Il avait froid.
Resserrant sa veste autour de lui, il frissonna.
Il passa sa main dans ses mèches blondes, perdu.
C'était le troisième couloir qu'il arpentait depuis son réveil.
Il reconnaissait cet endroit...
Il se pinça à nouveau, la griffure de ses ongles lui confirmant douloureusement que tout cela était bien réel.
Pour rien au monde il n'aurait imaginé y retourner un jour.
Le Château de son enfance.
Même s'il y avait un je ne sais quoi différent de son souvenir.Sanji arpenta un autre couloir grisâtre, aux murs en pavés terne et froid.
Puis encore un autre...
Et un autre...
De temps en temps apparaissait une double porte en bois, aux pentures en fer forgé finement ouvragé, mais toujours verrouillée quand il tentait de l'ouvrir.
Aucune décoration aux murs.
Aucune torche visible.
Il ne savait même pas d'où provenait la faible lueur sombre éclairant ses pas.Il reconnaissait l'endroit, sans le reconnaître... C'était assez perturbant.
Tout lui paraissait plus gris, plus grand, plus vide...
Comme hors du temps.
Et le silence ambiant, lourd et pesant, ne l'aidait pas.
Et il redoutait surtout les personnes qu'il était susceptible de rencontrer en ce lieu maudit.
Parfois, un grognement sourd résonnait sur les parois dans son dos, mais tout ce qu'il percevait en se retournant n'était qu'ombres et ténèbres flous.
Pas de traces d'être vivant, et à son grand soulagement, pas de tignasse rouge, verte ou bleue en vue.
Ou pire blonde!Il ne savait plus combien de couloirs, de portes ou d'intersections il avait parcouru...
Il frotta ses mains moites sur son pantalon, cherchant ses cigarettes sans les trouver et jura tout bas.
Ses déambulations aboutirent dans un cul-de-sac, devant une énième porte en bois et fer forgé, identique à toutes les autres.Il hésita : devait-il faire demi-tour ou abaisser la poignée... pour la trouver sûrement verrouillée comme toutes les autres.
Au fond de lui, quelque chose lui soufflait que ça ne serait pas le cas....
Alors ses doigts fins se posèrent sur le métal et avec un grincement assourdissant, le battant en bois glissa sur quelques centimètres.Le grognement animal se répercuta à nouveau dans son dos, semblant se rapprocher, lui provoquant un malaise intangible et inexpliqué.
Il se hâta d'ouvrir la porte, se faufilant à l'intérieur et refermant le loquet avant de s'appuyer contre le battant en bois.
Le silence prit aussitôt possession des lieux, le faisant douter de sa santé mentale, et l'aboiement étouffé qu'il avait cru entendre.Il observa alors la salle plongée dans la pénombre devant lui, une pauvre bougie posée sur une console à ses côtés peinait à éloigner les ténèbres des lieux.
Il n'était plus dans le château maudit de son enfance, mais bien dans son domaine à elle.
Il reconnaissait cette pièce pour y avoir été "amené" plusieurs fois dernièrement.Sur sa droite, encadrant une porte fermée, de lourdes tentures aux murs.
En face de lui, une cheminée éteinte, surplombée par un tableau dont il ne distinguait pas les détails, mais qui représentait une vieille masure devant une forêt épaisse, aussi arbres tordus et biscornus.
Sur sa gauche, un petit salon: deux fauteuils et un grand sofa devant une table basse, et encore deux lourdes tentures sur le mur derrière, encadrant une bibliothèque.Un mouvement accrocha son regard sur le sofa à demi plongé dans le noir.
Un sourd grondement lui parvint du canapé alors qu'il faisait un pas en avant, tentant de percer les ombres en plissant les yeux.- Repos, Tyndalos.
Le jeune cuisinier se figea.
Il la reconnu, comme un baume apaisant sur son cœur, un souvenir longtemps oublié.
La voix féminine, douce et impérieuse, familière, le fit frissonner, faisant remonter à la surface les souvenirs de la douleur de son corps après les séances de tortures, la douceur de ses paroles dans ses rêves, la délicatesse de ses caresses dans les ombres de son esprit.
Il n'y avait qu'elle pour le faire réagir ainsi.
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Dans Les ombres, je te cherche.
Fanfic"C'est moi qu'ils veulent" déclara Sanji, le visage sombre, les traits fatigués. Zoro raffermit sa prise sur son katana, surveillant l'ombre grandissante à ses pieds. Que pouvait-il faire contre un tel pouvoir? Quand les ombres se liguent pour captu...