Les premiers rayons du soleil transpercent les rideaux de la chambre. On entend les cris des oiseaux et les échafaudages matinaux des conducteurs névrosés. La vie a repris son cours dans la ville alors que dans mon corps tout est mort. J'arrive à peine à bouger, tout mon corps semble endolori et ma tête est à deux doigts d'exploser. J'ai besoin d'une bonne dose de doliprane. J'extirpe mon corps avec difficulté car je ne veux surtout pas le réveiller. Même lorsque je crois avoir vu le pire en lui, il me prouve qu'il peut toujours faire plus : plus de mal, plus de peine, plus de haine.
J'ai du mal à rester debout à cause des vertiges et des nausées. Je me maintiens aux murs comme je peux afin d'atteindre la salle de bain. D'un coup, j'étouffe un cri de ma main, face à cette vision d'horreur. L'image que renvoi le miroir est le parfait reflet de mon âme. Mes yeux sont rouges, la bouche enflée, un énorme bleue sur la joue et mes cheveux ne sont plus qu'un énorme champ de bataille. J'attrape rapidement la boîte de Doliprane et décide de m'éloigner de mon reflet. Je titube en direction de la cuisine et risque de m'effondrer à plusieurs reprises. La lumière de la pièce m'éblouit et je tente d'atténuer son éclat en plaçant ma main devant mes yeux. Arrivée prêt de l'évier, je prend faiblement un verre que je rempli d'eau. Épuisée, je m'affale sur la première chaise que j'aperçois et ingurgite rapidement deux comprimés. Je bois mon verre d'une seule traite tout en espérant que les effets se fassent ressortir immédiatement. Mais rien ne se passe. Au contraire, la douleur est encore plus présente que jamais. Je décide de réitérer l'opération mais cette fois - ci en doublant la dose. Mais toujours rien. Je reste là silencieuse à prier pour ne plus rien sentir mais au lieu de cela, les souvenirs de la nuit dernière se bousculent dans mon esprit. Cette fois - ci ce n'est pas seulement mon corps qui a mal mais mon âme. On peut soigner les douleurs du corps mais mon âme qui la restaurera ? À cette pensée, je m'effondre et mes larmes finissent par inonder mon visage. Je pleure de plus en fort et la peur commence à m'envahir. Et s'il se réveillait ? S'il finissait ce qu'il a commencé hier ? Je m'effondre au sol face à ma réalité. Je suis condamnée, par lui.
Les yeux brouillés par mes larmes, je l'aperçoit au loin : mon exil. Cette fois - ci, il ne me l'arrachera pas. J'avance en rampant en direction de celle - ci. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Elle est si proche que je tend le bras pour l'attraper. Enfin dans mes mains, je la regarde hypnotisé par sa simplicité. Lentement, je dévisse le bouchon et une odeur chimique se dégage. Je la hume avec plaisir me délectant de chacune de ses secondes. L'odeur de la liberté, oui voilà ce que je sens. Je marche à quatre pattes en direction de la fenêtre et décide de m'asseoir devant celle - ci. C'est ici devant mon Eldorado que je reprends ma liberté. Le regard fixé sur l'immeuble d'en face, je les vois et mon cœur se serre. Ils sont si beaux et ont l'air si heureux. Les larmes coulent sans que je ne puisse les contrôler. La bouteille de Javel à la main, j'attrape maladroitement les derniers comprimés et les avalent d'un coup sec. Sans réfléchir, je bois la bouteille au goulot. La douleur se fait rapidement ressentir mais je continue. Ma gorge me brûle et des crampes abdominales me tordent de douleur. Je lâche la bouteille et crie ma souffrance. Ma vision est trouble mais je les vois pour la dernière fois. Assis autour de la table, main dans la main et têtes baissés, ils ont l'air de prier. Petit à petit, mes paupières s'abaissent. Je me sens partir loin, loin de ma famille, loin de lui, loin de l'immeuble d'en face.
Et moi, qui prie pour moi ?
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Je suis Sa création
SpiritualA quel moment sommes-nous passés de l'autre côté de la frontière ? Celle qui sépare l'amour de la haine. Celle qui a changé son amour pour moi en une haine destructrice. Celle qui a remplacé ses baisers par des coups. Celle qui a changé ses mots...