertir Hichem que certaines femmes seront réticentes et que c'est normal, et l'homme assis derrière affirme qu'il comprend et qu'il respecte.

Étonnement, je m'attendais à une blague de mauvais goût de sa part.

Elle nous explique ensuite l'histoire de la communauté, que je sais déjà, les femmes ont dû s'enfuir des hommes qui les ont battus et dans les années 90, une féministe militante a eu la merveilleuse idée de créer ce refuge.

Je suis concentrée sur ses dire tandis que je vois dans le rétroviseur Hichem qui profite de la vue, je décide alors de laisser aussi mon regard divaguer.

Mes pupilles brillent devant le paysage. Les contours des collines et des arbres se dessinent dans une obscurité paisible.

Quelques minutes plus tard, nous arrivons à destination, nous descendons du véhicule et le cœur apaisé, j'observe le village.

Les maisons traditionnelles en matériaux naturels émettent une lueur tamisée provenant des lampes à huile, créant des points de lumière discrets dans l'obscurité environnante.

Les senteurs de la nature nocturne, mêlées aux arômes des cuisines locales, flottent dans l'air.
La tranquillité règne et les étoiles qui scintillent semblent veiller silencieusement sur cette terre incroyable.

- Il est plus de 23h, la plupart dorment déjà, vous les rencontrerez demain.

Nous hochons de l'a tête, puis elle nous ramène devant un lodge.

Il est construit avec des matériaux naturels, mettant en valeur l'artisanat local. Les murs en terre battue sont décorés de motifs traditionnels et le toit en chaume crée une atmosphère authentique.

Elle nous ouvre la porte en bois, allume quelques bougies et nous découvrons l'intérieur de la pièce. Hichem marche tandis que je reste de loin pour avoir une vue d'ensemble.

Des tapis tissés à la main recouvrent le sol, les murs sont aussi décorés d'oeuvres d'art représentant la vie quotidienne à Umoja.
Nous sommes émerveillés.

Au milieu se trouve, un seul lit traditionnel, orné de textiles colorés.
- Je vous laisse découvrir la pièce, on se retrouve demain, nous annonce-t-elle.
- Attendez, attendez, ricane-t-il.

Elle l'interroge du regard.

- Oui, attendez, où se trouve mon lodge ?
demandé-je, paniquée.
- Juste ici, il ne vous plaît pas ?
- Si bien sûr, bien au contraire.
- Et le mien ? demande Hichem en s'approchant de nous.
- Ici aussi.

Ma gorge se noue.

- On dort...
- ... Ensemble ? finit Hichem.
- Et bien, nous n'avons pas d'autre lodge, c'est un petit village. Puis votre patron m'a dit que cela ne vous dérangerait pas.
- Et mon lit ?
- Vous dormez ensemble Hichem.
Elle ne nous laisse pas le temps de répondre qu'elle nous dit au revoir.
- Bon, reposez-vous bien, vous devez être fatigués. Toutes les femmes de la tribu se réveillent au lever du soleil, mais aujourd'hui, prenez votre temps.

Elle n'attend pas notre réponse et ferme la porte. Nous restons stoïques devant cette dernière.

- Le soleil se lève à quelle heure Rose, toi qui sait tout ?
- A 6h30.
- Les autres jours, on devra se réveiller à l'heure là ?
- Oui.
- Hors de question.
- Pas le choix. Après si tu ne veux pas te concentrer sur le projet, je comprendrai.
- Mais pas à 6h, pleurniche-t-il.
- Chochotte.

Je continue mon analyse de la pièce et lui aussi.

- On est dans Kirikou ou quoi ? On doit dormir sur ça ?
- La ferme et respecte.
- Je respecte, me contredit-il en mimant toujours de pleurer.

Le lit n'est pas la seule chose qui a attiré mon intention, mais la baignoire qui se trouve au fond de la pièce me heurte.

Hichem vient de la remarquer aussi puisqu'il grimace.

- Quand je fais mon bain, tu sors.
- Mais tu crois que je rêve de te voir à poil ou quoi ? Je ne te toucherai même pas avec un bâton Rose.
Puis il s'allonge et je reste debout au milieu du lodge.

Ce mois va être très long..

Désirs humainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant