Chapitre VI. Langue-de-Plomb et Deuxième tête

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James observa Benjamin. Après avoir prononcé cette phrase, l'Auror s'était tu, son regard perplexe fixant le vide. 

James ne savait quoi penser de l'entretien. Le nom du supposé chef du groupuscule de mages noirs ne lui disait rien. Beaucoup de noms de famille parmi les sorciers revenaient. Après tout, c'était une petite communauté. Il n'était pas rare que lorsqu'on lui parlait d'une nouvelle personne, il lui était facile de faire le rapprochement avec un élève de Poudlard, un enseignant, ou voire même une carte de Chocogrenouille. Mais dans ce cas-là, il n'avait jamais entendu le nom de Shafiq. Peut-être pourrait-il demander à Hugo, qui se vantait de posséder la quasi-totalité des innombrables cartes de Chocogrenouille, à quoi s'attendre avec le nom Shafiq. 

James fut sorti de ses pensées par le cliquetis signalant l'ouverture de la salle d'observation d'interrogatoire, où il se trouvait avec Harper. C'était Harry, il venait vraisemblablement de donner congé à Malefoy et il observait désormais son fils et son collègue d'un air grave.

-Décidément, Malefoy vient de faire considérablement avancer l'enquête. Il est désormais acquis que nous devons nous focaliser sur la piste des nostalgiques du régime de Voldemort. Et plus encore, nous devons retrouver ce Shafiq, lança-t-il. 

Benjamin acquiesça. 

-Harry, peut-être faudrait-t-il rappeler les groupes d'Auror qui sont sur des pistes qui ne nous intéressent plus. Peut-être même devrions-nous en laisser certains se reposer, je sens que les jours à venir vont être éprouvants. Shafiq, tu n'imagines même pas ce que ce nom représente chez ceux qui ont connu la première guerre ! avança Benjamin en baillant. 

-Tu as raison, mais je vais rester ici pour la nuit, je dormirai une heure ou deux dans mon bureau. James ? Nancy, Lily, Albus et ta mère doivent se faire un sang d'encre. Je te laisse retourner à la maison. Dis leur que tout va bien, mais tu ne pourras pas trop en dire sur l’enquête en cours …

Harry retroussa ses manches, et d’un geste sec, il pointe sa baguette en bois de houx sur le visage de James.

-Qu’est ce que ? s’indigna James, surpris.

-Je t’ai soumis à un sortilège de Langue-de-Plomb. Même si tu souhaites répondre aux questions de la tribu à la maison, tu en seras incapable. Benjamin ? Tu devrais aller dormir toi aussi, demain matin à la première heure, je te veux sur le pied de guerre.

 Les deux hochèrent la tête en signe d'acceptation et entreprirent de quitter la salle. 

-James, interpella Harry dans son dos. Tu as eu une nuit et une journée intenses. N'hésites pas à rester au lit demain matin. Nous allons passer la matinée à débattre sur la tournure à donner à l'enquête, et surtout, je vais rédiger les formulaires ce soir, voire même toute la nuit pour que Greengrass nous donne tout le champ de compétences nécessaire pour l'enquête. Il viendra au Bureau demain matin et nous allons passer du temps à essayer de le convaincre. Je passerai te récupérer à la maison quand tout sera bouclé, j'en profiterai pour déjeuner avec vous et je t'expliquerai ce qui aura été décidé demain. Bonne nuit James, embrasse tout le monde pour moi. 

Bien qu'il souhaitait rester avec son père, discuter encore et encore de ce qu'il avait entendu de l'interrogatoire, bien qu'il voulait plus que tout courir au département des archives pour effectuer toutes les recherches possibles sur Shafiq, James dut se résoudre à écouter son père. Voilà bientôt quarante-huit heures qu'il n'avait pas dormi, sa nuque était raide, ses paupières se fermaient d'elles même dès qu'il restait inactif et il avait de plus en plus l'impression que les pièces dans lesquelles ils se trouvaient n'avaient pas des murs « d'équerre » et que ceux-ci semblaient se refermer sur lui. Inquiet et conscient de ses impressions, il admit qu'il était bien trop fatigué et se retira vers l'atrium du Ministère, talonnant Benjamin Harper.

James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant