Chapitre 4 : Retour sur Terre

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"Hé toi, Qu'est-ce que tu t'imagines?

Je suis aussi vorace. Aussi vivante que toi"

Installée confortablement dans ma voiture. Clara Luciani reprend, en solo cette fois, là où elle s'était arrêtée deux jours plus tôt. Je me sens beaucoup plus légère, j'ai enfin pu annoncer la nouvelle. Et même si tout le monde a eu l'air d'avoir choisi aussi ce week-end pour y aller de son scoop, je suis super heureuse de l'accueil que tous les Wagner's m'ont réservé. J'ai bien senti que pour beaucoup, avec ce projet signé entre moi et l'eurométropole strasbourgeoise, j'ai changé de statut. En un week-End je me suis transformée en papillon, et je suis devenue, aux yeux de tous, une femme d'affaire, une artiste reconnue et accomplie. Je quitte enfin le monde de l'enfance pour m'engager les bras ouverts dans mon futur et la route que j'emprunte pour y accéder est magnifique.

Le retour sur Strasbourg se passe comme prévu et même si je sais qu'une montagne de travail m'attend déjà, je souris. Le projet est enthousiasmant mais nécessite un engagement plein et entier. La jeune architecte que je suis, sait bien qu'il sera ma carte de visite pour le futur.

A peine rentrée, je comprends que mon chat Moustache me fait la gueule. Un week end laissé seul, je vais le payer cher et ce pendant plusieurs jours. Surtout que d'habitude il vient lui aussi à Obernai chez les grands parents d'Alice. Mais là, lors des Wagner's Day, trop de monde était prévu et je sais que mon chat n'est pas fan de la foule.

Il a hérité de ce nom de Moustache à cause de sa dégaine d'aristocrate anglais et surtout parce que les poils qui composent ses fines moustaches s'enroulent aux extrémités, lui donnant un air britannique évident. Il est sûrement parti se cacher sous le buffet du salon et ne réapparaîtra que pour venir manger.

Les prochaines semaines, on peut même parler en mois, vont être, certes, remplies de beaucoup de joie et de bonheur mais aussi de stress et de travail intensif. Je ai même prévenu ma grand-mère que les week-end à venir, je ne pourrais sûrement pas passer à Obernai.

"Mais c'est pas grave ma biche !! Il nous reste toujours le téléphone" me rassure Nicole.

"Oui plein plein !" Car j'ai trop besoin de ma grand-mère pour faire s'éterniser ses moments de joies et faire fuir les doutes .

Mais pour l'heure, il faut se mettre au travail et d'ailleurs dès le lendemain du week-end des Wagner's days, je dois partir pour Paris à la rencontre d'un important fournisseur. Car même si j'ai des partenaires possibles en Asie pour des tarifs défiant toutes concurrences, je veux voir la marchandise avant de valider mes commandes et en plus, le temps me manque pour prendre le risque d'un problème avec des fournisseurs si lointain. Je veux aussi tout manipuler pour comprendre leur fonctionnement et faire certains essais.

Et ça tombe bien, j'ai justement pu avoir un rendez-vous pour demain avec une entreprise spécialisée dans la technologie de la LED. Je me sens chanceuse car il propose, dans son catalogue, la plupart de ce dont elle à besoin : Lumiere fixe, guirlande interminable et dans toutes les couleurs et même des structures à suspendre. Quoi de mieux ? Je n'ai plus qu'à faire mes courses et piocher ça et là dans tout ce choix.

Prendre mon billet pour un départ le lendemain, lundi matin, c'est la dernière chose que j'ai faite avant de m'effondrer dans mon lit. Le week-end, même si très satisfaisant, a été très éprouvant pour moi. Mais quel week-end ! C'est ma dernière pensée en fermant les yeux vers la direction d'une nuit sans rêve.

Et c'est effectivement d'une traite que le sommeil réparateur m'entraîne vers les rivages du lendemain. A mon réveil, Moustache semble toujours être dans les mêmes dispositions. Comme à chaque fois qu'il boude, il a soigneusement mis sur le sol les croquettes de la petite gamelle portant son nom. Mais je ne suis pas d'humeur à entrer en négociation avec cette boule de poils mal lunée.

"On se revoit demain et on parlera de tout cela Moustache". Je lui dis cela en montrant du doigt les croquettes qui jonchent le sol.

"Je suis désolée pépère mais ici c'est encore chez moi et donc JE fait la loi !".

C'est les derniers mots que je dis à mon chat avant de fermer la porte.

Une notification sur mon portable m'indique que le Uber, commandé pendant mon petit déjeuner, est déjà là qui m'attend.

Effectivement, la grande berline hybride de chez Toyota est garée en bas de chez moi le coffre déjà ouvert. Je descends quatre à quatre les quelques marches, dépose ma petite valise bleue métallisée dans la voiture et m'installe à l'arrière du véhicule. Cette derniere démarre sans un bruit et m'amène à la gare sans que je n'aie le temps de peaufiner mon maquillage. Tant pis ! Je finirais ça dans le train.

Une fois le quai franchi et la place 31 dans la voiture 12 trouvé, Je m'installe, m'assois et souffle enfin. La place à côté de moi reste vacante durant tout le trajet et j'en suis plutôt soulagée. Car même si je suis du genre social d'habitude, aujourd'hui il fallait que je me concentre sur mon rendez-vous. A ce moment-là, je suis encore heureuse et je me réjouis d'aller à Paris.

Mais la capitale réserve parfois des surprises, rien ne se passe comme prévu. Vraiment rien ! Ce séjour bien que très bref fait basculer la jeune femme dans l'effroi absolue. Elle qui était pourtant si enthousiaste à l'aller...

Destins CroisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant