Chapitre X. Cinq coups frappés à la porte

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-Vous savez qu'Albus a envoyé une carte postale à Orlane Boot quand il était en France ? 

C'était la voix de Lily qui venait de briser la quiétude du repas, ce soir-là au 12 Square Grimmaurd. Harry et James étaient rentrés alors que le reste de la famille passait à table. Et, sans parler immédiatement de leur journée éprouvante et riche de nouvelles informations, les deux Aurors s’étaient détendus en famille. Cosy avait confectionné d'excellentes escalopes de dinde à la milanaise, et c’est en silence qu’ils les dégustèrent. Mais, au moment de passer au dessert -une tarte à la mélasse-, Harry avait répondu aux interrogations de Lily sur l’enquête. Bien que tout le monde s’accordait à dire que la résolution de l’affaire avançait, la perspective d’un Marek Shafiq revanchard et venu en Angleterre, terrifiait tout le monde. C’est ainsi que tous se réfugièrent dans un mutisme lourd de réflexions individuelles jusqu’à ce qu’ils aient fini leur dessert. Mais Lily avait repris la parole en premier, ayant visiblement patienté toute la journée pour réussir le moment où elle ferait son effet d’annonce. Albus, quant à lui, avait désormais les oreilles écarlates, il tentait de se justifier auprès de sa sœur, et jetait des coups d’oeil désespérés à sa famille, en quête d’un soutien :

 -Et alors ? Tu n'en envoies jamais à tes amis, des lettres ? Et puis comment le sais-tu ? 

-Tu écris un brouillon de ta lettre avant d'écrire à tes « amis », toi ? demanda Lily, les yeux pétillants de malice. Tu n’aurais jamais dû le laisser traîner, ce brouillon …

-Tu as encore fouillé dans mes affaires ! s'exclama Albus piégé. 

-Je voulais simplement t'emprunter une plume, si tu rangeais plus souvent ta chambre, ce ne serait pas arrivé. Ça n'a pas l'air de trop avancer ton affaire ! Et ça ne risque pas d'être mieux si tu as laissé la dernière phrase dans ton jet final. 

Albus, qui avait ouvert la bouche pour couper sa sœur, la referma instantanément, ses joues rosirent de plus belle et il baissa les yeux sur Lily, celle-ci, choquée d’avoir ainsi fait mouche, prit plus que jamais consistance et, d'une voix qu’elle rendit volontairement suraiguë, elle cita : 

-Une seule personne vous manque et tout est ... 

-ASSEZ ! vociféra Albus en se levant. Il observa un moment sa petite sœur d'un air furieux, puis adressa un regard de défi au reste de la tablée qui demeurait silencieuse. Explosant d’une rage intérieure, il sortit de la cuisine en claquant la porte. 

-Lily ! Tu es contente ? souffla Ginny d'un ton lourd de reproches. Ne viens pas te plaindre quand ils viendront t'embêter ? 

James, jusqu'ici perdu dans ses pensées releva instantanément la tête : 

-« Ils viendront » ? répéta-t-il interloqué. Je n'ai rien dit, moi. 

-Oh voyons, James, relaya Harry. Tu n’es pas un saint. Tu n’es jamais le dernier pour embêter ta sœur non plus.

 -C'est vrai, rajouta Nancy. Ta sœur m'a raconté les "blagues" que tu lui fais subir, c'est pas un super exemple venant d'un grand frère. 

-Alors, maintenant on me dresse mon procès ? Après la longue journée que je viens de passer ? Sur ce coup, c’est Lily qui a commencé. Et c’était vexant … Tu devrais laisser Albus tranquille avec ça. Il n'a pas besoin que l'on se moque de lui.

 -Laisser Albus tranquille ? Tu es sérieux James ? demanda Lily, le teint écarlate et les narines frémissantes. Tu es toujours le premier à lui casser les pieds. 

-Pas pour ça, Lily, je sais où sont les limites. 

Lorsqu'elle fit mine de s'éclaircir la gorge d'un air narquois, James ne tint plus. Et en un éclair, il se leva, et, comme son frère, se retira de la cuisine. Alors qu'il marchait en direction de sa chambre, et qu’il entendait les voix de Harry et Ginny gronder de plus en plus fort sur Lily, désormais, il s'attarda un instant sur le palier du deuxième étage. Par l'embrasure de la porte, il vit qu'Albus avait laissé la lumière allumée. Saisi d'une idée soudaine, et il faut le dire, inquiet pour son frère cadet. Il s'approcha et cogna cinq coups à la porte. Les cinq coups avaient été instaurés dans leur enfance. James dormait au troisième étage,juste au-dessus d'Albus qui dormait au second. Les deux enfants avaient l'habitude de se retrouver dans la cuisine et de commander une collation tard dans la nuit à Kreattur, leur vieil elfe de l'époque qui était particulièrement attentionné envers eux. Un jour, peu avant la première année de James, ils s'étaient aventurés jusqu'au bureau de Harry au quatrième étage, non loin de la chambre qu'il partageait avec Ginny. Cette expédition s'était révélée fructueuse, les deux enfants avaient découvert un bien étrange morceau de parchemin ainsi qu'une mystérieuse étoffe de tissu. Lorsque James passa l'étoffe sur ses épaules, Albus avait blêmi avant de comprendre que la disparition du corps de son frère s'expliquait par le morceau de tissu qui était en fait une cape d'invisibilité. James avait également souhaité garder le morceau de parchemin, car, malgré son aspect des plus banals, celui-ci l'intriguait. Et quelques minutes plus tard, il eut confirmation qu’il avait bien fait de garder ce parchemin. En effet, lorsqu'il écrivit son nom : « James Potter », un message de réponse apparut : 

James Sirius Potter : L'Aîné - Saison 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant