Je suis Sa création

5.

Bip, bip, bip ...

Ce bruit ne cesse de retentir dans ma tête. Je me sens tellement déconnectée, comme hors du temps. Mon corps me parait si lourd, j'arrive à peine à bouger mes membres. Les doigts engourdis, je déploie ma force pour arrêter la sensation des fourmis dans mes mains mais c'est comme ci rien ne se passe. Petit à petit, j'arrive à entrouvrir les yeux et une lumière blanche m'aveugle littéralement. Je cligne mes yeux frénétiquement tout en essayant de comprendre où je suis. Tout est blanc et aseptisé. Je comprend rapidement que je suis à l'hôpital. Depuis combien de temps suis - je là ? Je ne saurais dire. Complètement perdue, j'essaye d'assimiler toutes les pensées qui viennent m'assaillir. Où sont mes enfants et mon maris ? Pourquoi je ne suis plus dans l'immeuble d'en face ? L'angoisse commence à m'envahir et ma respiration est de plus en plus saccadée. Paniquée, je tourne la tête et le découvre : lui. Mon bourreau est là complètement affalé de fatigue sur le fauteuil à proximité de mon lit. Mais je refuse de m'y résoudre, il ne peut pas avoir gagné une fois de plus. 

Bip, bip, bip, bip, bip, bip ...

Le bruit est de plus en plus répétitif comme un écho aux battements de mon cœur. J'essaye de me lever pour m'enfuir loin de lui mais je suis trop faible. Mon corps ne réagit pas comme je le voudrais. Je ressens de multiples douleurs surtout au bas ventre.

« Maya ? dit - il d'un ton surpris 

À ces mots, mon pouls s'accélère et mon rythme cardiaque explose. 

- Depuis quand t'es réveillée ? Oh mon Dieu, j'ai tellement eu peur de te perdre dit - il en s'approchant de moi

J'essaye de me lever encore plus vite mais je n'y arrive pas. Il approche et il faut que je m'enfuie loin de lui. Il faut que je me réveille de ce cauchemar. Ma vrai vie m'attend avec mes enfants et mon maris dans l'immeuble d'en face sans lui. Je finis par lâcher un cri, le cri de mon désespoir. 

- Non ! hurle - je. Laissez moi partir, laissez - moi !

- Mais Maya, c'est moi répondit - il paniquée. Qu'est - ce qui se passe ?

- Non, non, non ! Je veux retourner avec mes enfants. Rendez - moi mes enfants dis - je en pleure 

- Quels enfants ? Maya, explique moi je t'en supplie 

- Laissez - moi partir je vous en supplie. Laissez - moi partir !!!

Soudainement, la porte s'ouvre et j'aperçois plusieurs personnes en blouse blanche entrer.

- Monsieur, qu'est - ce qui se passe ? demande l'un d'eux.

- Je sais pas, je comprend pas. Elle vient de se réveiller et dit des choses incohérentes. 

L'infirmier se retourne rapidement vers moi. 

- Madame, calmez - vous. Je suis infirmier au sein de cet hôpital. Vous êtes hospitalisée depuis quelques heures. Personne ne vous veux du mal. Votre mari est présent également, vous voyez ?

- Non, non !!! Je veux me réveiller, c'est un cauchemar ! Je veux mes enfants et mon mari, je vous en supplie dis - je en pleure  

- Chérie, c'est moi ton mari : Lyam prononce - t il en posant ses mains sur les miennes.

À ce simple geste, tout en moi explose. 

- Lâches - moi !! Lâches - moi !! dis - je en hurlant. Ne m'approches pas, appelez mon mari !  

- Madame, calmez - vous dit l'une des infirmières présentes.

- Je veux mes enfants ! Où sont mes enfants ?!

- Calmez - vous madame ! Calmez - vous ...

Plusieurs infirmiers tentent maintenant de m'immobiliser mais je refuse. Je dois partir, ma famille doit me chercher. 

- Je vous en supplie, laissez - moi partir ! dis - je tout en me débattant 

- Madame, nous ne vous voulons pas de mal. Calmez - vous !!

- Non ! Je dois partir !! Je dois retrouver mes enfants. C'est un cauchemar, je vais me réveiller ! 

- Prend - la seringue, on doit l'immobiliser avec un sédatif dit l'un d'entre eux. 

D'un seul coup, je vois l'infirmier qui s'approche de moi avec une seringue. 

- Non ! Non ! Ne faites pas ça, lâchez - moi !!!

À peine ais - je prononcé ces mots que la sensation du liquide dans mes veines se fait sentir. Je me sens rapidement partir puis trou noir. 

Bip, bip, bip ...

J'émerge doucement de mon sommeil forcé. Triste de constater que je suis toujours au même endroit. Mais cette fois - ci, je suis seule et l'obscurité est tombée. Mon mari, mes enfants, l'immeuble d'en face : tout ça n'était alors qu'en réalité un rêve ? Pourtant, tout semblait si réel. C'est sûrement à cause de cela que c'est si dur pour moi d'accepter la réalité. Et si je retentais d'avoir une overdose, repartirais - je auprès d'eux ?

Toc, toc, toc 

La porte s'ouvre lentement et je reconnais l'une des infirmières présente toute à l'heure. 

- Vous êtes réveillée ! dit - elle d'un ton enjouée 

Je discerne un plateau remplit de plusieurs aliments. 

- Tenez manger ! Vous avez besoin de reprendre des forces.

- J'ai pas faim dis - je sèchement.

- Si vous ne mangez pas, vous n'irez pas mieux et vous ne pourrez pas partir d'ici.

- Partir d'ici pour aller où ? J'ai plus rien, vous comprenez pas ! Mes enfants, mon maris ils sont plus là !!

- Vos fils ? dit - elle surprise. Je sais que la perte d'un enfant est une épreuve très compliquée. Mais votre mari est toujours là et lui aussi est affecté par la mort du bébé 

Le bébé ? 

- Quel bébé ? dis - je perdue 

- Vous savez votre fils ...

- Mon fils est là ? dis - je subitement.

- Madame votre fils n'est plus. Vous vous souvenez ? Vous avez fait une fausse couche dû à l'overdose. 

- J'étais enceinte ? dis - je en touchant mon ventre.

Je sens alors les bandes autour de celui - ci. 

- Je comprends pas, vous n'êtes pas au courant ? dit - elle paniquée. Vous n'arrêtiez pas de parler de vos fils, je pensais que vous saviez. Je suis vraiment désolée ...

- Mon fils ...

Je suis restée là à pleurer cet enfant que je ne connais pas. Pendant combien de temps ? Je ne sais pas. Je pleure mon fils et je pleure mon châtiment. Il a réussi, j'abdique. Lyam m'a éloigné de toute personne pouvant me rendre heureuse; même de notre fils. Il a fait de moi un jouet dont lui seul à le plaisir de jouir et de briser. Je n'essaierais plus, j'abandonne tout espoir de liberté. Je suis condamnée : je suis son œuvre, je suis sa création.