Le soleil avait peine à percer ce matin, ses rayons éclairant difficilement la façade du bâtiment blanc en face de lui.
La température était fraîche, mais le personnel soignant qu'il croisait parlait d'une "brume maritime passagère"... quoique cela puisse être.
Zoro marchait d'un pas décidé, l'œil noir, fatigué de ses réveils à répétition pendant la nuit.
Il avait été incapable de se départir de cette sensation d'être observé à plusieurs reprises, mais ses investigations n'avaient rien donné.
C'étant rageant.
Il s'était donc décidé d'aller rejoindre Sanji dès le lever du jour et de dormir allègrement dans le fauteuil qu'il s'était approprié depuis presque une semaine...
Comme ça, il faisait deux pierres un coup : veiller sur le cuistot et rattraper son sommeil en attendant l'arrivée du Sunny.
Quand il arriva, Wulfgar finissait son inspection matinale et griffonnait quelque chose sur un grand bloc-notes qu'il raccrocha au pied du lit du cuistot.
Ce dernier était debout près du lit, renfilant sa chemise blanche, masquant rapidement son torse enroulé de bandages blancs.
- Ah, bonjour, Zoro. Ça tombe bien, je voulais te voir aussi avant votre départ demain, si je ne me trompe pas. Dernier check-up avant de vous refiler à votre médecin de bord ! On fait ça ici, ou je te trouve une chambre libre ?
Zoro interrogea son comparse d'un coup d'œil.
Le cuistot répondit en haussant les épaules, s'en moquant visiblement.
Leur vie sur le Sunny faisait qu'ils avaient l'habitude de mettre leur pudeur de côté quand la situation l'exigeait. Tous les deux s'étaient déjà suffisamment vu à moitié nu pour qu'ils ne s'en formalisent plus ni l'un ni l'autre.
Il retira donc son t-shirt et laissa le toubib officier, inspectant les larges traces bleuâtres virant au jaune sur le haut de son corps – ses côtes cassées le piquaient à peine sous les doigts glacés- puis l'estafilade toute fraiche de la veille sur son épaule.
- Bon. Malgré votre bain forcé d'hier, ça se remet bien. Cependant, pour l'un comme pour l'autre, interdiction de forcer la semaine qui vient. J'en toucherai un mot à votre médecin.
L'homme marqua un temps d'arrêt, les observant tous les deux, passant la main dans ses cheveux en bataille, comme hésitant.
Étonnement, ce fut Sanji qui creva l'abcès d'une voix atone:
- Crache le morceau, doc. On est des pirates, pas des enfants de chœur. Mes mains, je suppose ?
- Ton cas reste sensible. Elles retrouveront leur maniabilité seulement si tu évites de trop prendre appui ou serrer avec, surtout la droite. Il faudra continuer les exercices de renforcement. Et pour la cuisine – coup d'œil azur surpris–, fais-toi aider. Si tu les sollicites trop, alors ça sera fichu. Et si y'a un problème, quel qu'il soit, parles en ! Ordre du médecin !
Les deux hommes acquiescèrent, non sans mal, et Wulfgar quitta la chambre sous un silence pesant.Le jeune homme blond croisa les bras, tourna la tête vers lui, ses yeux bleus dardant des éclairs.
Il lui rendit son regard, haussa un sourcil, le défiant en silence : cet idiot pouvait bien penser ce qu'il voulait, tout ce qui lui importait, c'était de ramener à Luffy un cuistot en bon état. Il lui avait promis de revenir ensemble, il tiendrait sa promesse.
En attendant, il devait continuer à se faire une raison et laisser tomber le gros de son entrainement tant qu'ils ne seraient pas rentrés à bord. Il s'accommoderait avec Chopper ensuite..
- Pourquoi tu lui as dit, Cactus?
- Hu?
- Idiot, ne fait pas le malin avec moi.... La cuisine !
Il lui jeta un coup d'œil en coin : les fesses appuyées sur le lit, ses yeux bleus perçants braqué sur lui, son costard neuf tiré à quatre épingles, les mains bandées reposant sur ses bras croisés.
Il n'y avait pas la jovialité habituelle dans son intonation, mais un mélange acerbe de colère et d'autre chose... de la crainte ?
La vue des soldats hier aurait réveillé quelque chose ?
Ou s'inquiétait-il seulement d'avoir trop parlé au toubib ?
Il se contenta d'hausser les épaules pour lui faire comprendre qu'il n'avait rien fait de mal selon lui.
- C'est ton boulot... Et c'est un toubib...
- Et cela te donne tous les droits en ce qui me concerne ? Je suis assez grand pour m'occuper de moi tout seul!
- Ah, tu voulais devenir manchot ? J'peux t'arranger ça, Sourcil.
- ...
C'était un coup bas, mais il fallait lui remettre les idées en place.
Les conseils de Wulfgar lui revinrent en tête.
Retrouver sa routine, sa famille. Des repères familiers, une ambiance posée et aimante, des gens en qui il a confiance pour l'écouter.
Merde, il venait de faire tout le contraire.
Mais c'était ça leur normalité après tout, pas d'être tendre l'un envers l'autre.
Mais de pousser l'autre dans ses retranchements afin de se surpasser.
De se booster l'un l'autre.
Il devra parler à Robin dès qu'il le pourrait une fois à bord.
Elle était douée pour couter et percevoir le moindre détail.
- Pardon.
Quoi ?!
Avait-il bien entendu ou le cuistot venait-il bel et bien de s'excuser ?!
- Promets-moi une chose.
Il haussa un sourcil, se demandant quelle idiotie allait sortir de ces lèvres.
- Si la Marine me rattrape, ne mets pas les autres en danger et tues moi avant qu'ils ne m'emmènent.
- Ça n'arrivera pas.
- Zoro !
- ... C'est idiot et inutile, mais si tu y tiens, d'accord.
Etrangement, il lui sembla que les épaules s'affaissèrent légèrement, comme si un poids lui était enlevé ? Peut-être que cela l'aiderait à surmonter tout ça plus vite...
Même s'il ferait tout pour ne pas avoir à tenir cette promesse.
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Dans Les ombres, je te cherche.
Fanfiction"C'est moi qu'ils veulent" déclara Sanji, le visage sombre, les traits fatigués. Zoro raffermit sa prise sur son katana, surveillant l'ombre grandissante à ses pieds. Que pouvait-il faire contre un tel pouvoir? Quand les ombres se liguent pour captu...