Convalescence

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L'air frais du matin entre les arbres du parc le fit frissonner.
Son corps fumait presque, contraste entre la chaleur dégagée par son entraînement et la fraîcheur du vent.
Mais il s'en moquait.
Zoro s'était levé tôt pour pouvoir s'entraîner un maximum avant d'aller s'occuper du cuistot: il avait eu l'aval pour le sortir en fauteuil, et lui faire marcher un peu.
Car il avait la ferme intention d'être là pour ce fichu Sourcil merdique, et appliquer ainsi les conseils du médecin. À défaut d'une famille, de Robin ou Chopper, il s'occuperait de lui et le ramènerai au Sunny. Il ne savait pas encore trop comment, leur seul moyen de communication se limitait généralement à des insultes et des coups. Ce qui était impensable en l'état actuel des choses. Même s'il leur arrivait de passer des moments calmes ensemble, les rares mots échangés alors se comptaient sur les doigts de la main.

Encore deux jours.
Deux petits jours et ils devraient revenir à bord du Sunny. Shanks avait quitté l'île dans la nuit, mais il avait quand même réussi à le voir quelques instants : le Roux lui avait assuré que le Sunny était en route pour venir les récupérer.
Étrangement, il était soulagé que l'Empereur soit reparti. Il n'aimait pas se savoir entre des mains ennemies, même si elles les avaient sauvés, lui et Sanji.
Il n'arrivait pas à le cerner, il savait par Luffy que c'était lui qui lui avait donné son chapeau de paille et qu'il l'avait sauvé d'une mort certaine.
Et à priori, Shanks suivait de près leurs aventures car il avait posé pas mal de questions sur Luffy. L'Empereur avait même raconté quelques anecdotes sur la jeunesse de son capitaine et il avait bien senti qu'il tenait à lui pour une raison qu'il lui échappait.
Mais quand, entre deux choppes, Zoro avait commencé à demander pourquoi, le Roux s'était fait évasif et avait changé de sujet, déviant sur sa propre jeunesse à bord du Oro Jackson avec Gol D Roger.
Il n'avait pas insisté, sentant qu'il ne valait mieux pas le contrarier. Mais cela avait renforcé sa méfiance latente.
Dans quel camp Shanks naviguait-il ? Il n'oubliait pas qu'il avait fait plier la Marine lors de la Guerre au Sommet, forçant Sengoku à arrêter le combat et rendre aux pirates les corps d'Ace et Barbe Blanche pour leurs funérailles. Comment un vulgaire pirate, tout Empereur fut-il, pouvait-il imposer sa volonté à une haute instance de la Marine ?
Luffy, quant à lui, sera sans doute ravi d'avoir des nouvelles de son ancien protecteur.

Il se releva après sa 1000e pompe, s'étirant lentement en faisant rouler les muscles de son dos et ses épaules, et ramassa ses sabres posés sur l'arbre à côté de lui. Il passa la main sur son torse, là où ses côtes avaient été cassées, mais ne sentit aucune douleur. Bon gré, mal gré, il essayait de suivre les recommandations du doc et de ne pas forcer trop.
En attendant : tant qu'il n'avait pas mal, il continuerait.
Il devait encore repasser par le petit studio qu'on lui avait prêté depuis la veille au soir, dans un des bâtiments réservés au personnel avant d'aller à l'hôpital.
Le soleil avait déjà entamé sa course depuis un moment, le peu de nuages éparses annonçaient une journée globalement bonne. Le climat printanier de la petite île était agréable, surtout après le climat extravagant et surtout extrême de Punk Hazard.
Il déambula entre les arbres et se retrouva sur le rebord de la falaise, surplombant une magnifique plage au sable blanc avec l'océan à perte de vue.
Il ronchonna tout bas: il avait espéré ne pas s'être trompé et arriver directement à l'arrière du centre de soin. Mais d'évidence, la petite forêt en avait décidé autrement.

Il allait faire demi-tour quand son regard gris s'attarda sur les reflets argentés de la mer où il aperçut un poisson géant briser la surface avant de replonger dans une gerbe d'eau. Le scintillement du soleil matinal faisait étinceler de mille éclats les vagues, le bruit du ressac sur la plage résonnait doucement entrecoupé des rares piaulements des goélands.
Une idée germait lentement dans l'esprit du sabreur.
Le cuistot aimait l'océan. Combien de fois il l'avait surpris du regard, accoudé au bastingage, la clope au bec, en pleine contemplation pensive de cette étendue d'eau ? Des centaines, voire des milliers de fois....
Maintenant qu'il y réfléchissait, Sanji avait passé son enfance sur des bateaux... Enfin du moins, c'est ce qu'il supposait, ne connaissant pas bien les détails.
Mais il savait qu'il avait grandi sur le bateau-restaurant du Baratie. Rester à terre aussi longtemps n'était sans doute pas dans ses habitudes. Il avait vu nombre de marins souffrir du mal de terre passé une trop longue période sur le plancher des vaches.
La vue était belle, les arbres pouvaient les abriter du vent... peut-être que cela lui ferait du bien de venir ici, en plus de sentir l'air du large?
Peut-être même qu'ils pourraient descendre sur la plage en contrebas : il voyait le village pas si loin que ça à droite.
Cela ne devait pas être bien compliqué d'y aller, même pour lui.

Dans Les ombres, je te cherche.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant