Miss Poe Edogawa

4 : Grand-père

    Il avait fini par réussir à la rassurer, en lui disant que maintenant le petit garçon était devenu un adulte heureux et épanoui. Maintenant, il devait la présenter à celui qu'il considérait comme son père, le patron de l'agence, le chef des détectives, Yukichi Fukuzawa.

Il l'avait emmenée devant son bureau, et il essayait de la rassurer, encore une fois, car elle stressait un peu à l'idée de le rencontrer. Il la convainquit finalement, et il ouvrit la porte brusquement, faisant sursauter Tp.

-Patron ! J'ai une grande nouvelle à vous annoncer !

Il la poussa à l'intérieur de la pièce. Il ne laissa pas le temps à Fukuzawa de répondre, il dit :

-Vas-y, Tp, dis bonjour.

Puis il lui chuchota dans le creux de l'oreille :

-Il n'en a pas l'air, mais il est gentil. Et en plus, il ne te mangera pas.

Sa dernière phrase fit sourire la brune. Elle s'inclina, comme on le lui avait appris.

-Je m'appelle Tp. Enchantée de faire votre connaissance.

L'homme aux cheveux d'argent haussa un sourcil.

-Ranpo, pourquoi est-ce que tu me la présentes ?

Sa voix était rauque et il avait posé les documents qu'il était en train de lire, avant leur entrée fracassante. Le jeune père fit un sourire malicieux.

-C'est ma fille.

Fukuzawa, qui venait de prendre une gorgée de thé, la recracha. Il s'étouffa.

-J'ai fait quelque chose de mal ? demanda Tp

-Mais non, t'inquiète. Il est juste émotif. Après tout, il vient d'apprendre qu'il était grand-père.

-Grand-père ?

Ses yeux s'illuminèrent et elle s'inclina de nouveau devant l'homme au kimono.

-Enchantée de faire votre connaissance, grand-père.

Si Ranpo éclata de rire, les paroles de la jeune fille firent s'étouffer encore plus l'homme quarantenaire, qui venait de reprendre un peu de thé pour faire passer sa toux.

-Ça ne va pas, grand-père ?

Ranpo s'approcha de Fukuzawa et lui tapota un peu le dos pour lui faire recracher le thé qui était passé de travers. Il essuya une larme de rire.

-Arrête de l'appeler "grand-père". Il n'est pas habitué.

-D'accord.

Une fois que la toux de Fukuzawa fut passée, il se rassit confortablement sur sa chaise, réfléchissant à propos de l'adolescente. Ranpo revint aux côtés de sa fille, lui tapotant légèrement la tête, qui eut pour effet de la faire rougir un peu. Il sourit en voyant son expression, se disant qu'elle était mignonne.

Il prit enfin la parole :

-Comment ?

-C'est compliqué et long à expliquer... Mais j'ai une fille ! Elle est mignonne, hein ?

-Ranpo, ce n'est pas le problème. Regarde-la, elle a quasiment la moitié de ton âge.

Il s'immobilisa.

-Ah ça... C'est à cause de son pouvoir. Elle n'a même pas un an.

Et il recommença à lui tapoter la tête, sous le regard de son patron.

-Son... Pouvoir, tu dis ?

Il hocha la tête.

-Oui. Mais ça aussi, c'est compliqué à expliquer.

En voyant Fukuzawa plongé en pleine réflexion, il décida de le laisser digérer la nouvelle et prit la main de sa fille.

-Allez, viens, je vais te présenter correctement les autres !

Il l'entraîna jusque dans la salle où se trouvaient les bureaux des détectives. Il l'amena ensuite devant un homme aux cheveux blancs, qui se rapprochaient de l'argent.

-Voilà Atsushi !

-Bonjour.

Elle s'inclina devant lui.

-Enchantée de vous rencontrer.

-Moi de...

Il ne le laissa pas finir, et il emmena sa fille vers ses différents collègues. À chaque fois, la même chose se passait : il présentait le détective, elle disait bonjour en s'inclinant et ils partaient sans laisser répondre la personne en face d'eux.

Quand ils eurent fini, il la laissa s'asseoir à son bureau. Il sortit son coffre, l'ouvrit et lui offra un paquet. Elle le prit timidement et l'ouvrit.

-Tu n'as pas vu tout le monde. Il reste Naomi, qui est en cours et Dazai, qui.... est occupé.

Son visage s'assombrit quand il prononça le nom de ce dernier. Il ne lui avait toujours pas pardonné ce qu'il avait fait à sa fille. Son visage fit rapidement réapparaître son sourire.

-Mais bon, ce n'est pas grave ! Tu veux faire quelque chose ?

Elle hésita, avant de prendre une inspiration.

-Est-ce que...

-Oui, vas-y.

Elle leva la tête pour le regarder dans les yeux, ses mèches se décalant légèrement pour qu'il puisse voir ses yeux.

-Est-ce que je pourrais rentrer à la maison...?